Qu'est-ce-que le "Pète ton crâne" (PTC) cette drogue "200 fois plus puissante que le cannabis" retrouvée chez un ado de 14 ans dans l'Aube ?

PTC : Pète ton crâne. Cette drogue de synthèse fait de plus en plus d'adeptes chez les jeunes. Dans l'Aube, un ado de 14 ans a été surpris en possession de cette dernière par ses parents. Son vendeur a été interpellé le 2 octobre 2023. Il sera jugé en janvier 2024 à Troyes.

En décembre 2022, les parents d'un adolescent de 14 ans portent plainte après avoir découvert que leur fils était en possession d'une fiole de produit pour cigarette électronique contenant du PTC, "Pète ton crâne", aussi appelé la Buddha BlueSelon une étude publiée en 2018, près de 4% des jeunes moins de 17 ans l'auraient expérimenté au moins une fois.

Une drogue "200 fois plus puissante que le cannabis"

C’est une drogue de synthèse, "200 fois plus puissante que le cannabis", qui circule depuis quelque temps parmi les adolescents et que vendait un Troyen interpellé par la brigade de Lusigny-sur-Barse (Aube), le 2 octobre 2023. Selon la gendarmerie, il aurait fourni plus de 200 clients, dont plusieurs mineurs à qui il récupérait les pièces d'identité en caution. 

Les jeunes justement, ils sont les premiers ciblés par cette drogue qui "se vend aux abords des établissements scolaires ou sur internet à très bas prix", regrette Gwénolée Martinot, médecin addictologue et coordinatrice à l’Association Addiction France, à Troyes. "Elle provoque de nombreux effets secondaires : de la psychotrope, des malaises, des vomissements, de la paranoïa, des idées suicidaires, un taux d'agressivité plus important…" énumère-t-elle. "En plus d'être plus forte que le cannabis, les effets peuvent durer jusqu'à 24 heures après la prise", précise-t-elle.

Une substance indétectable 

"Impossible à discerner à l'œil nu, indolore et incolore", cette substance qui se présente sous forme de poudre ou de liquide. Elle est majoritairement utilisée dans des cigarettes électroniques. "Les jeunes, ce qu'ils cherchent, c'est avoir des effets. Ils cherchent la prise de risque, mais ils en deviennent dépendants. Certains se réveillent la nuit pour vapoter", commente l'addictologue.

Dans son centre d'addictologie, Gwénolée Martinot reçoit principalement "des jeunes entre 14 et 25 ans grand maximum". "Le syndrome de sevrage est très fort. Ils finissent par en trouver le manque". Heureusement, la plupart des jeunes qui viennent la voir sont motivés à s'en sortir. "Ceux-là, ils n’ont pas réussi à arrêter eux-mêmes, ils sont sous emprise, se réveillent la nuit… Généralement, le sevrage se passe bien", explique-t-elle. Pour ceux qui n'y arrivent pas, elle fait de la prévention. "Notre challenge, c'est la motivation".  

10 litres de PTC retrouvé chez le troyen

Du côté de Troyes, une enquête préliminaire a été diligentée après la découverte des gendarmes. Une perquisition réalisée à son domicile a permis la découverte "d'environ dix litres de liquide pour cigarette électronique ainsi que des résidus de poudre de cocaïne utilisés dans la fabrication de cette drogue de synthèse", précise la gendarmerie de l'Aube. 

En garde à vue, l'adolescent a reconnu avoir fabriqué "plus de 20 litres de produits contenant de la cocaïne et avoir généré un bénéfice de plusieurs milliers d'euros."  Le vendeur sera jugé en janvier 2024 à Troyes.

Overdose mortelle

En juin 2023, une sénatrice LR des Alpes-Maritimes, Alexandra Borchio Fontimp, a alerté le Gouvernement sur les dangers de cette drogue de synthèse. "Selon l'association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, ce sont d'ores et déjà deux cas d'overdose mortelle qui ont été recensés en Europe. Sans qu'il y ait nul besoin d'arriver à de tels drames, les conséquences n'en demeurent pas moins désastreuses. Que ce soient une crise d'angoisse, d'anxiété ou encore des psychoses, le panel de difficultés émotionnelles auxquelles les plus jeunes consommateurs sont ou seront confrontés doit inquiéter, voire alerter", expliquait l'élue. 

"Ce recours à des drogues de plus en plus attractives et accessibles doit être désormais jugulé avant qu'il ne soit trop tard". L'élue a également demandé à l'État "plus de transparence en publiant une évaluation des actions de prévention d'ores et déjà mises en place afin d'en mesurer la véritable efficacité, protégeant ainsi notre jeunesse". À ce jour, la réponse du ministère de la Santé n'a pas été publiée. 

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