En redressement judiciaire depuis le 28 mai, l'entreprise Caddie a été placée en liquidation (avec maintien d'activité) afin d'assurer un revenu pour les salariés. Deux actionnaires ont déposé des offres de reprise. Le tribunal les étudiera sur le fond le 16 juillet.
Le sort de l'entreprise Caddie, placée en redressement judiciaire depuis le 28 mai, reste incertain. Le fabricant de chariots de supermarché alsacien a été placé en liquidation judiciaire, avec poursuite d'activité, par la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne ce jeudi 27 juin. Deux investisseurs ont déposé des offres de reprise, toutes deux jugées "peu encourageantes" par Maître Dulmet, l'avocat du Comité social et économique (CSE).
Le groupe valenciennois Cochez, actuel propriétaire, spécialisé dans le transport et les services industriels, a formulé une offre. Elle prévoit de garder 15 des 110 salariés et non 40 comme proposé mardi 25 juin.
Stéphane Dedieu, ancien propriétaire de Caddie, a également déposé une offre qui reprendrait 42 salariés. Joint par téléphone par nos équipes, il annonce qu'il injectera un million et demi d'euros dans cette reprise, et qu'il préfèrerait laisser passer l'été pour finaliser son projet. Une échéance qui semble lointaine, car Caddie est à court de trésorerie.
Pour les salariés que nous avons rencontrés, ces annonces ne sont ni une bonne ni une mauvaise nouvelle. Ils se sentent fatigués et abattus.
Nouvelle échéance le 16 juillet
Les choses se sont accélérées quand l'administrateur judiciaire a demandé ce 25 juin le placement en liquidation de l'entreprise, alors qu'elle était jusqu'ici "en redressement judiciaire". "Quand vous êtes en redressement, c'est à l'entreprise de s'autofinancer et donc de payer les salaires, explique Me Pierre Dulmet, avocat du CSE. Sauf qu'il y avait un manque de trésorerie. Placer en liquidation, ça permet d'avoir l'assurance de garantie de salaires (AGS), c'est une manière pour l'entreprise de garantir pendant 45 jours une rémunération pour tous les salariés, même sans trésorerie."
Les offres seront présentées au tribunal le 16 juillet. À l'issue de cette présentation, le tribunal rendra sa décision.
En redressement judiciaire quatre fois en 12 ans
Le 10 avril, les membres du CSE avaient appris que le fabricant de chariots faisait l'objet d'une procédure d'alerte déclenchée par le commissaire aux comptes, deux ans après la cession de Caddie à un consortium d'investisseurs mené par l'entrepreneur Pascal Cochez, originaire de Valenciennes. Cette reprise qui avait suscité beaucoup d'espoir et de soulagement chez les 110 salariés.
En janvier 2022, l'entreprise avait en effet été placée en redressement judiciaire pour la troisième fois en dix ans. Un an après, l'entreprise avait annoncé l'arrêt de sa production de chariots en plastique afin de se concentrer sur la production de chariots en métal. Cette production représentait 10% de son activité. La direction avait mis en avant des arguments environnementaux, les chariots en métal ayant l'avantage d'être recyclables. "Une décision stratégique, prise dans l'intérêt de tout le monde : la planète, le client et nous", avait alors déclaré Jonathan Bertrand, le directeur de la société.
Quelque 100 000 chariots sortent chaque année de l'usine de Dettwiller. Fin 2023, un ralentissement de l'activité avait déjà conduit la direction à recourir au chômage partiel.