Un couple ainsi que ses enfants et petits-enfants venus d'Ukraine se sont installés, non loin de Sedan, dans les Ardennes. Ils ont rejoint Euilly-et-Lombut après un long périple à travers l'Europe, chassés par la guerre.
A six kilomètres de Mouzon, Euilly-et-Lombut est une commune rurale de l'arrondissement de Sedan, dans les Ardennes. Le village, qui ne comptait qu'une centaine d'âmes, accueille aujourd'hui de nouveaux habitants. Ils viennent de loin. Ils ont fui la guerre qui ravage leur pays, l'Ukraine. Un couple et ses deux enfants de 15 et 19 ans ont été rejoints par leur fille et son mari, accompagnés de quatre garçons, leurs petits-enfants de un, trois, cinq et sept ans.
Après l'appel que j'ai lancé, tout le monde leur apporte des vêtements, des matelas, de la nourriture. C'est énorme !
Daniel Dozières, maire d'Euilly-et-Lombut
Le couple a quitté Donetsk, dans la région séparatiste du Donbass, avant le déclenchement de l'offensive russe dans leur pays. Le chef de famille y était mineur. Ce n'est pas un hasard s'ils ont rejoint le département des Ardennes. Certains de leurs ancêtres avaient une maison dans le petit village d'Euilly-et-Lombut. Ils viennent de s'y réfugier. Autour d'eux, on se mobilise.
Enorme élan de générosité
Depuis que la famille s'est fait connaître à la mairie du village, un élan de solidarité s'est mis en place. Le maire, Daniel Dozières, élu depuis 1995, n'en revient pas. "Mon téléphone n'arrête pas de sonner, y compris des villages alentours. Après l'appel aux dons que j'ai lancé, tout le monde leur apporte des vêtements, des matelas, de la nourriture. C'est énorme ! Leur grand problème, c'est qu'ils ont peu de réserve de fioul. Je fais appel aux distributeurs. Il faut qu'ils puissent se chauffer. Ils ont de très jeunes enfants."
Nous sommes très reconnaissants à la France, au village.
Tania, réfugiée ukrainienne
Pas question de rester indifférent ! Lauriane Grégoire habite le village et c'est la seconde fois qu'elle vient frapper à leur porte. "Je leur apporte ce dont une famille a besoin, des vêtements, des produits d'hygiène, des denrées alimentaires et des petits plaisirs pour les enfants. C'est entièrement normal, dit-elle. On aimerait bien en recevoir autant. C'est très touchant ce qui arrive. Je ne comprends pas, en 2022, qu'on puisse faire la guerre".
Souriants malgré tout
"Nous sommes très reconnaissants à la France, au village. Nous remercions Dieu de nous avoir sauvé la vie, et nous prions pour que la guerre finisse partout sur notre territoire", explique la grand-mère, Tania, dans un français encore très hésitant.
Je ne comprends pas, en 2022, qu'on puisse faire la guerre.
Lauriane Grégoire, habitante d'Euilly-et-Lombut
Tania, son époux Oleh et ses deux fils ont quitté Donetsk, où ils vivaient, à bord d'une vieille Lada de 1985. Plaque de Mercedes et volant de Triumph, la voiture a tenu bon pour le périple, qui a duré une semaine. Leur fille, son mari et leurs quatre jeunes enfants, de un à sept ans, sont depuis arrivés de Kiev. Ils sont restés bloqués quatre jours à la frontière polonaise.
Ils sont aujourd'hui réunis et vivants. C'est pour cela, et aussi touchés par l'accueil qui leur est réservé dans le petit village d'Euilly-et-Lombut qu'ils sont souriants. "Ils veulent rester définitivement en France", dit le maire de la commune.
Les Ardennais se souviennent
Les Ardennais n'ont pas oublié les tragiques événements de mai 1940. Cette année-là, des dizaines de milliers d'habitants ont dû fuir le département pour se réfugier en Vendée. Ils savent ce que solidarité veut dire. Face au drame qui se déroule actuellement en Ukraine, le Conseil départemental et Habitat 08 sont mobilisés. Ils vont pouvoir proposer à des familles de réfugiés une dizaine d'appartements. Des associations locales veilleront à meubler et équiper ces logements.