D'ici la fin de l'année 2024, la fourrière intercommunale de Troyes Champagne Métropole ne prendra plus en charge les chats errants. En vigueur depuis plus années, le marché public passé avec 57 communes n'a pas été reconduit. Conséquence, les municipalités devront trouver une autre solution, comme l'oblige la loi. Mais le défi s'annonce de taille.
Le 31 décembre prochain, le marché public pour la gestion des chats errants prendra fin. Géré par Troyes Champagne Métropole et mis en place en 2020, il permettait la prise en charge des animaux divaguant, c’est-à-dire sauvages, perdus ou abandonnés.
La fourrière intercommunale située à Pont-Sainte-Marie, dans l’Aube, s’occupait ainsi des chats et des chiens du territoire. Toutefois, seuls les canidés continueront d'être capturés et gérés, car moins nombreux et souvent identifiés.
Une décision qui mettra fin, pour les félins, au partenariat des 57 communes sur les 81 qui avaient la possibilité d’adhérer ou non via une participation financière. D’abord de 50 centimes par habitant, elle était passée à 1,10 euro en janvier 2024.
Des frais coûteux
Un tarif auquel s'ajoute la prise en charge (capture, bilan sanitaire, stérilisation, identification, vaccination) pour chaque chat, initialement de 280 euros, mais désormais facturée 407 euros. Une hausse qui s'explique par l'augmentation des prix des médicaments, des frais de laboratoire et de soins vétérinaires.
“Les gens réclamaient une fourrière commune depuis des années donc au début les municipalités étaient très contentes, mais avec l’augmentation des prix, elles ont dit stop et se sont désengagées au fur et à mesure”, contextualise Claude Gardziel, présidente de l’association École du chat de l’Aube.
À compter du 1er janvier, les communes devront toutefois trouver une nouvelle solution pour les chats errants, comme le veut la loi. Selon le code rural, il convient à chaque municipalité de prendre “toutes dispositions propres à empêcher la divagation”, souvent en travaillant en collaboration avec des associations, des gardes champêtres ou des vétérinaires.
Les communes auparavant partenaires de l'agglomération vont devoir repartir de zéro. Il y a un risque de perdre tous les bénéfices faits ces dernières années.
Claude Gardziel, présidente de l'association École du chat de l'Aube
L'arrêt du service risque donc d'être “dommageable", estime Claude Gardziel : "Les communes auparavant partenaires de l'agglomération vont devoir repartir de zéro. Il y a un risque de perdre tous les bénéfices de ces dernières années”, déplore celle qui est membre de l'association depuis 30 ans. Chaque année, l’École du chat de l’Aube capture 350 chats, ensuite placés dans un des trois refuges d’une capacité totale de 140 chats, à Troyes, Sainte-Savine et La Chapelle-Saint-Luc.
Pénurie de partenaires ?
Problème, l’association ne pourra pas répondre aux futurs besoins, prévient la gérante : “On ne pourra pas contenter tout le monde. On a une personne et demie pour capturer, les locaux ne sont pas extensibles et nous n’avons pas les moyens”, énumère-t-elle. Pour chaque chat, il faut en effet payer un reste à charge, sachant qu’il n’y a pas de frais d’adhésion de la part de l’association qui œuvre principalement sur les territoires de quatre municipalités : Les Noës-prés-Troyes, Sainte-Savine, Saint-Parres-aux-Tertres et Saint-Oulph, auxquelles s’ajoutent les partenaires financiers pour des missions ponctuelles.
La situation inquiète Claude Gardziel. Elle tient à rappeler la nécessité d’une prise en charge des chats errants. En trop grand nombre et regroupés en colonie, ils peuvent être source de nuisances. D’abord sonores, avec les mâles qui miaulent pour appeler les femelles, mais aussi olfactives, avec l’urine sur les murs.
Il y a également le fait qu’ils grattent dans les jardins, entrent dans les maisons, risquent de provoquer des accidents de la route… Sans oublier l’impact sur la biodiversité, due à la prédation. “Quand ce sont des rongeurs, tout le monde est content, mais quand un chat ramène un oiseau, ça fait mal au cœur”, reconnaît la passionnée.
Risque de nuisances
Plus ils sont nombreux, plus ils se reproduisent, plus la gêne est importante. Parfois, même, des colonies auparavant “circonscrites” font surface suite au décès d’une personne qui avait pour habitude de nourrir des dizaines de chats.
Pour éviter ce type de situations, la meilleure solution est de stériliser, assure Claude Gardziel : “Il faut stériliser les femelles. Il vaut mieux payer des frais plutôt que d’avoir une prolifération. Il ne faut jamais laisser un chat de côté, car en six mois tout le travail peut être anéanti”.
On voit que c’est bénéfique. Il n’y a pas de territoire où il n’y a pas de problème de chats errants, sauf dans les communes où il y a un système de fourrière en lien avec une association.
Claude Gardziel, présidente de l'association l'école du chat de l'Aube
Elle raconte que dans les communes partenaires de son association, la population de chats errants est passée de 200 à huit. “On voit que c’est bénéfique, ajoute-t-elle. Il n’y a pas de territoire où il n’y a pas de problème de chats errants, sauf dans les communes où existe un système de fourrière en lien avec une association.”
La présidente redoute toutefois que certaines municipalités ne prennent pas leurs responsabilités et mettent le problème sous le tapis. “Ce qui me gêne, c'est qu’il y a une loi et qu’elle n’est pas respectée. Ce n’est pas placé à la même priorité qu’un trou sur la route", dénonce-t-elle avant d’ajouter : “Si les maires ne veulent rien faire, les chats sont livrés à eux-mêmes. Enfin jusqu’à ce que des riverains se plaignent auprès des maires !”
Certains élus auraient déjà évoqué l'idée de faire appel à des sociétés de chasseurs ou d'utiliser des boulettes empoisonnées. Cela inquiète Claude Gardziel au plus haut point.