Après 18 mois de travaux, l’annexe abritant la chambre à gaz du camp de concentration de Natzweiler rouvre au public ce samedi 26 novembre. Une nouvelle muséographie permet aux visiteurs de découvrir l’histoire du lieu qui servit de laboratoire aux scientifiques nazis.
C’est la maison des horreurs, l’annexe de l’hôtel du Struthof, située en contre-bas du camp de concentration de Natzweiler (Bas-Rhin).Six pièces dont une chambre à gaz, la seule construite sur le territoire français, en Alsace, alors annexée par les nazis.
Le site est méconnu, car rarement ouvert au public. Il était par ailleurs dépourvu de muséographie. C’est chose faite désormais. Après 18 mois de travaux, l’annexe est de nouveau accessible.
"Le but est d’ouvrir plus grand les portes et de permettre au public de comprendre ce qui s’est passé ici. Voir cette chambre à gaz ne peut que susciter des sentiments forts et de la compréhension, de l’intégration de tout ce qu’a été cette tragédie", affirme Guillaume d’Andlau, le directeur du CERD, Centre européen du résistant déporté.
La chambre à gaz du Struthof n’avait pas de visée exterminatrice, d’où sa taille, toute petite, 9 m2. Elle fut construite en avril 1943 pour servir de laboratoire aux scientifiques nazis.
"Le camp a été utilisé par les professeurs de la Reichsuniversität de Strasbourg comme un lieu où ils pouvaient disposer très facilement de cobayes et d’êtres humains qui n’avaient pour eux aucune valeur et sur lesquels ils pouvaient exercer leur science" explique Guillaume d’Andlau.
Une centaine de personnes y ont péri. Des Roms et des tziganes qui ont succombé à différents gaz de combats, mais aussi 86 personnes juives détenues jusque-là à Auschwitz. "C’est parti d’un postulat du professeur d’anatomie August Hirt qu’il fallait compléter une collection de squelettes car les juifs allaient disparaître", poursuit Guillaume d’Andlau.
Les nazis croyaient à l'extermination totale des juifs, ils entendaient ainsi conserver quelques spécimens. Après le gazage, les corps furent envoyés à l’institut d’anatomie de l’université de Strasbourg. Ils furent retrouvés dans les sous-sols à la libération, certains entiers, d’autres démembrés.
L'exposition présente les parcours de certaines victimes et quelques effets personnels, mais aussi les outils qui ont servi aux expériences nazies.
Autre nouveauté : la restauration de l’annexe, réalisée avec une infinie précaution. "Il fallait très peu toucher à la salle elle-même et garder tous les témoignages de son état de dégradation pour faire acte d’authenticité" explique Pierre Dufour, architecte en chef des monuments historiques.
Un lieu d’histoire et de mémoire à découvrir à partir du samedi 26 novembre, 78 ans presque jour pour jour après la découverte du camp de Natzweiler par les troupes américaines.