Dans les Ardennes, Lionel Vuibert, député sortant de la majorité présidentielle, a été battu par le Rassemblement national au second tour des législatives 2024. Il se dit "très triste" du résultat dans sa circonscription mais "mobilisé pour à nouveau retourner au combat" si nécessaire.
En Champagne-Ardenne, onze députés sortants sur treize ont été reconduits à l'issue du second tour des élections législatives anticipées de juin et juillet 2024. Mais deux élus doivent donc céder leur place.
C'est le cas de Lionel Vuibert, député de la première circonscription des Ardennes, qui siégeait au sein du groupe Renaissance de la majorité présidentielle à l'Assemblée. Le candidat du Rassemblement national, Flavien Termet, l'a largement devancé avec 53,0% des voix au second tour. C'est la première fois que le RN remporte un siège de député dans les Ardennes.
Au lendemain de sa défaite, Lionel Vuibert a bien voulu répondre à nos questions. "Je suis évidemment très triste que ma circonscription soit passée aux mains du Rassemblement national", nous explique-t-il. En 2022, il s'était imposé au second tour avec une très courte avance de 198 voix, déjà contre le RN, alors représenté par Lionel Richard.
Au vu des résultats du premier tour, le 30 juin dernier, il avait peu d'espoir de réussir à renverser la situation. Cette circonscription, qui comporte notamment une partie de Charleville-Mézières et Rethel, a longtemps été représentée par Bérangère Poletti, élue Les Républicains.
En 2024, la candidate LR, Sabine Misset, n'a obtenu que 3,8% des voix. Elle était devancée par un candidat d'extrême droite, Christian Charvet, qui a entretenu la confusion avec le candidat "officiel" du Rassemblement national en affichant lui aussi le logo du parti de Marine Le Pen sur ses affiches et bulletins de vote.
Si Lionel Vuibert aurait évidemment souhaité pouvoir prolonger son mandat, il explique avoir obtenu en deux ans d'exercice plusieurs résultats pour sa circonscription. Il cite notamment "la pérennisation du troisième régiment d'infanterie à Charleville", l'installation d'"une gendarmerie fixe à Auvilliers-les-Forges et une gendarmerie mobile sur le département", "des juges en plus au tribunal à Charleville".
Il ajoute qu'il avait négocié un "contrat de territoire" avec le Premier ministre. Baptisé Nouvelle ambition Ardennes, il devait être annoncé en septembre. "Je ne sais pas ce qu'il va devenir", glisse-t-il.
Je crois que pendant deux ans, j'ai été extrêmement actif. J'ai fait tout ce que je pouvais pour mon territoire.
Lionel Vuibert, député sortant battu
"Mon regret est de ne pas pouvoir poursuivre ça. Je suis assez peu intéressé par la politique politicienne. Je me qualifie comme un homme raisonnable en politique et raisonné. Mon engagement, c'est pour mon territoire, donc c'est dommage que ça s'arrête là", ajoute-t-il.
"La politique ne doit surtout jamais être un métier, ça doit rester une fonction qu'on occupe à un moment donné. J'estime qu'il faut faire de la politique d'abord quand on a un peu de recul sur la vie, une expérience professionnelle", assure Lionel Vuibert. Une pique destinée sans aucun doute à son adversaire du RN, Flavien Termet, âgé de 22 ans tout juste, qui est le benjamin de la nouvelle Assemblée.
Il compte retrouver son emploi
Avant de devenir député, Lionel Vuibert était délégué général de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie. Suite à son élection en 2022, son contrat de travail a été suspendu, comme le permet la loi. "On va voir comment je peux faire en sorte de collaborer de nouveau avec eux ou trouver le moyen de rebondir ailleurs. Je suis ouvert à tout. Mais je n'ai pas envie de rester inactif", assure l'ancien député.
Sa défaite au second tour le prive évidemment de son indemnité parlementaire de 7 600 euros bruts mensuels. Mais comme il le glisse, "la politique n'a pas été une promotion pour moi à bien des égards".
Lionel Vuibert se dit "mobilisé pour à nouveau retourner au combat s'il devait y avoir une dissolution rapidement". Que ce soit en tant que candidat lui-même ou en soutien d'autres bonnes volontés "qui voudront faire obstacle aux populistes et aux extrêmes de tout poil".
J'ai l'envie, l'énergie, la combativité pour continuer. Ça fait huit fois que je passe au suffrage universel, c'est la première fois que je ne réussis pas à être élu, ça arrive. Ça fait partie de la vie politique. Pour autant, rien ne s'arrête.
Lionel Vuibert, député sortant battu
Lionel Vuibert est le fils de Michel Vuibert (ancien député) et Noëlle Vuibert qui ont été successivement maires du village de Faissault. Lui-même a dirigé la commune pendant quinze ans avant son entrée au Palais Bourbon, interdiction du cumul des mandats oblige.
Il en est toujours conseiller municipal. Il est aussi conseiller départemental dans le canton de Signy-l'Abbaye, aux côtés de Mélanie Lesieur. Des mandats qu'il compte bien continuer à exercer. Il n'exclut pas d'être de nouveau candidat pour exercer le mandat de maire, lors des élections de 2026. "Je verrai ce que je décide de faire. Je peux me présenter à Faissault, comme ailleurs."
Il glisse toutefois n'avoir "pas de plan de carrière en politique". "Je rappelle qu'en 2022, on est venu me chercher et j'ai été candidat trois semaines avant l'élection, j'étais le dernier à me déclarer".
"J'accepte tout à fait le verdict des urnes, même si ça me rend malheureux pour ma circonscription, assure-t-il concernant les résultats de dimanche soir. On n'a peut-être pas suffisamment valorisé le travail qu'on a fait, c'est comme ça. "
Nous avons également sollicité l'autre député sortant de Champagne-Ardenne, battu au soir du second tour. Il s'agit d'Éric Girardin, élu Renaissance dans la troisième circonscription de la Marne. Nous n'avons pas reçu de réponse de sa part avant la publication de cet article.