Réintégration des soignants non vaccinés : "J'avais vécu ma suspension comme une trahison"

Le ministre de la Santé a annoncé la réintégration des soignants non vaccinés contre la Covid-19, suspendus depuis 18 mois. Une annonce qui laisse dubitatifs les principaux concernés.

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Alors que le gouvernement a annoncé la levée prochaine de l'obligation vaccinale pour les soignants, les principaux concernés se montrent méfiants. Selon le ministère de la Santé, un peu plus de 1.000 infirmiers sont concernés. La Fédération hospitalière de France parle, elle, de 4.000 personnes dont 500 infirmiers.

Parmi eux, Muriel*, personnel soignant au centre hospitalier de Troyes. Elle ne s'est pas fait vacciner, en raison d'une contre-indication médicale. Mais Muriel a été suspendue de ses fonctions à l'hôpital, car son problème de santé ne rentrait pas dans les exceptions mises en place par le gouvernement et qui permettaient aux soignants non vaccinés de poursuivre leur activité. "J'ai eu l'impression d'être exploitée pendant le Covid, quand on avait besoin de nous, puis d'être jetée comme un mouchoir", soupire-t-elle.

"Je pense vraiment que cette obligation vaccinale a été mise en place pour nous emmerder", lâche Muriel. Elle poursuit : "Certains personnels vaccinés ont été autorisés à travailler alors qu'ils étaient positifs. Et nous qui étions en forme mais non vaccinés, nous n'avions pas le droit."

Malgré son amertume, Muriel se réjouit de peut-être retrouver son travail. "Je suis contente de retrouver les patients, sourit-elle. Et j'ai la chance d'avoir des collègues qui m'accueillent à bras ouverts. Autour de moi, l'ambiance est très sympathique. J'arrive à faire abstraction de l'encadrement" (qui n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet malgré nos sollicitations).

Mais du haut de ses 60 ans, Muriel le concède : "Si j'avais été plus jeune, peut-être que je ne reviendrais pas et que je bifurquerais sur autre chose. Cette manière de faire était quand même très sauvage !"

"J'ai été maltraitée par ma direction"

Martine*, de son côté, n'a pas choisi non plus de se réorienter. Infirmière dans le secteur privé, à Troyes, elle va changer sa manière de travailler. "Je recommencerai à travailler toujours en tant qu'infirmière, mais en intérim."

Elle aussi a été démise de ses fonctions après avoir refusé de se faire vacciner. Pendant cette période où elle n'a pas reçu de compensation financière, elle a créé une microentreprise, grâce à laquelle elle a pu toucher le revenu de solidarité active (RSA). "Cela m'a permis de maintenir la tête hors de l'eau. Je touchais 1.900 euros nets par mois, et j'ai fini à 1.400 euros car cette aide est dégressive."

Une situation difficile pour cette mère de trois enfants qui a toujours du mal à digérer la situation. "J'ai été maltraitée par ma direction. Je les ai toujours dépannés quand ils en avaient besoin. Ils pouvaient m'appeler à toute heure de la nuit, je venais, souffle-t-elle. J'avais vécu ma suspension comme une trahison, comme si l'on m'avait trompée."

Alors aujourd'hui, pas question de retrouver son poste. "Si je devais retravailler pour eux, après tout ce que j'ai subi, j'irais en pleurant. La seule chose qui m'apaiserait serait des indemnités et des excuses du gouvernement", conclut-elle.

Pour l'heure, aucune date n'a été communiquée. Les modalités de cette réintégration des personnels soignants non vaccinés doivent encore être définies.

* Les prénoms ont été changés.

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