"Un rêve de gosse" : il restaure le château de Dampierre et le raconte sur Youtube

En 2021, Antoni Calmon, 39 ans, achète le château de Dampierre, dans l’Aube aux enchères. Depuis, il s’attelle à la restauration dans les règles de l’art de cette bâtisse du XVIIe siècle par l’architecte Mansard et classée monument historique. Des aventures que le médecin partage sur sa chaîne Youtube.

“J’ai été le seul à lever la main et je me suis retrouvé propriétaire”, résume Antoni Calmon à propos de ce jour d’avril 2021 qui a changé sa vie. Lors d’une vente aux enchères où il s'est retrouvé un peu par hasard, le Perpignanais a acquis le château de Dampierre, dans l’Aube, pour 675 000 euros. 

“C’est comme l’amour, parfois on ne sait pas comment on tombe amoureux”, décrit Antoni Calmon, qui se dit toujours “en pleine lune de miel” avec son château, qui avait notamment été séduit par l’impressionnante cage d’escalier. Depuis trois ans, l’homme de 39 ans s’attelle à la restauration de ce domaine bâti en 1660 par le célèbre architecte de Louis XIV, François Mansard, dont le château et le châtelet sont classés monument historique.

J’ai toujours été impressionné par l’évolution de la construction, de l’architecture, des modes de vie sur des périodes différentes.

Antoni Calmon

Propriétaire du château

Un “rêve de gosse” pour ce passionné d’histoire, particulièrement des XVIIe et XVIIIe siècles. “J’ai toujours été impressionné par l’évolution de la construction, de l’architecture, des modes de vie sur des périodes différentes”, explique celui qui, après des études réalisées notamment à Reims et à Romilly-sur-Seine, travaille désormais à Paris en tant que médecin. “Je restaure les gens, comme les monuments”, plaisante-t-il en mentionnant son métier.

Restauration dans les règles de l’art 

Un week-end sur deux,  Antoni Calmon se rend donc dans le petit village aubois pour suivre les avancées des travaux et chaque soir, il échange avec les entrepreneurs. Lui s’occupe de l’aspect administratif avec les dossiers et les diagnostics, obligatoires pour “comprendre comment a été construit le monument et pouvoir restaurer dans les règles de l’art afin de ne pas le dénaturer.”

Son projet ? Une restauration fidèle au château d’origine : style XVIIe avec une décoration plutôt XIXe pour le château de 1 000m² au total et style XVe avec une décoration XXe pour le châtelet moyenâgeux de 200m². Pour cela, Antoni Calmon gère également la direction artistique en dessinant les couleurs des tissus ou les formes de boiseries, avec, comme le veut la loi pour la partie classée, un architecte du patrimoine.

Pour restaurer dans les règles de l’art [...], il faut comprendre comment a été construit le monument.

Antoni Calmon

Propriétaire du château

Autant de défis et d'aventures partagées depuis un an sur une chaîne Youtube qui réunit plus de 50 000 abonnés. À travers une quinzaine de vidéos à ce jour, il nous ouvre les portes du domaine : dans l'une, il décrit la magnifique porte qui a fini d’être rénovée, dans l’autre, nous le suivons à l’intérieur du château. “Je documente parce que je trouve ça hyper bien de pouvoir avoir ces archives et ces souvenirs”, explique-t-il. 

Youtubeur à ses heures perdues

Le médecin partage ainsi les projets des travaux, les avancées, les avant/après et répond aux questions sur le financement et partage la riche histoire de sa propriété. “Beaucoup de gens sont intéressés par ce type de contenu, moi le premier. Je suis à peu près toutes les chaînes Youtube et comptes Instagram de châteaux qui existent”, fait remarquer le passionné.

Sa chaîne est d’ailleurs gérée en collaboration avec un autre Youtubeur, “So Chateaux”, qui s’occupe du tournage et du montage des vidéos. Toutes sont en anglais, avec la possibilité d’être traduites ou sous-titrées en français, afin de répondre au vif intérêt des Américains et des Australiens pour les constructions moyenâgeuses, comme c’est le cas à Dampierre.

Le château médiéval a d’abord appartenu au marquis de Dampierre, puis les propriétaires se sont succédé, avec notamment la comtesse de La Rochefoucauld. Bien des années plus tard, le Vicomte Chalanqui-Beurey, un antiquaire parisien, a tout vendu, “du parquet à la boiserie”, raconte Antoni Calmon : “La légende dit même qu’il avait été vendu pierre par pierre pour les États-unis, à l’époque où les châteaux étaient démontés et remontés dans un autre pays, mais un classement in extremis a permis de bloquer cette vente.”

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La grille d’entrée labellisée

Lors de l’écriture de cet article, la grille d’entrée qui a obtenu un label et les deux pavillons autour sont complètement terminés. Une grange est en construction et des écuries en cours de restauration. Pour la partie classée, trois façades du châtelet sont rénovées.

“La dernière façade et les intérieurs seront terminés a priori cet été. Quant au château lui-même, les travaux devraient démarrer fin 2025, début 2026”, indique Antoni Calmon, qui table sur une fin complète des restaurations dans cinq ans. Il faudra donc faire preuve de patience pour habiter dans sa “maison”, comme il l’appelle, trouvant le terme de château “trop guindé”. “Je ne suis pas un châtelain, mais un propriétaire de maison”, précise-t-il.

Je ne suis pas un châtelain, mais un propriétaire de maison.

Antoni Calmon

Propriétaire du château

Toutefois conscient de la beauté de sa propriété, il ouvre déjà régulièrement le château de Dampierre au public, notamment lors des journées du patrimoine, des concerts ou pour des visites en collaboration avec les collèges alentour. “Le but serait de garder une activité culturelle !”, avance le propriétaire, dont la chaîne Youtube lui permet de gagner en visibilité pour de futures visites, mais aussi pour des dons.

Faire découvrir ce domaine d’exception

Des aides non négligeables étant donné que le montant total des travaux est estimé à 1 million et demi pour le châtelet et plus de 2 millions pour le château. “Je suis accompagné par la Drac pour les parties classées, à hauteur de 40% et la Région abonde de 10 à 20%. Le reste est à ma charge”, explique Antoni Calmon, qui se réjouit de l’ouverture d'une cagnotte pour le parc par la Fondation du patrimoine. 

Malgré l’investissement conséquent requis pour mener à bien ce projet d’ampleur, le futur Dampierrois reste galvanisé par la passion, comme il le confie : “J’avance, j’avance. Parfois je ne sais pas trop pourquoi, mais je ne me pose pas la question !”