La sénatrice de l'Aube Vanina Paoli-Gagin a fait adopter au Sénat, ce jeudi 21 juillet, une proposition de résolution européenne pour défendre les vitraillistes. Ce corps de métier est menacé par une évolution de la règlementation de l'utilisation du plomb à Bruxelles.
Les vitraillistes s'inquiètent. Une révision réglementaire européenne pourrait leur interdire, sauf dérogation, d'utiliser du plomb. Impensable, tant l'utilisation de ce métal pour enchâsser les vitraux est millénaire. Le milieu du vitrail peut toutefois compter sur un soutien de poids. Ceci d'autant que Troyes (Aube) revendique le titre de capitale européenne du vitrail.
"Depuis la cathédrale de Troyes jusqu’aux modestes églises rurales", énonce-t-on au conseil départemental, "l'Aube présente en effet une collection de vitraux unique en Europe. Nul autre territoire n’offre, à la fois, une telle abondance, une telle qualité, ni une telle densité. Répartis dans quelque 200 églises, ses 9.000 m² de verrières offrent un panorama complet de l’art du vitrail du XIIe au XXIe siècles avec des artisans de renom." À l'automne 2022 ouvrira sa Cité du vitrail, un musée dédié à cet art.
L'avocate Vanina Paoli-Gagin, devenue sénatrice de l'Aube à la suite des élections sénatoriales de septembre 2020, a remporté une victoire ce jeudi 21 juillet 2022. La commission des Affaires européennes du Sénat a adopté sa proposition de résolution européenne pour soutenir les vitraillistes, et plus encore suite à un important travail parlementaire d'enquête et de préparation.
Faire pression sur le gouvernement
"Le message envoyé au gouvernement est clair", se réjouit la sénatrice par voie de communiqué, consulté par France 3 Champagne-Ardenne. "La Chambre des territoires [c'est à dire le Sénat; ndlr] lui demande de défendre les intérêts des vitraillistes français et européens ! Ils sont très inquiets. [...] À l’heure actuelle, ils n’ont pas de produit de substitution : interdire le plomb, c’est condamner la profession."
"La balle est maintenant dans le camp du gouvernement : c’est à lui d’aller porter la voix de nos
artisans à Bruxelles. Nous savons que le ministère de la Culture est conscient de l’enjeu. Pour rappel, notre exigence est simple : une exemption, de droit et sans frais, pour permettre aux vitraillistes de continuer à exercer leurs savoir-faire dans des conditions de santé optimales. Il en va de la préservation de notre patrimoine et de la valorisation de nos territoires."
Concilier écologie et artisanat
La révision du règlement européen Reach ne vise pas explicitement à interdire aux vitraillistes de travailler. Le postulat de départ était de réduire l'utilisation du plomb dans les industries européennes, notamment dans la production des batteries.
Sauf que les vitraillistes, qui créent des vitraux modernes et en restaurent des anciens, en ont besoin pour que les châssis tiennent dans le temps (plus d'un siècle en moyenne). Un "dommage collatéral", qui impacte aussi les facteurs d'orgue (le projet de résolution les concerne également).
Les professions concernées demandent une exemption dans la réglementation. Son évolution prévoit seulement un système de dérogation, passant par une demande d'autorisations. Lesquelles sont coûteuses, et pourraient faire péricliter ces petits ateliers artisanaux.