La Coordination rurale des Ardennes s'est rassemblée en pleine nuit, à Rethel. Á 03h00, le coup d'envoi a été donné pour rallier le Salon de l'agriculture, qui devait ouvrir ce samedi 24 février à Paris. Mais des manifestations qui ont éclaté à l'intérieur ont retardé l'ouverture de celui-ci.
Ils ont eu ce qu'ils voulaient : placer la 60e édition du Salon de l'agriculture sous le sceau de la tension. Plusieurs dizaines d'agriculteurs et d'agricultrices ont procédé à un rassemblement, en pleine nuit, à Rethel (Ardennes). Sur leurs têtes, beaucoup portent la casquette jaune fluo de la Coordination rurale afin d'afficher leurs revendications.
Il s'agit d'un syndicat agricole moins connu du grand public que la puissante Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Adepte des opérations coup de poing, la Coordination rurale a affrété un bus pour arriver à Paris à 05h30, ce samedi 24 février 2024, jour d'ouverture du Salon de l'agriculture. En vue d'une action téméraire.
À partir de 07h15, les 47 agriculteurs et agricultrices en colère (et frissonnant dans le froid de l'aube de ce mois de février) ont commencé à réfléchir à un moyen d'entrer. En observant les issues permettant de leur donner l'accès. L'objectif était d'y rentrer par petits groupes isolés en se faisant passer pour des exposants (ils ne sont pas les seuls à avoir eu l'idée) dont l'entrée venait d'ouvrir.
Jets d'oeufs
C'est chose faite à 08h10. Les vigiles se sont fait berner, puis dépasser par le nombre. Les journalistes de France 3 Champagne-Ardenne, qui suivaient le déplacement, ont été témoins, à l'intérieur du Salon, de sifflets et de quolibets à partir de 08h20, alors que le président de la République était attendu pour l'ouverture.
Comme vous pouvez le voir, Macron est bien accueilli.
Carine Renaudin, agricultrice et membre de la Coordination rurale des Ardennes
Carine Renaudin, agricultrice et organisatrice du convoi ardennais, aurait dû participer au débat voulu par le président de la République (depuis annulé, c'était aussi le cas d'Adrien Lefèvre, éleveur laitier que nous avions interrogé la veille). Au micro de notre reporter Joffrey Tridon, l'organisatrice déclare avoir "essayé de rentrer avant l'ouverture, pour accueillir Macron. Comme vous pouvez le voir, il est bien accueilli. On a des sifflets et des bonnets jaunes. Et voilà que les CRS s'excitent et le protègent... On entend beaucoup de 'Macron démission'. Il y a de la colère."
C'était l'unique occasion pour eux de pouvoir approcher du président et d'échanger avec lui. "On aimerait bien le voir", souffle Alexis Cugnet, un agriculteur du département qui attend depuis un moment. Il regrette "les paroles en l'air" présidentielles.
Des CRS ont été déployés pour tenter de canaliser la foule et le désordre. Des oeufs ont pu être jetés. À 10h00, on apprenait auprès de l'organisation du Salon de l'agriculture que "dans le contexte actuel, les conditions ne sont pas réunies pour que nous puissions ouvrir les portes aux visiteurs sereinement". Ainsi, l'ouverture est "retardée", et ce jusqu'à nouvel ordre.
C'est à 11h00 qu'on a appris que l'ouverture avait finalement eu lieu. Elle ne concerne toutefois pas le pavillon 1, qui "ouvrira ultérieurement en fonction de la situation" (ce qui est finalement arrivé vers 13h30). Il y a sept pavillons (certains sont sur deux niveaux). Le premier est le plus grand et accueille les professionnels du monde de l'élevage bovin, porcin, caprin, et ovin.
À partir de là, Emmanuel Macron est présent sur place et participe à des échanges tendus avec les membres du monde agricole qui l'apostrophent. Il a finalement procédé à l'inauguration en début d'après-midi, malgré les huées.