Le centre historique de Troyes, le Bouchon, est composé de maisons à colombages. Une architecture qui donne tout son charme au centre-ville, mais la rend aussi plus vulnérable aux incendies.
Troyes, et ses maisons colorées à pans de bois. Certaines datant du XVIe siècle ne sont d'ailleurs plus très droites au fil des années. Mais le charme du centre historique a aussi des limites. Le "Bouchon de champagne" comme le surnomment les habitants, est particulièrement vulnérable aux incendies.
Après l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, faut-il s'inquiéter pour la préfecture auboise? En janvier 1985, un grand incendie avait réduit en cendre tout un quartier de la ville. En cause : les conditions météorologiques. Avec des températures avoisinant les -29 degrés, les lances à eau sont gelées, ainsi que la Seine, et le feu se propage sous le regard des soldats du feu, impuissants. En tout, le feu dévora 10.000 m2 de planchers d'habitations et des 14 magasins et commerces.
Risque de propagations
Aujourd'hui, le Bouchon est particulièrement surveillé par les pompiers aubois. "Effectivement, le centre-ville de Troyes dispose d'un centre-historique à l'architecture qui présente des risques de propagations et des accès difficiles. Tout cela nous impose de prévenir les événements au maximum", explique le colonel Frédéric Goulet, directeur départemental adjoint SDIS 10. Pour ce faire, les soldats du feu disposent de plans très précis du centre-ville, où sont indiqués les emplacements de chaque bouche incendie. "Egalement tous les accès que nous pouvons utiliser ou non, puisque le centre-ville regorge de porches et courettes intérieurs que nous ne pouvons pas utiliser", ajoute le colonel.Pour venir à bout des ruelles et des cours intérieures, les pompiers de l'Aube disposent aussi d'un moyen spécifique, une échelle plus petite, sur roue, qui permet de passer dans ces milieux moins accessibles. Comme c'est le cas pour la ruelle des chats, ici en photo, les rues de Troyes sont très étroites, ce qui accroît les risques de propagation des incendies.
Un dispositif spécial pour la cathédrale
Le colonel détaille : "Par exemple, la cathédrale de Troyes dispose de colonnes sèches dans les combles, avec des lances et des tuyaux pré-connectés, de manière à nous faciliter la tâche." Pour les œuvres d'art, ils disposent d'un document du ministère de la Culture qui spécifie quelles oeuvres il faut absolument sauver.Pour limiter les dégâts en cas d'incendie, les consignes de construction ont également évolué. Dès le XIXème siècle, "on enduisait les maisons de chaux, notamment pour des raisons esthétiques, explique Mathieu Baty, architecte, fervent défenseur du patrimoine local. Il se trouve que l'enduit à la chaux limite les dégâts et évite les propagations de flammes."
Il ajoute : "Deuxième aspect, au XIXème, chacun construisait son propre mur, alors qu'au Moyen-Âge, les murs étaient mitoyens. Quand un mur brûlait, celui du voisin brûlait également."