Les tensions persistent, à la frontière entre l’Ukraine et la Russie. Dans l’Aube, les habitants de Romilly-sur-Seine sont inquiets. Malgré de multiples tentatives, ils n’ont aucune nouvelle d’Ouman, ville d'Ukraine avec laquelle, ils sont jumelés depuis plus de 50 ans.
Jany Rousseau est retraité des ateliers de réparation de la SNCF de Romilly-sur-Seine, dans le département de l’Aube. Il est également Président du comité de jumelage de la ville depuis six ans, comité dont il est membre depuis 1976. Il est inquiet, comme de nombreux habitants de la cité auboise.
"J’ai appelé plusieurs fois, à Ouman mais ça ne passe pas. Est-ce-que c’est volontaire ? J’ai envoyé des mails, des sms, sans réponse. Même avec Facebook, je n’ai pas de nouvelles d’amis très chers que je connais là-bas, ni du maire ou de l’ancien maire", dit-il avec émotion.
En Ukraine, la ville d’Ouman qui compte quelque 87.000 habitants, est située à environ 250 kilomètres au sud de Kiev, dans la région de Tcherkassy. "C’est entre Kiev et la Crimée, à 7 à 800 kilomètres de la ligne de front. On est dans l’expectative. On est tous inquiets".
Une amitié scellée le 1er décembre 1967
La ville de Romilly-sur-Seine est jumelée avec des villes d’Italie, du Pays de Galles, d’Allemagne et d’Ukraine. Les jumelages avec Ouman, en Ukraine et Gotha, dans l’ancienne RDA, remontent à l’époque où Maurice Camuset, communiste, ancien résistant était maire de la commune. "Il voulait que Romilly soit jumelée avec des villes de l’ouest comme de l’est de l’Europe".
Jany Rousseau s’est rendu à quatre reprises en Ukraine. Des Ukrainiens sont également venus dans l’Aube. Il est allé en 1976, à Ouman pour une tournée de basket, le Président du comité de jumelage se souvient : "L’Ukraine était encore dans le bloc soviétique. Dans les magasins, il n’y avait rien.
Aujourd’hui, le pays revit, mais il y a peu d’argent. Dans les rues, on peut voir de gros Hummer, mais aussi des carrioles avec des chevaux. Sur les trottoirs, on peut voir une mamie vendant par terre, dix carottes, un litre de lait, trois patates. Cela me retourne, à chaque fois. Il y a des progrès depuis 1976, mais il y a trois ans encore, les bus étaient dans un état déplorable".
L’émotion au cimetière des volontaires
Si Jany Rousseau se débrouille en Italien, des membres du comité de jumelage parlent l’Anglais, l’Allemand, mais c’est en Français que se font les échanges. Il y a quelques années, à Ouman qui possède trois universités, le Français était la première langue enseignée, mais aujourd’hui elle devancée par l’Anglais.
"A l’Université, beaucoup parlent Français. Là-bas, un professeur d’université gagne 3 à 400 euros par mois. Le nouveau maire a fait du beau travail, mais à quelques kilomètres du centre-ville, on voit des baraques en bois. Cela fait drôle. Il y a des centaines de chiens errants".
J'ai appelé plusieurs fois à Ouman, mais ça ne passe pas. Est-ce-que c'est volontaire ?
Jany Rousseau, Président du comité de jumelage de Romilly-sur-Seine.
Il y a trois ans, lors d’une visite à Ouman, Jany Rousseau s’est rendu dans le cimetière où sont inhumés des volontaires décédés au moment de la guerre du Donbass, commencée en 2014. "C’était impressionnant de voir les grandes gerbes sur les tombes de ceux qui s’étaient battus, à l’est du pays. Il y a des tables et des chaises, à côté pour les familles qui viennent se recueillir et boire à la santé de tous ces soldats".
Des gens très accueillants
Jany Rousseau s’est rendu à quatre reprises en Ukraine, un pays qui le touche. La qualité de l’accueil y est pour beaucoup. Il rapporte que : "Dans les premières années du jumelage, il y a plus de 50 ans, lors des échanges, on amenait des collants pour les dames. Aujourd’hui, le champagne, les spécialités locales les ont remplacés. Côté ukrainien, la vodka, l’artisanat classique font qu’on en a une collection impressionnante".
Des cadeaux ont été échangés au cours de ces dernières années, mais surtout, des amitiés sont nées entre des habitants de Romilly-sur-Seine et d’Ouman. En cette période de tensions, dans l’Aube, on s’inquiète pour ceux qui sont là-bas, en Ukraine.