Pas toujours facile de transmettre son entreprise à ses enfants ! José Thevenin y est parvenu. Son fils, Nicolas, dans la Marne, et sa fille Candie, dans les Ardennes lui ont succédé avec succès. L’aventure de la création d’entreprises se poursuit, avec en cadeau, le goût du travail.
A Mazerny, près de Poix-Terron, dans les Ardennes, le nom de l’entreprise de plomberie-chauffage, couverture et charpente, c’est "José Thevenin-Père et Fille". Une femme, à la tête d’une telle société, ce n’est pas si fréquent. Depuis le 1er avril 2017, après le départ à la retraite de son père, c’est bien Candie Thevenin qui est présidente de l’entreprise de 20 personnes. Elle intervient dans tout le département des Ardennes.
Candie Thevenin avait fait des études d’horticulture et d’aménagement paysagiste. Mais pendant son adolescence, elle avait travaillé avec son père, et ils s’entendaient bien. "Quand la secrétaire a quitté l’entreprise, mon père m’a proposé de la remplacer", explique-t-elle. " Il voulait faire entrer ses enfants dans l’entreprise. Après avoir travaillé 15 ans avec lui, je me sentais capable, alors j’ai accepté. Ce n’était pas évident, mais j’ai toujours eu un grand respect des équipes. Il y a peu de problèmes. Je n’ai pas de regret. Je suis contente de pérenniser ce que mon père a fait. Cette entreprise, c’est quelque chose qu’il avait créée. C’était un gros investissement. On ne le voyait jamais. Je ne voulais pas que la société parte ailleurs. Par la suite, je suis devenue assistante de direction, puis je lui ai succédé, à l’âge de 37 ans, quand il a pris sa retraite, le 31 mars 2017. Au début, mon père travaillait chez lui, ensuite il a acheté un corps de ferme, mais prochainement, on va créer un nouveau bâtiment, dans la zone d'activités de Boulzicourt, au nord de Poix-Terron, dans les Ardennes, pour s’agrandir".
"Je suis contente de pérenniser ce que mon père a fait".
Davantage confiance en ses enfants
José Thevenin était technicien en chauffage, dans une entreprise de Charleville-Mézières, dans les Ardennes. C’est suite à un licenciement, qu’il a décidé de créer sa propre entreprise, en 1992. "Au départ, j’étais tout seul, et ça a duré deux ans", raconte-t-il. "Puis, petit à petit, j’ai développé jusqu’à avoir 20 salariés. Mais, après 45 ans de travail, j’ai pris ma retraite… On n’arrêterait jamais. Je retourne parfois à l’entreprise, s’il y a des soucis techniques. Ma fille m’appelle aussi. Ce n’est pas facile pour une femme de travailler dans ce domaine, surtout si on n’a pas fait d’études en thermique, mais Candie avait fait tous ses stages chez moi, puis elle avait travaillé dans l’entreprise…Je ne suis jamais bien loin".
Il l'avoue, c'est compliqué de transmettre. "Il faut être technique et près de ses clients. Quand je me suis mis à mon compte, je connaissais du monde. Ca m’a aidé. Mais, autour de moi, je vois des reprises qui se terminent en fermeture. Certains qui ont arrêté, sont ensuite venus travailler chez nous. J’ai plusieurs petits-enfants. Ca serait souhaitable qu’ils reprennent. C’est plus facile de transmettre aux enfants, à condition qu’ils soient formés, bien sûr. C’est important car on a plus confiance dans ses enfants qu’en des étrangers. Ce n’est pas qu’une question financière".
"C'est plus facile de transmettre aux enfants, à condition qu'ils soient formés".
La transmission du goût du travail
Dans la famille Thevenin, il n’y a pas que Candie qui ait succédé à son papa. Son frère Nicolas a, lui aussi, fait ce choix. C’est à Fresnes-les-Reims, qu’il est installé. " J’ai toujours voulu faire ce travail en plomberie-chauffage", dit-il. "A 16 ans, je m’y préparais, avec C.A.P., puis B.E.P., et B.T.S. chauffage. J’accompagnais mon père sur les chantiers. C’est difficile depuis les Ardennes de travailler dans la Marne, alors il a créé un deuxième siège pour percer le marché marnais. C’est "Habitat Confort" que j’ai repris. Ensuite, j’ai créé une autre société de marchand de bien LTE Immobilier".
"Cette année, je prévois également de réaliser six à sept maisons. Je suis reconnaissant à mon père de nous avoir donné le goût du travail. C’est vrai qu’on ne le voyait pas des masses. J’ai trois enfants, des filles. Je les vois le matin, à midi et le soir car j’arrête vers 18 heures. Plus tard, je me remets à travailler, très tard, parfois jusqu’à minuit. Je ne suis pas fermé à ce que, dans l’avenir, mes filles me succèdent. Ma sœur est la preuve vivante, que même dans ce secteur, les femmes peuvent réussir. Je suis fier d’avoir pu succéder à mon père. C’était un projet de longue date. C’est en le voyant travailler que j’en ai eu envie".
José Thevenin a fait plus que rebondir après la perte de son emploi. Il a réalisé, avec succès, la transmission des entreprises, qu’il avait créées et développées. Et, il a permis à ses enfants de réussir, à leur tour.