Cet agriculteur nous explique comment la technologie lui permet de mieux travailler ses champs

La semaine dernière, les Trophées de l'agriculture de Haute-Marne ont distingué Benoît Mallinger, dans la catégorie agriculture connectée. Ce trentenaire, installé près de Nogent en Haute-Marne, nous explique ce que lui apporte cette méthode de travail.

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Benoît Mallinger est un agriculteur connecté. L'homme de 33 ans, installé à Mandres-la-Côte près de Nogent en Haute-Marne, a repris en 2017 l'exploitation de son beau-père. Il y cultive entre autres du blé, du colza, du tournesol ou du lin sur 144 hectares.

Ce fils d'agriculteur, né en Meurthe-et-Moselle, a décidé de mettre en œuvre de nouvelles techniques basées sur la technologie sur ses parcelles. Cela passe notamment par des analyses poussées du sol pour optimiser par exemple l'utilisation des engrais. 

Le 25 janvier 2024, il a reçu le trophée de l'agriculture connectée lors des Trophées de l'Agriculture organisés par la Chambre d'agriculture de la Haute-Marne et le JHM. "C'est surtout une reconnaissance pour les efforts qu'on fait et les méthodes qu'on met en place", explique Benoît Mallinger.

Car en 2017, quand il s'est lancé avec quelques collègues du secteur dans cette nouvelle manière de faire, il a pu ressentir une certaine méfiance chez d'autres. "C'est vrai qu'au début, ça ne prenait pas trop. Je pense qu'ils ont vu à force que ça ne marchait pas si mal que ça, raconte-t-il. Personnellement, j'en suis convaincu".

Pour mieux connaître ses parcelles, l'agriculteur a par exemple multiplié les analyses. Au lieu d'en faire une seule pour toute l'exploitation, il a fait 180 analyses de sol. "On a refait un maillage en fonction des parcelles historiques. C'étaient des parcelles découpées en 25 ou 30 propriétés, donc chacun travaillait différemment."

L'outil informatique permet alors de mettre en évidence d'importantes différences au sein même d'une parcelle. Des choses qui ne sont pas forcément visibles à l'œil nu. "Dans une même parcelle, on va aller du simple au triple en termes de teneur de sol en phosphore ou en potasse par exemple", indique l'agriculteur.

Les données sont ensuite transmises au GPS qui guide son tracteur, et permettent d'adapter la quantité d'engrais distribuée dans le champ. "Quand on arrive dans une zone, il va nous dire qu'il faut 200 kg à un endroit, rien à un autre. Il s'adapte tout seul."

Mieux s'adapter aux terrains

L'agriculture a aussi fait analyser la conductivité du sol, pour connaître par exemple la profondeur de terre disponible pour les racines de ses cultures. "C'est ce qui nous permet par exemple de moduler l'azote. Dans les endroits où il n'y a pas de réserve utile et de profondeur de sol, on sait qu'on ne fera jamais de miracle, donc on évite de mettre de l'azote pour rien".

Avec quelques années de recul, Benoît Mallinger dit déjà constater des changements dans ses parcelles grâce à l'agriculture de précision. "Ça fait cinq ans que je fais de la modulation et les champs commencent à s'homogénéiser, alors qu'il y a des potentiels complètement différents au sein même de chaque parcelle".

Du côté des rendements, il remarque une légère tendance à la hausse, en ne tenant pas compte évidemment des aléas climatiques contre lesquels cette agriculture connectée n'a malheureusement pas de solution miracle.

Cette agriculture nouvelle génération a bien sûr un coût, mais Benoît Mallinger assure s'y retrouver. "On doit être entre 15 et 20 euros par hectare. Si on met un peu moins d'engrais ou qu'on a un tout petit peu plus de rendement, c'est assez vite rentabilisé."

Les trophées de l'agriculture de Haute-Marne étaient prévus de longue date. La cérémonie a été quelque peu percutée par l'actualité et le mouvement de colère de beaucoup d'agriculteurs. Benoît Mallinger n'a pas participé aux blocages des derniers jours dans le département, mais simplement en raison de contraintes d'emploi du temps.

Il travaille également pour la coopérative EMC2 sur des essais dans les champs et était en formation. Il aurait sinon tout à fait pu faire partie des cortèges, nous explique-t-il. "La conjoncture est quand même assez compliquée entre les contraintes qu'on nous impose et puis les choses qu'on nous promet qui n'arrivent pas", confie-t-il.

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