Les urgences de Troyes (Aube) sont saturées. Pour y remédier, un projet d'investissements structurels et humains dans tout le département a été dévoilé ce vendredi 27 mai.
C'est la première pierre d'un projet très attendu. Ce vendredi 27 mai 2022, les responsables du centre hospitalier de Troyes (Aube) ont dévoilé quels investissements vont être menés pour endiguer l'engorgement des urgences. Au sein desquelles une partie des patientes et patients se rend bien que leur prise en charge n'y soit pas optimale, occasionnant une surcharge de travail pour le personnel.
Il passera par une fidélisation du personnel de l'hôpital (le seul, dans l'Aube, à héberger un service d'urgences avec le centre hospitalier de Romilly-sur-Seine). Les effectifs sont trop peu nombreux pour remplir les nombreuses missions qui lui sont demandées.
Le financement du projet se monte à 30 millions d'euros. François Baroin, maire (LR) de Troyes et président du conseil de surveillance de cet hôpital, s'était initialement ému d'un "abandon" de l'Aube lorsque seuls 20 millions avaient été promis par l'ARS Grand Est (voir carte ci-dessous).
Alors que les salles d'attente continuent de se remplir, si ce n'est de déborder, Philippe Blua, directeur général des hôpitaux de Champagne Sud (dont celui de Troyes), a détaillé les mesures envisagées ou déjà mises en place. Elles sont à la fois liées aux infrastructures et aux moyens humains, et répondent aux observations menées par un comité de suivi des urgences né à la fin de l'année 2021.
Répartitions
Pour diminuer le nombre de personnes se présentant aux urgences "classiques" (par ailleurs dotes de nouvelles capacités d'accueil de courte durée), des urgences gynécologiques et obstétriques ont été instituées au début du mois de mai. Elles accueillent jusqu'à quinze personnes par jour.
Des urgences pédiatriques sont également prévues. En attendant leur ouverture, les moyens humains sont renforcés chez les effectifs qui s'occupent des enfants aux urgences les week-ends (ou fins de semaines) et jours fériés.
L'installation d'un troisième scanner au centre hospitalier de Bar-sur-Aube (Aube) est aussi envisagée. Il pourrait contribuer au désencombrement de Troyes.
Partenariats
Le fer de lance du projet, c'est la mise en place d'un dispositif de services d'accès aux soins (SAS). Leur expérimentation puis généralisation sont souhaitées par le ministère de la Santé. François Baroin l'avait appelée de ses voeux. Le projet sera présenté au ministère à l'automne.
Cette plate-forme téléphonique oriente les appels au 15 vers des médecins généralistes plutôt que les urgences quand c'est possible. Il faut néanmoins souligner que les effectifs de ces mêmes médecins généralistes ont baissé de 10% entre 2020 et 2021.
Un rapprochement est prévu avec la faculté de médecine et le centre hospitalier universitaire (CHU) rémois, via un accueil renforcé des internes, des stagiaires, et des médecins en début de carrière. Ces recrues pourraient officier au sein de différentes structures auboises, et pas seulement à Troyes.
Recrutements
Entre 2020 et 2021, le recrutement de huit médecins a été acté. En 2022, sept autres médecins doivent rejoindre les effectifs. Une vingtaine de postes d'infirmières et d'infirmiers, ainsi que d'aide-soignant(e)s ont été créés (la titularisation a été facilitée, la taille de leurs promotions en écoles augmentée et une antenne de formation à Romilly-sur-Seine prévue pour la rentrée). Huit postes paramédicaux ont aussi été prévus (aux soins, aux brancards mais aussi pour l'accueil ou l'assistance sociale).
Des profils de logisticiens sanitaires ont été mis sur pied pour décharger le personnel soignant des tâches matérielles ou administratives et lui permettre de passer plus de temps avec les patientes et patients (qui ont parfois l'impression de passer à l'usine, comme témoignait une nonagénaire qui a dû patienter 35 heures aux urgences).
La communication, notamment sur les réseaux sociaux, a d'ailleurs été renforcée pour pourvoir ces postes.