Depuis le 16 décembre 2021, le réseau de bus Ritmo d'Haguenau tourne au ralenti. La plupart des conducteurs ont entamé une grève illimitée, et regrettent que leur direction ait claqué la porte des négociations.
À Haguenau, dans le Bas-Rhin, un mouvement social paralyse une partie du réseau de bus de la ville. Depuis le 16 décembre, 23 des 27 conducteurs sont en grève pour une durée illimitée. Ils réclament une amélioration de leurs conditions de travail et une augmentation de leur rémunération.
Ainsi, depuis la mi-décembre, seuls deux bus circulent sur la ligne 1 (soit un bus toutes les heures) et un seul sur la ligne 2 (un bus toutes les heures et demie). Aucun bus ne circule sur les lignes 3 et 4.
François Besançon est conducteur de bus à Haguenau depuis huit ans, et délégué syndical CGT. Il énumère les dysfonctionnements auxquels lui et ses collègues doivent faire face : "Nous demandons la réparation de nos bus, ce qui n'est pas fait. Il y a d'énormes pannes. Je pense aux coussins d'air des suspensions qui ne sont pas réparés, ou encore aux girouettes, qui affichent les destinations, qui sont cassées."
Un nouveau réseau, mais pas de formation
Les grévistes demandent également l'installation de toilettes aux terminus des lignes pour les conducteurs, ainsi qu'une meilleure protection face au Covid-19 : "On a des bâches en plexiglas, mais on continue à encaisser de la monnaie. Et surtout, on n'est pas prévenu quand il y a un cas de Covid", dénonce François Besançon.
Le 3 janvier, le réseau de bus doit s'agrandir. La ligne 1 doit être prolongée, les lignes 3 et 4 seront modifiées, et une cinquième ligne reliant Brumath à Roppenheim est censée voir le jour : "Mais personne n'a été formé sur ces nouvelles lignes! Si on doit ouvrir les lignes demain, on conduirait dessus sans aucune formation", s'insurge le conducteur.
Des propositions insuffisantes
En plus de ces améliorations des conditions de travail, une revalorisation des salaires est demandée : "Nous demandons 350 € bruts, mais nous savons que nous l'obtiendrons jamais. On est prêt à descendre à 100 € nets."
Depuis le début du mouvement, trois réunions se sont tenues, et la direction a proposé le 23 décembre une hausse de 2%, soit 28 € net : "Totalement insuffisant" pour le délégué syndical. Une prime dite "Macron" de 350 € net a également été mise sur la table.
Notre mouvement continue, et nous sommes prêts à négocier. Si les négociations sont ouvertes, on arrêtera. Mais là, on est dans une impasse.
François BesançonDélégué syndical CGT et conducteur de bus à Haguenau
Une table que Keolis, la société privée qui gère le réseau, a quittée après cette dernière proposition : "Nous refusons la proposition, et la direction a fermé les discussions. Nous sommes au point mort", regrette François Besançon. Et d'ajouter : "Notre mouvement continue, et nous sommes prêts à négocier. Si les négociations sont ouvertes, on arrêtera. Mais là, on est dans une impasse."
Pour lui, le problème s'amplifie depuis que Keolis a repris en main le réseau en 2018, après un appel d'offres de la mairie : "Depuis trois ans, c'est de pire en pire. Il faudrait d'ailleurs que la mairie s'en mêle", propose François Besançon.
Contactée, la mairie d'Haguenau explique qu'elle ne compte pas interférer dans le dossier, et que "les échanges doivent se faire au sein de la société".
On avait planifié une formation à partir du 6 décembre. Sauf que la grève est arrivée, et on ne peut pas former des gens qui ne sont pas là.
Cécile GadratDirectrice du réseau Ritmo
Du côté de Keolis, la direction espère un effort des grévistes : "Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure de trouver un accord. Et nous attendons des demandes plus raisonnables", a réagi la directrice, Cécile Gadrat.
Au sujet du nouveau réseau, elle assure que des nouveaux conducteurs commencent à être formés aux futures lignes : "Nous recrutons une dizaine de personnes pour assurer ces nouvelles lignes. Concernant les conducteurs qui travaillent déjà chez nous, on avait planifié une formation à partir du 6 décembre. Sauf que la grève est arrivée, et on ne peut pas former des gens qui ne sont pas là."
Cécile Gadrat espère que les deux parties pourront faire un pas vers l'autre, et assure que "le maximum est fait pour assurer un minimum de service avec les forces en présence". D'ici une réouverture des négociations, la directrice demande de la "patience" aux usagers du réseau de bus.