Elles devaient pour beaucoup se tenir en cette mi juin. A cause de l'épidémie de Covid19 la plupart des kermesses et autres fêtes de fin d’année scolaire sont annulées. Des conséquences financières et surtout affectives.
Une fable de La Fontaine en rap, une danse folklorique ou un tube plein de bons sentiments entonné avec ardeur. En cette année 2020 de pandémie mondiale de covid19, il n’y aura rien de tout ça dans les cours d’écoles. En Champagne-Ardenne, comme ailleurs. Aux oubliettes également, provisoires on l’espère, le château gonflable, les jeux en bois, le maquillage et le traditionnel barbecue. Covid oblige, tous les rituels de la fête de l’école sont reportés à l’année prochaine.
"Il n’y a pas l’ombre d’une hésitation", explique la présidente des parents d’élèves de l’école de Luyères (Aube) Laetitia Sébille. A cette heure-ci les rassemblements de plus de dix personnes sont encore interdits. Dans la salle des fêtes, chaque année c’est blindé avec 200 personnes même si nous n’avons que trois classes. Et puis les gens en ce moment sont dans le laisser aller. Je ne peux pas prendre cette responsabilité".
"Je me voyais mal leur demander de préparer un spectacle"
Les fêtes ont été rayées des agendas aussi vite que les sorties scolaires à compter du confinement, même si selon le rectorat, aucune consigne n’a été donnée en la matière. "Vu les contraintes que l’on impose aux enseignants, je me voyais mal leur demander de préparer un spectacle. Ils doivent déjà parvenir à faire classe aux présents comme aux absents dans des conditions souvent stressantes", lance Eliane Plouviez, directrice de l’école rurale d’Estissac, dans l'Aube.
Décision similaire et sans états d’âme pour Philippe Bourbon, directeur de l’école Jean Jaurès à Troyes : "Elle devait avoir lieu ce vendredi soir. C’est sûr qu’on est au taquet et que nos préoccupations vont vers l’accueil d’un maximum d’enfants. En ce moment nous en avons 56 sur 115 au prix de nombreux efforts", commente-t-il. "Et extraordinairement, aucun de ceux qui ont repris ne nous a parlé de l’annulation de la fête qui est pourtant un jour important. C’est normal, ils sont bichonnés".
De l’argent et de la chaleur humaine en moins
Pour Line Heirman la présidente auboise de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre, c’est "vraiment dommage, même si on ne pouvait pas faire autrement. Evidemment on fait une croix sur des rentrées financières. Pour les 15 établissements privés que nous accompagnons, cela représente 60 à 80 % des recettes de l’année. Mais surtout, c’est l’un des rares moments où les parents peuvent se rencontrer et échanger. Techniquement depuis Vigipirate, ils n’ont plus le droit d’entrer dans les établissements".
C’est une année qui va se terminer un peu tristement…
-Line Heirman, présidente de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre dans l'Aube
"Pour les CM2 qui nous quittent, ce sera forcément un peu plus embêtant", note Eliane Plouviez la directrice de l’école d’Estissac. D’autant qu’ils sont dans une classe orchestre et elle a tourné court depuis le confinement. De façon plus prosaïque, nous allons nous priver d’une somme qui approche les 2.000 euros. Grâce à ces fonds récoltés par l’association de parents Les petits Liébautins, beaucoup de sorties peuvent être aidées. Comme cette année nous avons dû renoncer à notre première classe de neige et à une classe découverte, c’est autant de dépenses qui n’ont pas été complètement engagées, cela compense… »
"C’est effectivement une perte, il ne faut pas se leurrer", précise de son côté la présidente de l’association des parents d’élèves de Luyères. Entre 600 et 800 euros , c’est quasiment le prix de notre visite au Parc des Félins l’an dernier. On se pose des questions mais il y a d’autres interrogations".
Recoudre le lien
Pour remplacer la fête et recoudre les liens entre les enfants retournés en classe et ceux restés à la maison, l’école privée Saint-Martin de Châtillon-sur-Marne eu une idée très sympathique. "Nous avons proposé à chaque famille de tourner une courte vidéo de ses enfants et une enseignante de maternelle a assuré le montage sur l’hymne des Enfoirés « à côté de toi », résume Jérome Faniel le directeur. Le résultat est touchant.
Un espoir persiste malgré tout depuis les annonces du président de la République le 15 juin. Selon nos confrères de France 3 Nord, un courrier envoyé le 16 juin par le ministère de l'Education aux recteurs d'académie précise les modalités du retour de tous les élèves dans les établissements : allégement des règles de distanciation sociale en extérieur, fin de la limitation à 15 élèves par classe, maintien du lavage régulier des mains.
Un paragraphe évoque la question des fêtes et kermesses de fin d'année : "Après appréciation du contexte local et si le port du masque grand public pour les adultes ainsi que la distanciation physique sont respectés, aussi bien en milieu intérieur qu'extérieur, il est possible d'organiser d'éventuels rassemblements et événements scolaires (fêtes de fin d'année, kermesse, journées d'activités collectives...)", peut-on lire dans ce courrier que France 3 s'est procuré.