Bac 2019 en Lorraine: des milliers de copies retenues par les professeurs grévistes

A trois jours des résultats du bac, les professeurs du collectif lorrain inter-lycée se sont réunis pour convenir de la conduite à tenir quant à la remise des copies, qui devaient être données au rectorat ce 2 juillet à midi. Pour contester la loi Blanquier, des milliers de copies sont retenues. 

Ils devaient rendre les copies du baccalauréat au rectorat à midi, ce mardi 2 juillet.
Pourtant, plus de 2.000 copies sont assignées à résidence par les professeurs du collectif lorrain inter-lycée, qui cherchent à faire entendre leur opposition à la réforme du nouveau bac, qui sera mis en place à la rentrée de septembre 2019. Ce 2 juillet, ils étaient une trentaine à se réunir en assemblée générale dans un estaminet à Nancy, pour se concerter sur la conduite à tenir jusqu'aux résultats.

Copies corrigées mais résultats bloqués

Ils enseignent la philo tout comme les SVT, et viennent des lycées Chopin, Loritz, Stanislas ou encore Poincaré à Nancy, mais aussi de Metz, Pont-à-Mousson, Sarreguemines et Toul.

Les professeurs du collectif lorrain inter-lycée ont conduit une nouvelle assemblée générale, avec dans son ordre du jour, le compte rendu du dépôt des bordereaux des bacheliers chez un huissier. Ces bordereaux, qui comportent les numéros des candidats et leurs notes, ne sont en effet pas accompagnés des copies d’élèves, mais confirment légalement que ces dernières ont été corrigées.

Ces plus de 2.000 bordereaux ne peuvent être saisis par l’Education Nationale sans une décision de justice, seul pouvoir légitime pour en ordonner la saisie. Mais même récupérés, les bordeaux ne suffiront cependant pas à donner leurs notes aux futurs bacheliers: lors de sa délibération, le jury a besoin des copies en cas d’harmonisation des notes.

L’annonce des résultats du bac, prévue pour le vendredi 5 juillet, risque donc d’être suspendue jusqu’au rendu de ces copies.

Un "crève-cœur" nécessaire

Si élèves et parents trépignent dans l’attente des résultats, pour ces professeurs, retarder leur publication n’est pas une partie de plaisir:

C’est nous qui préparons les élèves toute l’année pour cet examen: c’est aussi notre aboutissement 
- Une professeure du collectif inter-lycée

"On y a été forcé". Forcés, disent-ils, parce que les enseignants se mobilisent depuis mars 2019 contre la réforme du ministère de l’Education. Ce projet d’"une école de la confiance", ils la jugent au contraire "inégalitaire, et relevant d’une idéologie élitiste".

La réforme prévoit entre autre la suppression des filières ES, L, S pour des spécialités.
Sur le papier, un choix plus large et plus divers est offert aux élèves; mais en réalité, les options ne sont pas présentes dans tous les lycées.
A Nancy par exemple, onze spécialités seront proposées aux élèves qui rentrent en 1ère au lycée Poincaré, en centre-ville de Nancy. Pour les élèves du lycée Georges de la Tour, situé dans le quartier du Haut du Lièvre, seules cinq spécialités seront ouvertes à la rentrée.

De plus, selon les enseignant "les programmes sont trop chargés, ce qui signifie qu’on ne pourra plus attendre les élèves les plus en difficulté pour avancer ".

Convaincu d’agir dans l’intérêt de leurs élèves, les professeurs cherchent à discuter avec le gouvernement, qui communique aux élèves et aux parents mais reste "silencieux" avec les professeurs.

Il s’agit d’une réforme imposée par des gens qui n’ont pas d’élèves en face d’eux. 
- Une professeure du collectif inter-lycée

Si, pour l'instant, les professeurs accumulent les jours de salaires perdus, ils restent inquiets face au manque de dialogue et de communication du rectorat, qui leur font redouter d’éventuelles sanctions à leurs égards à la rentrée.

Ce n’est pas nous qui prenons les copies en otage, mais bien le ministre qui prend en otage les générations à venir.
- Une professeure du collectif inter-lycée

 

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