Les gendarmes sauvent une chouette au bord de la route : que faire quand on trouve un animal sauvage blessé ? 

La gendarmerie de Haute-Marne a partagé la photo d'une chouette blessée à l’aile gauche, retrouvée sur l'A31. Elle a été prise en charge par les militaires, prévenus par un usager de la route. Appeler les forces de l’ordre, est-ce vraiment le bon réflexe ? Pas vraiment.

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Imaginez-vous en balade en forêt, sur la route au volant de votre véhicule ou à proximité d’un champ. Là, un hérisson, une chouette ou encore un oiseau semblent mal en point ou en détresse. Voire même un sanglier, comme Rillette récemment près de Chaource. Quelle attitude adopter pour leur venir en aide ? Tout dépend de l’espèce sur laquelle vous tombez.

Un comportement différent pour chaque espèce

"Si c’est un oiseau, il faut le mettre dans un carton et ne surtout pas lui donner à boire ou à manger. Généralement, les oiseaux retrouvés sont en hypothermie, alors le mieux est de faire une bouillotte, même en été", nous apprend Stéphane Bellenoue, directeur du CPIE du Sud Champagne (Centre permanent d'initiatives pour l'environnement Sud Champagne).

Concernant les jeunes mammifères et les rapaces nocturnes, mieux vaut ne pas trop les manipuler : "Les parents sont souvent dans le coin. Le mieux à faire est de s’éloigner, car la mère n’est jamais très loin. Si vous trouvez les parents morts, à ce moment-là vous pouvez agir", ajoute-t-il. Globalement, il n’est pas conseillé de capturer l’animal à mains nues, mais plutôt à l’aide d’une serviette, ou d’une paire de gants s’il s’agit de rapaces. C’est même obligatoire pour les chauves-souris. Et de les tenir éloigner du visage.

Appeler en priorité le centre de soins le plus proche

Protéger l’animal oui, mais pas n’importe comment, et toujours avec prudence. S’il présente des traces de sang ou des ailes tombantes, il faut réagir rapidement. Appeler les forces de l’ordre, les pompiers ou les vétérinaires serait peut-être votre premier réflexe. Pourtant, ces derniers ne peuvent pas prendre en charge l’animal. Leur seul champ d’action possible : l’apporter au centre de soins dédié le plus proche.

Dans la région, il s’agit du Centre de Sauvegarde et de Réhabilitation de la Faune Sauvage de Champagne-Ardenne à Soulaines-Dhuys (Aube). Et c’est bien cet établissement à contacter en priorité. "Nous recevons jusqu’a 25 appels par jour au plus haut de l’activité", souffle Stéphane Bellenoue. À charge ensuite au "découvreur" (nom de celui qui a découvert l’animal) de l’amener à Soulaines-Dhuys. Ou bien de compter sur la quarantaine de bénévoles de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) pour venir récupérer directement l’animal blessé.

Même si les gens veulent bien faire, ils ne savent généralement pas comment s'occuper de ces rapaces. Cela peut conduire à l'euthanasie.

Stéphane Bellenoue, directeur du CPIE du Sud Champagne

"La principale cause d’accueil chez nous n’est pas l’accident de la route" précise Stéphane Bellenoue. Au centre de Soulaines-Dhuys, près de deux-tiers des animaux accueillis sont "les jeunes de l’année. Des jeunes encore dépendants de leurs parents, et donc plus vulnérables", et qui parfois se perdent ou tombent du nid. Les conditions météorologiques défavorables ou extrêmes peuvent aussi empêcher les animaux de se nourrir correctement, et par conséquent d’être affaiblis.

Concernant la chouette effraie retrouvée sur l'A31 à hauteur de Rolampont (Haute-Marne) jeudi 12 décembre, prise en charge par les gendarmes du département avant d'être confiée à l'OFB, Office Français de la Biodiversité, puis au centre de soins de Soulaines-Dhuys, une première explication se dessine pour le directeur du CPIE : "Les chouettes commencent à nicher en hiver. Les promeneurs peuvent alors, par exemple, trouver une jeune chouette hulotte qui n’est pas encore très bien émancipée et qui est perdue. Il suffit juste de la remettre sur une branche et surtout de ne pas la ramener chez soi. Car, même si les gens veulent bien faire, ils ne savent généralement pas comment nourrir ces rapaces. Ces derniers deviennent alors carencés et c’est ensuite trop tard pour les remettre dans la nature. Parfois même, nous devons les euthanasier car la carence osseuse est trop importante", souligne-t-il.

Le centre de soins, un refuge pour les animaux blessés

Cette année, plus de 1 000 animaux ont été accueillis par le Centre de Sauvegarde et de Réhabilitation de la Faune Sauvage de Champagne-Ardenne. Cigognes blanches ou noires, hérissons, pigeons, renardeaux, rapaces diurnes et nocturnes. Ici, toute la faune sauvage, à l’exception du gros gibier, y est soignée puis réhabilitée par une équipe de quatre soigneurs au plus fort de l’activité.

Prise de médicaments, contention des pattes et des ailes, repos, les pensionnaires peuvent y rester jusqu’à quelques mois pour se remettre d’aplomb. Si besoin, l’animal peut également passer par la case vétérinaire, si une opération est essentielle.

"On ne peut pas s’occuper de la faune sauvage sans qu’il y ait eu le passage au centre de soins de Soulaines-Dhuys. Nous sommes là en complément, pour des interventions spécifiques", confie par téléphone Emma, assistante vétérinaire en alternance à la clinique vétérinaire des Vingt Ponts et des Tilleuls à Vendeuvre-sur-Barse (Aube). "Cela peut aller d’une pose d’une broche jusqu’à l’euthanasie si l’animal est trop endommagé".

La clinique, qui travaille avec le CPIE, a accueilli notamment cet été un animal sauvage par semaine. En ce moment, période où les promeneurs sont moins nombreux, et où le soleil se lève et se couche tôt, les bêtes blessées sont rares à la clinique. Non pas qu’il y en ait moins, mais il est plus difficile de les voir.


Dans le Grand Est, il existe quatre centres de soins pour animaux sauvages, à Soulaines-Dhuys (Aube), à Valleroy (Meurthe-et-Moselle), à Rosenwiller (Bas-Rhin) et Hunawihr (Haut-Rhin). L’association auboise, qui oeuvre pour un territoire plus écologique et solidaire, reçoit 25 000 euros de subventions par an de la Région Grand Est, sur un total de 120 000 euros de charges à l’année. Les dons sont toujours les bienvenus.

Le centre de soins de Soulaines-Dhuys est fermé jusqu’au 12 janvier inclus, sauf urgence sur une espèce à enjeux. Tél : 03 25 92 56 02.

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