Une manifestation pour appeler à la sauvegarde de la maternité de Sedan (Ardennes), menacée de fermeture, avait lieu ce samedi 4 février. L'un des participants, le député (UDI) Jean-Luc Warsmann, a été enfariné par un individu l'accusant d'être responsable de la situation. Il a été placé en garde à vue.
La manifestation de ce samedi 4 février 2023 devait attirer l'attention sur l'avenir de la maternité de Sedan (Ardennes). On risque effectivement de beaucoup en parler, mais pas forcément pour les bonnes raisons.
Il y avait beaucoup d'élu(e)s qui avaient tenu à participer à cette mobilisation, y compris le député (UDI) des Ardennes, Jean-Luc Warsmann. Particulièrement bien implanté, il a entamé son septième mandat à l'Assemblée nationale en juin 2022, siégeant depuis 1995 (ça fait 27 ans).
Il était environ 11h00 quand Thomas Chammah et Ophélie Perroux, journalistes de France 3 Champagne-Ardenne, ont assisté à une scène soudaine et inattendue. Un individu porteur d'un chapeau s'est approché du député et l'a soudainement enfariné. "Il mérite... Il mérite. Depuis 40 ans, c'est un imposteur. Il mérite. [...] Imposteur..." (voir en vidéo ci-dessous)
"C'est honteux", lui a rétorqué l'un des participants à la marche. Alors qu'il se faisait menotter par un policier, il s'est à nouveau récriminé, levant le bras vers l'élu. "La mort des services publics, c'est lui... Il trompe le peuple."
Plusieurs autres personnes ont été douchées de farine pendant le processus. L'homme a été embarqué par la police. Le député s'est éloigné pour se débarbouiller, avant de regagner le cortège peu avant la fin de l'évènement.
Le site Internet de l'Assemblée nationale nous apprend qu'au mois de novembre 2022, Jean-Luc Warsmann a officiellement interpellé le ministre de la Santé au sujet de l'avenir de la maternité de Sedan. Il a appelé de ses voeux à ce que le gouvernement "mette toute son énergie" pour empêcher la fermeture.
Une mobilisation importante
Le mouvement avait commencé à 10h00. Les personnes y participant, plusieurs centaines selon le comptage effectué par France 3 Champagne-Ardenne, s'étaient armées de poussettes vides pour simuler l'impact qu'aurait la fermeture sur les familles des environs. Ce serait "un drame", témoigne une manifestante, qui pointe qu'il est difficile d'attirer de nouvelles et jeunes populations sur un territoire dépourvu d'une telle structure.
Des mamans (ou futures mamans) étaient présentes en nombre, mais pas seulement. Un groupe de personnes retraitées avait également tenu à manifester sa solidarité, alors que la maternité risque de fermer au mois de mars suite au départ en retraite de deux anesthésistes.
Près de 600 accouchements y ont lieu chaque année. Il faut sinon faire 45 minutes de voiture et aller à Charleville pour accoucher (voir l'emplacement de la maternité sedanaise sur la carte ci-dessous).
Les suites de l'enfarinage
Jean-Luc Warsmann ne s'est pas encore exprimé après ce qu'il a subi. Le maire (PS) de Sedan, Didier Herbillon, a "condamné fermement cette inadmissible agression" et soutien le député. "Ce n'est pas la meilleure manière" d'exprimer une revendication, a doctement fait remarquer une dame présente dans le cortège.
La procureure de Charleville, Magali Josse, a indiqué que l'enfarineur avait été placé en garde à vue pour "violence sans incapacité sur personne chargée d'une mission de service public lors d'une manifestation publique". Les violences sont punies au titre de l'article L222-13 du code pénal par une peine de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende.
Lors des procès, ces violences (délictuelles) sont parfois requalifiés en outrages (simple contravention). Ce qui avait été le cas quand François de Rugy (LREM) avait été enfariné à Nantes (Loire-Atlantique) en 2021.
On ignore pour le moment si Jean-Luc Warsmann compte porter plainte. Juste avant le Nouvel An, la députée (LR) Valérie Bazin-Malgras avait quant à elle été menacée par arme à feu près de Troyes (Aube), et avait déposé plainte.