Une enquête du "Parisien" a révélé à la fin du mois d'août que le département des Ardennes perdait chaque année un tiers de son eau potable à cause de ses canalisations vétustes. À Sedan, d'onéreux travaux visent à réduire ce gaspillage.
Servez-vous trois verres d'eau au robinet. Puis jetez en un en l'air. Vous venez d'illustrer de manière très démonstrative un enjeu crucial qui touche le département des Ardennes.
En effet, une enquête du Parisien a révélé le 21 août 2022 que les Ardennes faisaient partie des départements où le réseau d'eau potable subit le plus de pertes en France. Ainsi, chaque année, 31% du précieux liquide n'arrive jamais au robinet, perdus dans des canalisations vétustes.
Il est urgent d'agir, surtout quand le très chaud été 2022 a vu le nombre de sécheresses se multiplier. Mais les travaux de rénovation coûtent cher pour juguler ces fuites.
Sedan montre l'exemple
Plus connue pour son vieux château que pour ses vieux tuyaux, la municipalité sedanaise a décidé de prendre le problème à bras le corps. Et remplace petit à petit ses antédiluviens tuyaux de fonte (parfois centenaires). Un travail de longue haleine : pour alimenter 40.000 foyers, Ardennes Métropole (qui finance les travaux) dispose de 1.247 kilomètres de tuyaux. Soit la distance Reims-Varsovie...
France 3 Champagne-Ardenne a rencontré Tristan Joly, responsable du chantier. Il lui a fallu éventrer trottoirs et chaussée à la pelleteuse. "On vient de tomber sur un tuyau d'assainissement qui est assez vieux." Ce dernier est tout rouillé. "Un jour, il va casser, c'est sûr."
Le remplacement de ces tuyaux par de nouveaux (eux aussi en fonte, mais bien plus résistante) va coûter 90.000 euros. Un sacré investissement, qui risque de se répercuter sur le prix de l'eau du robinet, tant les coûts des matériaux et des énergies s'envolent.
Ces nouvelles canalisations sont fabriquées en France. Pas très loin d'ailleurs, plus précisément à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle, voir la localisation sur la carte ci-dessous).
Un nouveau réseau d'eau qui devrait durer, comme l'explique Patrice Thomas, directeur technique. "Ça devrait mieux endurer les problématiques de rétractation des sols qu'on est condamné à subir dorénavant [action de la sécheresse délétère sur les sols; ndlr]. On voit sur les anciens modèles de fonte ou de PVC [polychlorure de vinyle, la matière des tuyaux des années 60; ndlr] qu'on a énormément de casse à gérer [en été]. Presque plus que ce que nous avions jadis dans les hivers rigoureux au moment du dégel." Le plan de rénovation prévu par la métropole doit durer trois bonnes années.