De la danse en costumes d'époque, mais aussi du chant et des petits dialogues pour nous plonger dans la vie du village, il y a 100 ans... Le groupe folklorique de Seebach propose un spectacle inédit qui fédère toutes les générations. Rendez-vous ce samedi 4 mai pour en prendre plein les yeux.
Le pari semblait un peu fou, mais ils l'ont fait. En à peine quatre mois, les danseurs du groupe folklorique de Seebach ont réussi à monter un grand spectacle. Du jamais-vu pour eux, habitués à enchaîner des séries de quelques danses lors de fêtes et festivals, mais pas à animer la scène pendant plus d'une heure. Ils relèveront le défi ce samedi 4 mai.
"Née à Seebach en 1920" retrace les temps forts du quotidien au village autrefois, rythmé par les saisons et les traditions : le travail aux champs à la sortie de l'hiver, la période des conscrits et le mariage. Trois tableaux, inspirés de la vie d'une figure locale, Madeleine Rott, la dernière habitante à s'être mariée selon les rites de la Streisselhochzeit, avec son mari Hans.
"On ne raconte pas son histoire, pas du tout, insiste Yolande Brinster, directrice artistique du groupe folklorique. Mais ce qu'elle a vécu, la grande majorité de la population l'a vécu aussi à Seebach. Madeleine est la seule centenaire du village. Elle fait partie des membres-fondateurs de notre association et a côtoyé plein de gens, c'était donc un bon repère."
Une fillette, une adolescente puis une jeune femme incarnent Madeleine au fil des tableaux, entre danses, chants et dialogues, quasi exclusivement en alsacien.
Sur scène en habits de travail, une première
Pour ce spectacle, la troupe casse décidément ses codes. Pour la première fois, elle dansera en habits de travail sur scène. Des vêtements, en partie transmis par la famille de Madeleine Rott. Comme ce tablier qu'elle portait tous les jours et cet autre, un peu plus élégant, qu'elle enfilait par-dessus pour "se rendre à la Coop". "On les a trouvés tellement beaux qu’on a eu l’idée de danser avec, en plus de nos costumes de fête", confie Corinne Vogel, la présidente.
Il a ensuite fallu les reprendre pour les adapter, voire les réparer. Un énorme travail, en grande partie réalisé par Céline Jacky. La trentenaire a également confectionné de nouvelles pièces, sur le modèle des anciennes. "On a cherché du vieux tissu et des rubans d'époque pour que tout soit le plus authentique possible, explique-t-elle, en train de s'affairer à sa machine à coudre. Cela nous a pris du temps. Au sein du groupe, on est tous contents de porter ces vêtements et je me dis que les anciens, là-haut, doivent être fiers de nous voir ressortir tout ça."
Le souci de l'authentique est poussé jusque dans les moindres détails. L'association a fouillé dans les archives pour dénicher de vieux documents. Des photos notamment, qu'elle a agrandies et analysées. Par exemple, pour reproduire les coiffures d'antan : "Les fillettes dansent coiffées de bonnets. On leur a toujours fait des tresses parce qu’on voyait ça chez les anciens. Mais on n’avait jamais épluché de photos en détail. Et là, lors de nos recherches, on a constaté que les filles portaient des rubans en velours dans les cheveux. Donc on fait pareil", détaille Corinne Vogel.
L'avenir s'annonce radieux pour le groupe folklorique de Seebach
Dans le même esprit, les couronnes arborées par les danseuses viennent elles aussi d'être refaites, à partir de perles de verre et de cire, ainsi que de fleurs. Piquées les unes après les autres sur un fil de fer puis assemblées. "20 heures de travail pour une seule couronne. Et il a fallu en faire 24...", sourit Céline Jacky.
Un dévouement assez incroyable, que partage Tania Binder. Son rôle à elle : broder les initiales des danseurs sur leur chemise. "Cela se faisait systématiquement à l'époque. Quand on trouve des vêtements aujourd'hui, on sait dire s'ils appartenaient à notre grand-mère, à notre arrière-grand-mère ou à quelqu'un d'autre, grâce à ces initiales. Et nous, ça nous permet aussi de nous y retrouver, de savoir quelle tenue est à qui le jour du spectacle", plaisante-t-elle, aiguille à la main.
Nouvelles tenues et membres archi-mobilisés... l'avenir s'annonce radieux pour le groupe folklorique de Seebach. Il compte environ 80 membres, dont de nombreux adolescents et des enfants qui viennent compléter ses rangs chaque année. L'idée du spectacle a d'ailleurs été soufflée par de jeunes danseuses, récemment devenues animatrices.