PORTRAIT. Il raconte comment il photographie de beaux orages, "c'est important de ne jamais être dessous"

Franck Chapot est photographe professionnel. Il lui arrive parfois de capturer quelques phénomènes climatiques remarquables, comme les orages, nombreux en cette fin juin 2023. Voici ce qu'il a à raconter sur le sujet.

Le Troyen Franck Chapot est un professionnel de la photographie depuis 2016. S'il est habitué à capturer de beaux monuments ou de jolis messieurs bien vêtus (enfin généralement) avec son objectif, il lui arrive aussi de se tourner vers les nuages et de photographier les orages, comme le dimanche 18 juin 2023. 

Il a raconté sa manière de faire à France 3 Champagne-Ardenne. "Je ne suis pas un chasseur d'orage, je le fais plus par passion. Mon métier, c'est photographe commercial. Les photos d'orage, c'est plutôt un passe-temps."

"J'ai voulu faire ça par plaisir de la photo. Et les évènements météo assez exceptionnels, c'est intéressant à couvrir. Il faut essayer de trouver un bon cliché : par exemple un coup de foudre sur une éolienne ou un élément un peu original. Ou parfois on a des foudres extrêmement ramifiées, qui sont très belles." 

L'attirail du photographe d'éclairs

Pour ce faire, il faut s'équiper un minimum. Même si "c'est assez simple et il ne faut pas grand-chose. Un trépied, évidemment, pour que l'appareil soit stable. Le pied, c'est d'avoir un reflex pour permettre de piloter manuellement tous les réglages de l'appareil [...]. Il faut évidemment un objectif : moi j'ai des grands-angulaires, des objectifs qui ont une focale qui va de 15 à 70 millimètres, c'est pas mal aussi."

"Il ne suffit que de ça pour des photos de nuit. De mettre en pose longue et d'attendre qu'un orage se déclenche là où vous allez avoir votre cliché. Et si vous essayez de faire des photos de jour, évidemment vu la rapidité de l'éclair et la luminosité, vous ne pouvez pas faire des poses longues." 

"Là, il y a un petit appareil qu'on trouve facilement : un détecteur d'éclairs. C'est une petite cellule qui va déclencher l'appareil dès lors qu'il y aura un minimum de changement de luminosité. Ça va très, très vite : à la microseconde. Ça va permettre de déclencher l'appareil de manière automatique : il suffit de diriger l'appareil avec le senseur en direction de la cellule orageuse, et d'attendre. C'est assez simple."

Prévoyance et sûreté 

Mieux vaut ne rien laisser au hasard quand il s'agit de capter l'éclair parfait. "On a des alertes météo. Elles ne sont pas toujours justes au niveau de leur passage précis, mais les tendances permettent de suivre et d'anticiper la ligne de progression des cellules orageuses. Une cellule peut très bien se diriger vers vous, puis s'estomper pour X raison. Ou vous pouvez avoir beaucoup de pluie, mais très peu d'activité électrique : photographiquement, ce n'est pas très intéressant."

Il y a aussi la question de la protection. La plus belle des photographies ne vaut pas de se faire foudroyer. "La première règle quand on va photographier un orage, c'est de ne jamais être sous l'orage. Pour faire une photographie, vous devez être largement en amont, à l'écart de l'orage, mais suffisamment près pour pouvoir réaliser vos clichés. Mais dès lors que vous êtes sous l'orage : c'est trop tard. Vous ne faites plus de photos parce qu'il y a des trombes d'eau qui peuvent vous tomber dessus, ou la foudre. Une règle simple dans ce cas est de rester près de son véhicule, qui peut protéger par effet de cage de Faraday."

Pour faire une photographie, vous devez être largement en amont, à l'écart de l'orage, mais suffisamment près pour pouvoir réaliser vos clichés.

Franck Chapot, photographe commercial

"Évidemment, il faut anticiper. Il faut regarder autour de soi et s'assurer qu'il n'y a pas de nuages venant de la cellule qui sont déjà au-dessus de nous. [Sinon], c'est déjà trop tard." Au cas où, le photographe est équipé d'un système lui permettant de coller son appareil à sa vitre de portière, pour photographier depuis l'intérieur de l'habitacle. Son appareil est aussi tropicalisé, c’est-à-dire qu'il peut fonctionner dans des conditions sévères (tropicales, par exemple), et donc résister un peu à la pluie. Cela ne le rend pas pour autant totalement étanche : il ne s'agit pas d'une chaussure qu'on imperméabilise. Plus généralement, "il ne faut jamais être sous l'orage en extérieur. Photographiquement, ça n'a pas d'intérêt. Et la sécurité est mise en cause, évidemment." 

Le bon moment

Le cliché parfait nécessite un peu de doigté... ou une petite assistance bien pratique. "Il y a un peu d'anticipation. Avec l'habitude, on arrive à peu près à voir comment va évoluer l'orage, même si ce n'est pas une science exacte." De quoi parfois sursauter quand la scène idéale apparaît

"Les gens sont assez friands de paysages, de mise en valeur des territoires. Les gens réagissent assez positivement. Beaucoup pensent que c'est très compliqué de photographier la foudre... mais pas tant que ça, finalement." (voir un résultat ci-dessous via Facebook)

Franck Chapot précise "photographier en format brut". Même s'il "préfère conserver l'authenticité de la scène", il peut être amené à faire du développement photographique "pour rétablir un équilibre de la luminosité, ce qui embellit la photo. Mais ce n'est pas de la retouche : c'est différent, on ne rajoute pas des éléments avec Photoshop." Quoi qu’il en soit, le résultat impressionne toujours.

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