Professeur d'histoire-géographie à la Réunion, Mickael Pinot cherche à retracer le parcours son grand-père, engagé dans la Résistance, passé par Sedan en 1943.
Une bouteille à la mer. Mickael Pinot enseigne l'histoire-géographie sur l'île de la Réunion depuis 15 ans. En faisant le tri dans ses affaires, il a retrouvé une lettre de sa grande-tante, avec un article de journal daté du 29 juin 1995, dans lequel son grand-père lançait, 25 ans avant lui, une première bouteille à la mer.
Jean Pinot raconte que, originaire de la Vienne, il s'engage dans la Résistance dès son refus de partir pour le STO, le service de travail obligatoire en mars 1943. Il se rend dans les Ardennes. Deux mois plus tard, c'est plus précisément à l'église de Torcy, à Sedan, qu'il est mis en relation avec une jeune femme "qui lui a sauvé la vie". Seul souvenir de cette rencontre, une photo en noir et blanc, où l'on voit une "une jeune fille qui devait avoir 20 ans" aux lunettes rondes, vêtue d'un tailleur noir. "Je ne sais pas du tout pourquoi il s'est retrouvé dans les Ardennes, concède Mickael Pinot. Dans l'article, il dit juste qu'il est allé dans les Ardennes pour intégrer un réseau de résistants. Mais je ne sais pas pourquoi."
Résistant pdt la Seconde Guerre mondiale, mon grand-père a été sauvé en 1943 par une jeune femme qu’il a recherchée toute sa vie. Cela fait un bout de temps que je pense à utiliser Twitter pour résoudre cette quête qu’il n’a pu résoudre puisqu’il est décédé en 2002...??RT svp pic.twitter.com/Vob69bOVW6
— MP 974????✈️ (@Mp97440) January 31, 2021
Une photo sans nom, ni prénom
C'est justement pour répondre à cette question que l'enseignant aimerait retrouver la famille de la Résistante. Et sa casquette de professeur n'est jamais très loin. "La Résistance était un milieu très masculin, même si quelques femmes étaient engagées, rappelle-t-il. Mais pourquoi elle s'est engagée ? Les femmes n'avaient pas les mêmes motivations que les hommes. De leur côté, certains s'étaient engagés pour échapper au STO, mais les femmes n'étaient pas mobilisées, donc elles avaient d'autres motivations."
J'aimerais reconstituer l'histoire, savoir pourquoi il est parti là-bas, ce qu'il y a fait, quel réseau il a intégré…
Pour le moment, Mickael Pinot en sait très peu sur la jeune femme ainsi que sur le rôle qu'a eu son grand-père durant la Résistance. "Mon père avait déjà entendu parler de cette histoire, mais il n'a pas d'autre information, souligne le Réunionais d'adoption. Il sait juste que mon grand-père voulait la retrouver ardemment. Plusieurs fois, il disait qu'il n'avait pas de nouvelles mais qu'il souhaitait la retrouver avant de mourir en 2002."
De la Vienne aux Ardennes
L'article publié il y a 25 ans laisse effectivement peu d'indices à ce sujet. "Mars 1943 : je dois partir pour l'Allemagne ! Pas question ! Je me rends dans les Ardennes où la Résistance s'organise à Sedan", racontait alors Jean Pinot, sans plus de détails sur ses motivations et la raison de son déplacement à Sedan. On y apprend que le Résistant était recherché par les Allemands qui possédaient une photo de lui. Il s'enfuit grâce à la jeune femme, qui le "prend en charge" à l'Eglise de Torcy. Elle le guide à vélo jusqu'à Bouillon, où il arrivera sain et sauf (ses camarades seront fusillés dans la cour de la prison de Charleville le 23 septembre 1943).
"Je ne connais ni son nom, ni son prénom. Elle non plus ne me connaissait pas. Elle m'avait remis deux photos. Et après tant d'années pendant lesquelles j'ai souvent pensé à elle, je serai heureux si je pouvais avoir de ses nouvelles", témoignait alors Jean Pinot, qui n'a malheureusement jamais pu retrouver sa sauveuse avec cet article de journal. Son petit-fils compte sur les partages des réseaux sociaux pour achever ce travail, et enfin trouver les réponses à ses questions.
Si vous disposez d'informations, vous pouvez le contacter sur Twitter ou sur cette adresse mail : mickaelpinot974@gmail.com.