A Maraye-en-Othe, dans l'Aube, confrontés à l'absence de commerces, les habitants se sont pris en main et ont aménagé un local qui accueille depuis fin 2020 une épicerie et un café. Aujourd'hui, ce sont eux qui gèrent aussi le lieu, à tour de rôle.

« Il y a eu une boulangerie, une boucherie, un café et puis plus rien. » Installée à Maraye-en-Othe depuis 54 ans, Françoise a vu son village se transformer, et surtout les commerces fermer les uns après les autres. En 2020, il était impossible d’acheter du pain sans devoir prendre sa voiture. Une réalité, mais pas une fatalité pour les 440 habitants de la commune auboise.

Depuis un peu plus de deux ans, trois jours par semaine, c’est au Local qu’ils peuvent venir acheter leur baguette. Et pas que… « Le Local, c’est quatre volets différents », explique Jean-Paul Bras, le président de l’association Autour d’Othe. Ainsi, en poussant la porte, les Marayais peuvent aussi trouver des produits de première nécessité dans les rayons de l’épicerie, des productions locales et… un café. « C’est le plus important d'après moi, c’est un lieu de convivialité où les gens se posent, échangent, un peu comme d'autrefois où on se retrouvait à la sortie de l'église ou du marché ».

Les gens ont envie de faire des choses…

Nadège Dudas-Masso, maire de Maraye-en-Othe

« On avait bien senti qu'il manquait un lieu de rencontre et un lieu de service, il fallait remettre un cœur dans le village », se souvient Nadège Dudas-Masso. Élue maire de Maraye-en-Othe aux dernières élections municipales, elle avait, avec ses colistiers, fait de ce projet une priorité. Quelques mois ont suffi pour faire renaître un bâtiment marqué un peu plus, chaque année, par le temps qui passe. Pour aller vite, la commune a fait le choix de ne pas demander de subventions. Elle a trouvé 14000 euros dans ses caisses et surtout fait appel à l’aide de ses administrés. 

« C'est un projet collectif », enchaîne-t-elle, « Les gens ont envie de faire des choses, ils n'attendent pas que ça tombe tout cuit si peu qu'on leur explique les tenants et les aboutissants ». Tout le monde y est donc allé de son petit coup de main, à hauteur de ce que les connaissances ou le physique permettaient. Un professionnel est intervenu pour l’électricité, un autre a posé gracieusement la porte d’entrée en ne facturant que les matériaux, pendant que les habitants de Maraye se chargeaient du reste. « On a la chance d'avoir des artisans à la retraite qui ont eu envie de faire quelque chose pour leur village », se réjouit Madame le maire. Il y avait aussi « l'envie d'être utile, l'envie de prendre sa place dans un groupe ou dans un village ».

Derrière les services qu’il propose aujourd’hui, le Local cache d’autres ambitions : celle de rompre l’isolement, de favoriser les échanges. L’année 2020, c’est celle de l’arrivée du Covid-19, des confinements et celle de la résilience pour les Marayais. « Ce n'est plus un village mouroir, ce n'est plus un village dortoir, c'est un village qui revit », nous dit Patrick, attablé devant son petit café matinal. Avec lui, il y a Denis, Marcel, Françoise. Des anciens qui se retrouvent comme au bon vieux temps, qui se racontent les vieilles histoires du village et les transmettent. « C'est un lieu intergénérationnel », souligne Jean-Paul Bras, « les anciens partagent avec les nouveaux, ça crée une espèce de lien, d'osmose dans le village. Ce qui est important, c'est que les gens passent du temps entre eux et apprennent à se connaître ».

La ruralité, (…) ça peut être une force. 

Jean-Paul Bras, président de l’association Autour d’Othe

L’autre particularité du Local, c’est qu’on peut y prendre un café… ou une commande. Entendez par là que c’est un lieu associatif géré par les habitants eux-mêmes. « On affiche le planning un mois à l'avance avec les jours d'ouverture et on attend que les gens s’inscrivent », explique Florence Cornette, la secrétaire de l'association Autour d’Othe. Ce jour-ci, c’est elle qui tient la caisse de l’épicerie. « Tout le monde se prend en main, on n'a jamais eu de soucis, on arrive à assurer tous nos jours d’ouverture ». 

« On habite là et on fait quelque chose pour l’endroit où on habite », Nadège Dudas-Masso n’est pas peu fière de voir comment les habitants du village se sont investis dans cet espace. Le planning met peu de temps à se remplir et le local n’est jamais désert. Quant à Jean-Paul Bras, entre deux boutades, il nous dit plus sérieusement que « la ruralité, quoi qu'on en dise, ce n'est pas du tout un handicap, ça peut être une force. »

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