Depuis fin décembre, une famille se retrouve prise en étau dans un conflit de longue date entre leur propriétaire et un agriculteur. Conséquence ? La seule route carrossable pour accéder à leur dimicile est régulièrement bloquée. Une situation aux nombreuses implications et source de stress au quotidien.
Enfiler des bottes, sortir de chez soi, parcourir 500 mètres dans un chemin de terre boueux et glissant, mettre des chaussures propres, rentrer dans sa voiture. Et inversement pour rentrer à leur domicile. Voilà le quotidien de cette famille installée dans le hameau isolé de Bertaucry, dans les Ardennes.
Depuis le 23 décembre dernier, Laura Josseaux et Antony Fauchart se retrouvent coincés dans un conflit de longue date entre leur propriétaire et un agriculteur. Ce dernier bloque régulièrement la seule route carrossable, considérée comme privée, qui mène vers leur maison, une ancienne ferme qu’ils louent depuis un an.
Randonnée inopinée
Problème, la seule autre route leur permettant d’y accéder est un chemin de terre difficilement praticable. “Même avec des pneus crampons, précise Laura Josseaux, 35 ans. Et moi avec ma petite citadine, je ne passe pas. Mais nous n’avons pas les moyens de s’acheter un 4x4”, ajoute-t-elle.
Pour éviter d’abîmer leurs voitures ou de s’embourber comme ce camion venu livrer le gaz, le couple doit donc se garer en bout de chemin et parcourir le reste du trajet à pied. Une solution qui n’en est pas vraiment une. “Il fait souvent nuit noir. Avec les enfants et les courses, c’est un calvaire, on n’a pas de temps à perdre avec ce genre de choses”, déplore cette mère de deux enfants.
Le but c’est d’embêter notre propriétaire, mais nous on est le dommage collatéral. On veut juste rentrer chez nous normalement et être tranquilles sans stress.
Laura Josseaux, mère de famille
Si au début, la famille a préféré prendre le tout avec humour et bonne humeur, le blocage est devenu, avec l’accumulation et la durée, une source de stress et d’énervement. Ramassage des poubelles, livraison du courrier, accès pour les secours en cas de besoin… Tout est devenu laborieux.
Les enfants ont honte
Petit à petit, comme le décrit cette commerçante, l’isolement s’accentue : “La tension monte car on est à bout. Je sors moins, on reçoit moins de monde et on n’invite plus les copains et copines des enfants parce qu’ils ont honte.” L’un d’eux lui a même demandé un jour pourquoi ils étaient venus habiter ici, ce à quoi la maman a répondu qu’ils ne “pouvaient pas envisager une telle situation.”
Laura et Antony, originaires de la Marne, souhaitaient seulement s’installer dans une maison entourée de verdure où ils pourraient vivre paisiblement et en harmonie, concentrés sur leurs projets futurs.
À la place, ils se retrouvent pris en étau dans un conflit qui n’est pas le leur. Ils en ignorent même les tenants et les aboutissants : ils savent seulement que les tensions durent depuis plusieurs années et que les deux partis sont en procès. “On ne veut prendre partie pour personne, ce sont leurs affaires. Mais en tant que locataire, on ne sait pas quoi faire”, indique Laura Josseaux.
Situation au point mort
Pour eux, pas question d’aller en justice puisque cela représenterait un investissement en temps et en argent trop conséquent. Alors, face aux préjudices, ils tentent d’obtenir des arrangements auprès de la propriétaire de leur domicile, voisine qui n’est plus présente sur les lieux depuis deux semaines.
Aux dernières nouvelles, elle tentait de prouver que dans le passé, le chemin de l’agriculteur était bel et bien utilisé par sa famille. Une autre solution consisterait à mettre des cailloux ou à réaliser des travaux sur le chemin d’accès en terre, mais qui va payer la facture ?
Quant à l’agriculteur, avec lequel “la communication a toujours été bonne”, il a bien proposé un relogement à la famille, mais Laura Josseaux et Antony Fauchart aimeraient de tout cœur rester dans cette maison. Ils s'y sentent bien, malgré les nombreux questionnements quant à la durée de ce litige.