Alors que la 38e campagne d'hiver des Restos du Cœur démarre ce mardi 22 novembre, les bénévoles sont inquiets. La précarité est accentuée par la crise de l'énergie. En Alsace, le nombre des bénéficiaires a augmenté de 15% depuis le début de l'année.
Avec la crise de l'énergie, et la guerre en Ukraine, les plus précaires doivent désormais faire des choix, "entre 1 litre de lait ou un litre d'essence", déplore Patrick Gruber, responsable départemental des Restos du Coeur du Bas-Rhin. Se loger, se chauffer ou se nourrir, l'arbitrage devient de plus en plus complexe pour les quelques 27.000 bénéficiaires que compte le département. Une situation sociale qui se détériore chaque jour un peu plus pour les personnes accueillies par les Restos du Coeur. A l'image des chiffres qui remontent du terrain.
Des chiffres toujours plus alarmants
Le constat est alarmant. Selon l'association "depuis le mois d’avril 2022, nous avons connu une hausse très importante de la fréquentation de nos centres d’activités". Depuis le début de la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui en découle, "nous avons + 15 % de personnes accueillies dans le Bas-Rhin (+12% pour la moyenne nationale) par rapport à la même période de l’année précédente" détaille Patrick Gruber. Des familles, des femmes seules avec enfant, des étudiants, des retraités, les profils sont variés. De nouveaux bénéficiaires que "nous ne voyions pas auparavant", la crise énergétique les a plongés dans la précarité. "En 2021, nous avons servis plus de 2,2 millions de repas. Cette année, nous allons sans l'ombre d'un doute, battre des records", s'inquiète le responsable départemental.
Moins de ressources, plus de bénéficiaires
D'autant que la crise impacte tous les secteurs d'activité de l'association. "Certains de nos 750 bénévoles se trouvent en difficulté. Avec l'augmentation des prix du carburant, ils ne sont plus en mesure d'effectuer les trajets pour venir nous aider". Or, leur présence et leur aide sont indispensables. Par ailleurs, les invendus dans les supermarchés que les Restos du Cœur récupèrent habituellement ont diminué de volume. "Depuis le Covid, les gérants des grandes surfaces ont réduit leurs commandes, il y a moins d'invendus. Et donc moins de produits alimentaires et de première nécessité pour nous".
Une crise qui accentue la tension sur l’activité et sur les moyens des Restos du Cœur. L'association qui fait elle aussi face à l'augmentation des prix d’achat des denrées et de l’énergie. Cette 38ème campagne marque le retour de « l’effet ciseaux » : des ressources plus difficiles à mobiliser au moment où les besoins augmentent. "La générosité des Français est donc plus que jamais indispensable !"
Néanmoins, l'espoir demeure "car si tout le monde est frappé de près ou de loin par la crise, la générosité des Alsaciens, elle, est toujours au rendez-vous. Je n'ai pas d'inquiétude à ce sujet" conclut Patrick Gruber