"Autoritaire, directif, impossible à cerner": un des anciens avocats de Jean-Marc Reiser témoigne

"Froid", "autoritaire", "j'avais peur de le croiser dans l'ascenseur"... : témoignage des personnes qui ont croisé Jean-Marc Reiser, mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration dans l'affaire Sophie Le Tan, cette étudiante strasbourgeoise disparue le 7 septembre.

Qui est Jean-Marc Reiser ? Nous avons interrogé des personnes qui ont croisé cet homme de 58 ans, mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration dans l'affaire de la disparition de Sophie Le Tan. Ses voisins, un de ses anciens avocats. Ils décrivent un homme froid, imposant et autoritaire, une personnalité impressionnante qui marque les esprits et reste en mémoire. Le procureur de la République et le directeur de la police judiciaire du Grand Est décrivent un homme taiseux au profil de prédateur.
 


L'affaire Françoise Hohman, disparue en 1984

Il y a trente-quatre ans, Jean-Marc Reiser a été au centre d'une autre sombre affaire de disparition. Une jeune femme de 23 ans, Françoise Hohmann, représentante en appareils ménagers disparaissait dans le quartier de Hautepierre en 1984 à Strasbourg. Son corps n'a jamais été retrouvé. Son dernier client s'appelait... Jean-Marc Reiser. Mis en cause onze ans plus tard pour le meurtre de cette jeune femme, il avait finalement été acquitté par la cour d'assise du Bas-Rhin en septembre 2001.
 



Un lourd passé judiciaire

Jean-Marc Reiser a été condamné par la cour d'assises de la Côte-d'Or en mai 2003 à 15 ans de réclusion criminelle pour viol en 1996 et pour viol aggravé sous la menace d'une arme en août 1995. Jean-Pierre Degeneve a été son avocat, lors d'un précédent procès en 2001. Commis d'office pour assurer la défense de Jean-Marc Reiser, il se souvient d'un homme "autoritaire" et "directif dans les entretiens". "Le président a eu toutes les peines du monde à essayer de le faire parler de lui-même, ajoute l'avocat. "Et d’ailleurs les experts psy avaient relevé à l’époque qu’il mettait des barrières à l’entretien les empêchant ainsi de creuser sa personnalité, c’est assez rare pour être relevé."

Trop de force, trop d'autoritarisme

Maître Degeneve garde un sentiment de malaise de ce procès et de cet homme : "Quand vous n’arrivez pas à avoir un contact profond avec vos clients, vous ne pouvez pas assurer une défense absolue. Un avocat doit puiser sa force dans les relations qu’il a avec son client pour pouvoir exprimer avec d’autres mots, des mots plus profonds, la personnalité de son client, ce qui peut conduire à douter des faits qui lui sont reprochées. Là il a un peu saccagé ma défense parce qu’il faisait preuve de trop de force, trop d’autoritarisme."
 


Quelqu'un qui fait peur

"Il était grand, un regard froid, toujours dans son coin. A peine s'il disait bonjour !" Quelques jours après l'interpellation de l'unique suspect dans la disparition de Sophie Le Tan, Eric Petrovic, un voisin de l'immeuble, se souvient d'un homme très distant, à l'attitude peu avenante. Impression confirmée par un autre résident : "Beaucoup de gens de l'immeuble ne sentaient pas cette personne, avaient vraiment peur de cette personne." explique Xavier Lippert. "C'était quelqu'un de froid, qui fait peur. Beaucoup de femmes de l'immeuble m'ont dit qu'elles n'étaient pas rassurées avec cette personne dans l'ascenseur."

Dans les étages, une mère de famille nous confie en effet avoir eu peur en présence de Jean-Marc Reiser. "Il me dévisageait, il me "scannait" de la tête au pied, j'étais mal à l'aise". "Et puis, quand on sortait de l'ascenseur, il jetait un oeil pour repérer où chacun habitait".

Lors de la perquisition à son domicile le samedi 15 septembre, des traces de sang ont été découvertes, et l'analyse a par la suite prouvé qu'il s'agissait de celui de Sophie Le Tan. "Devant les enquêteurs, et devant le magistrat instructeur, interrogé sur ces constatations qui sont d'importance capitale, Monsieur Reiser a fait le choix de ne répondre à aucune question, il a fait le choix de se taire" a expliqué le procureur de la République Yolande Renzi lors de la conférence de presse annonçant la mise en examen du suspect à Strasbourg.
 

"On a affaire à un profil compliqué, qui n’a pas envie de participer ni d’aider les services de la justice à aider à découvrir la vérité" explique Christophe Allain, le directeur régional de la police judiciaire Grand Est. Sophie Le Tan a disparu alors qu'elle s'était rendue à Schiltigheim afin d'y visiter un appartement. Et c'est en lisant les circonstances de cette disparition que deux autres jeunes femmes ont pu apporter des témoignages déterminants car elles aussi peu de temps avaient eu une expérience similaire.


Un piège fatal

Elles s'étaient rendues au rendez-vous, mais personne ne s'est présenté, scène qu'elles ont rapporté aux enquêteurs. "En fait on peut imaginer qu’il observait ses futures victimes et en fonction de la situation, il passait à l’acte ou pas". "La stratégie était de les amener dans un piège fatal. Pour les deux jeunes femmes, elles ont eu le sentiment qu’il était possible qu’elles tombent dans un piège et elles ont eu le réflexe de pas y aller ce qui les a sauvées.

Jean-Marc Reiser a effectué un travail d'intérêt général au début de l'année dans une médiathèque de Strasbourg dans le cadre d'un sursis prononcé dans une condamnation. Son profil viadeo est encore visible dans le cache de Google.

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