Coronavirus : dans l'Aube, la vie de château (confiné) à Fouchères

Le château de Vaux, à Fouchères (Aube), et son propriétaire, attendent les directives du gouvernement. Pour l'heure déjà plusieurs mariages sont annulés, les travaux du bâtiment viennent tout juste de reprendre et la saison estivale est encore très incertaine.

« C’est un château endormi, on espère que ça va reprendre vite, pour le public », commence, dès l'entrée du parc de 60 hectares, Edouard Guyot, jeune propriétaire du château de Vaux à Fouchères (Aube), magnifique bâtisse du 18ème siècle. De la grille, la vue est impressionnante, un chemin de plusieurs centaines de mètres mène à ce bâtiment. Deux cents hectares de forêt entourent le lieu. C'est une véritable plongée dans l'histoire qui s'ouvre à nous.

 


Les châteaux, une histoire de famille

Edouard Guyot a 22 ans, en 2015, lorsqu'il achète le château alors abandonné depuis 80 ans. "On n'achète pas un château comme ça, sur un coup de tête, nous glisse le propriétaire, Dans la famille, on est amoureux des vieilles pierres et du patrimoine, on souhaite faire perdurer ces monuments qui ont fait notre histoire" continue-t-il. 

Et dans la famille, cela se passe comme ca, "on achète des châteaux, et après, on voit comment on peut faire". Son père a ainsi passé sa vie à racheter et réhabiliter des bâtiments du patrimoine français, son oncle est également propriétaire du château de Saint-Fargeau dans l'Yonne.

En 2015, lorsqu'il visite le lieu, il tombe amoureux de ces pierres, et tente un coup de bluff en proposant aux anciens propriétaires (qui en voulaient 4 millions d'euros) de l'acheter un demi-million. Une proposition accepté, alors que le jeune investisseur n'a pas les fonds ! "Il a donc fallu que je trouve le financement. Une seule banque m'a accordé ce prêt, car j'avais tout de même un projet derrière, de visites, d'événementiel pour financer l'achat et les travaux"

Edouard Guyot vit pour l'heure dans une aile du chateau qu'il s'est aménagé, mais l'activité est nulle en ce moment."Il nous tarde que les visiteurs et les touristes reviennent pour continuer à faire vivre le lieu."
   

Les activités à l'arrêt avec la crise

A part quelques ouvriers, qui ont repris les chantiers de la façade, il n'y a pas grand monde qui se promène dans les allées, confinement oblige... "Normalement ici, il y a toujours quelques personnes qui se baladent", glisse le propriétaire. Il faut dire qu'en temps normal, le château de Vaux est habitué à accueillir du public. Chaque saison, 30.000 visiteurs s'y pressent, et le châtelain ne manque pas d'idées pour attirer touristes ou visiteurs locaux : escape game, journées portes ouvertes, festivals de musique et bien sûr les mariages (habituellement, une trentaine d'unions sont célébrés ici chaque saison).

Sur l'aile gauche du château, les granges d'époque, réhabilitées il y a quelques années. L'ensemble dispose d'un gîte et de salles de réceptions, un cadre idéal pour un week-end de mariage en famille et entre amis. Le lieu peut accueillir jusqu'à 95 couchages par nuit !

 


La moitié des mariages annulés

Mais la crise actuelle n'est pas sans poser de problèmes. Une grande partie des mariages sont d'ores et déjà annulés par les clients, "Nous sommes dans l'attente, mais nous avons déjà 14 mariages annulés pour la saison qui devait démarrer ce week-end du 1er mai", déclare Edouard Guyot. 

Un manque à gagner, alors que chaque année, d'importants investissements sont réalisés pour satisfaire la clientèle "mariage". "Nous refaisons actuellement la salle de réception des mariages, avec un nouveau carrelage imitation parquet chauffé pour les soirées un peu fraîches", annonce fièrement le propriétaire.

 


"La saison s'annonce difficile, ca sera peut-être une saison blanche", s'inquiète Edouard Guyot. Mais nous allons tout mettre en oeuvre pour sécuriser nos activités et rassurer le public et les clients si les annonces du gouvernement sont compatibles avec les activités du site". Les mariages représentent 60% du chiffre d'affaire annuel du château et cet argent est nécessaire pour réaliser les travaux de la bâtisse principale, un travail pharaonique.

 


Des travaux engagés sur 20 ans

Car pour remettre le château en état, vingt années seront nécessaires. La première phase est engagée avec la réfection de l'ensemble de la partie centrale exterieure, pour un coût de 700.000 euros. "Remettre en état un tel château, ça a un coût. Sur 20 ans la totalité représentera aux alentours de 3 millions d'euros."

Heureusement, Edouard Guyot peut compter sur des subventions car la bâtisse est classée monument historique. L'Etat, par l'intermédiaire de la DRAC, aide donc, à hauteur de 40% du montant ainsi que la Région Grand-Est, qui met la main à la poche à hauteur de 30%. Reste donc, pour ce passionné d'histoire, à trouver les 30% manquants, qui viennent des recettes des activités mises en place sur le site.

 


A l'intérieur, les travaux semblent presque inimaginables. Tout est à refaire. "C'est la surprise pour les visiteurs, mais ici, ce n'est pas un musée. Nous offrons un tas d'activités et lorsque les visiteurs viennent faire un escape game, ils prennent en quelques sortes part aux travaux. C'est cela qu'ils apprécient."

Pour l'heure, Edouard Guyot est pendu aux décisions gouvernementales sur ce qu'il sera possible ou non de réaliser, "Nous verrons si ce qu'il faut mettre en place ne nous demande pas trop de dépenses, nous mettrons tout en oeuvre pour accueillir les visiteurs dans les meilleures conditions et les rassurer", assure le propriétaire.

 
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