Sedan : une centaine de personnes se mobilisent devant le collège Le Lac en soutien à un jeune Afghan expulsé

Une pétition est également en ligne et a recueilli plus de 1.000 signatures ce vendredi.

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Abasourdis. Au collège Le Lac de Sedan, élèves enseignants et personnel éducatif sont encore "sous le choc" de l'expulsion d'Elyas, ce vendredi 11 juin. Ce jeune Afghan, arrivé en France en septembre 2020, était scolarisé en 5ème dans le collège sedanais. Il a été emmené au centre de rétention administrative de Metz mercredi avec sa famille et ces derniers ont rejoint la Suède dès jeudi matin. "Cela faisait une semaine que je m'inquiétais, réagit Anne-Hélène Texier, son enseignante en français. Je ne pensais pas que ce serait aussi brutal." "On a à peine commencé à activer notre mobilisation, qu'Elyas était déjà à Metz, abonde sa professeur principale, Amandine Bécret. On ne pensait pas qu'il serait dans un avion dès le lendemain." Une pétition a également été mise en ligne, recueillant plus de 1.000 signatures ce vendredi.

La crainte pour d'autres élèves

Ce qui a le plus ému élèves et enseignants, c'est la manière dont Elyas a été arrêté mercredi. "Quelqu'un est venu le chercher en classe pour lui demander de le suivre. Il n'a même pas pu dire au revoir à ses camarades", regrette sa professeur de français. Le maire de Sedan (DVG), Didier Herbillon était également présent. Il se dit également extrêmement choqué de la manière dont l'adolescent a été convoqué, alors qu'il était dans sa classe mercredi. "L'émotion a été intense et je la comprends tout à fait, car il n'y a eu aucune communication. Il a été extirpé de sa classe, ce ne sont pas des méthodes, regrette l'édile. J'aurais ressenti la même chose. Un peu d'humanisme !" Lui-même ancien enseignant, il "considère que l'école doit être un lieu sacralisé. On ne peut pas faire ça dans une école, ça me choque beaucoup !" 

Surtout, la célérité de la procédure concernant Elyas fait craindre au corps enseignant que d'autres mineurs étrangers scolarisés dans l'établissement soient menacés. "Cette expulsion arrive dans un contexte très anxiogène", relève Anne-Hélène Texier. Mercredi, le chef de l'Etat a réuni plusieurs ministres pour réclamer une meilleure efficacité des expulsions d’étrangers en situation irrégulière.

Un périple de plus de 6 ans avant leur arrivée en France

La famille d'Elyas a fui l'Afghanistan alors qu'il avait 6 ans pour fuir les Talibans. Ils ont traversé les frontières iranienne et pakistanaise pour s'établir en Turquie dans une grande précarité. Le frère d'Elyas part alors pour la Suède où il obtient un titre de séjour. Après un long périple, la famille le rejoint dans le Royaume. Mais le contexte politique ayant changé, leur demande d'asile est rejetée.

C'est à la suite de ce long et douloureux périplue qu'Elyas arrive en France. Déjà polyglotte, ses enseignants le décrivent comme un élève "d'une grande sociabilité", qui fait preuve de grandes capacités d'adaptation et d'apprentissage. "Surtout en langues, estime Anne-Hélène Texier. Il parle Suédois, le pays où il a vécu deux ans et il parle aussi très bien l'anglais, ce qui a beaucoup facilité les choses à son arrivée."

Mais alors, pourquoi Elyas et sa famille ont-ils été renvoyés en Suède ? "Conformément au règlement dit Dublin, les autorités françaises étaient donc tenues d’organiser le transfert de la famille vers la Suède, ce pays étant seul compétent pour examiner leur demande d’asile, précise la préfecture des Ardennes dans un communiqué. C’est dans le cadre de cette procédure que le transfert a été effectué hier, sans incident, par un vol au départ de Roissy au sein duquel les intéressés ont pris place de leur plein gré."

Avec cette mobilisation, tous espèrent que la famille d'Elyas ne retournera pas en Afghanistan. A ce jour, elle se trouve toujours en Suède.

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