Le préfet de la région Grand Est Jean-Luc Marx a remis à Matignon un rapport très attendu sur "l'avenir institutionnel" de l'Alsace avec, à la clef, une possible fusion des deux départements alsaciens, a-t-on appris mercredi auprès de la préfecture.
"Le rapport a été remis à Matignon dans les délais impartis", a indiqué la préfecture de région sans en dévoiler les conclusions. Il a été transmis "la semaine dernière" à "un conseiller du pôle intérieur", précise-t-on à Matignon. Jean-Luc Marx, préfet du Bas-Rhin et de région, avait été chargé en février par Matignon d'étudier une possible fusion des deux départements alsaciens, "sans remettre en cause" leur appartenance à la région Grand Est.
La "renaissance de l'Alsace", deux ans après sa fusion avec la Lorraine et la Champagne-Ardennes, est défendue par de nombreux parlementaires, maires, élus, chefs d'entreprises et autonomistes alsaciens. Le président de la République Emmanuel Macron, a estimé en avril que l'on pouvait "tout à fait imaginer" une fusion du Haut-Rhin et du Bas-Rhin "pour créer un grand département d'Alsace au sein de la région Grand Est". Pour autant, il avait exclu une sortie de l'Alsace de cette région. Les présidents des deux départements alsaciens ont remis en mai leur propre rapport au préfet, basé sur une consultation en ligne des habitants du Haut-Rhin et du Bas-Rhin et allant dans le sens de la création d'une "collectivité territoriale à statut particulier comme en Corse".
"Nous espérons que l'avis du préfet soit un véritable bond pour l'Alsace", a expliqué à Brigitte Klinkert, présidente du Haut-Rhin. Ceux-ci souhaitent une "eurocollectivité" qui "dans une période de crise, permette à l'Alsace de retrouver sa vocation rhénane et européenne, au sein du Grand Est", a-t-elle ajouté. "La fusion sèche n'a aucun intérêt", plaide Eric Straumann, député LR du Haut-Rhin qui plaide pour l'attribution à cette Alsace "de compétences pleinement définies : économique, linguistique (...) par délégation de l'Etat". Unser land, parti autonomiste, a aussi proposé son "projet pour une collectivité territoriale d'Alsace". Une Alsace qui serait dotée d'une "assemblée délibérante sur le modèle corse" au sein de laquelle siégeraient des élus des territoires alsaciens, élus par canton, a détaillé Andrée Munchenbach, présidente du mouvement. Matignon n'a pas précisé quelle communication sera faite autour de ce rapport et dans quels délais. Les élus espèrent une décision du gouvernement à l'automne.