Quatre hommes ont été arrêtés par des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure, dans la nuit de samedi à dimanche à Strasbourg, dans le cadre d'une enquête antiterroriste. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a apporté des précisions sur cette affaire.
Quatre hommes ont été arrêtés par des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure, dans la nuit de samedi à dimanche à Strasbourg, dans le cadre d'une enquête antiterroriste. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a apporté des précisions sur cette affaire.
Ces arrestations ont été conduites par les hommes de la DGSI dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte il y a quelques jours au parquet antiterroriste, a précisé la source judiciaire.
Elles surviennent moins d'une semaine avant l'ouverture, prévue vendredi, du célèbre marché de Noël, qui attire chaque année une foule d'environ deux millions de personnes dans les rues de la capitale alsacienne.
L'interpellation de ces hommes a été effectuée vers 3h00 du matin dans le quartier de la Meinau, et du Neuhof, au sud de la ville. Les hommes auraient été repérés il y a deux jours, soit vendredi, alors qu'ils attendaient vraisemblablement une livraison d'armes.
En parallèle de ces arrestations à Strasbourg, trois hommes ont également été arrêtés dans la nuit de samedi à dimanche à Marseille. Ils sont actuellement entendus en garde à vue par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
C'est un nouvel attentat qui a été déjoué
Les interpellations des sept hommes interviennent au terme de huit mois d'enquête. Le lien avec le groupe jihadiste Etat islamique (EI) apparaît dans l'enquête. "Deux des suspects interpellés ce week-end s'étaient rendus à Chypre et sont soupçonnés de s'être rendus en Syrie", a affirmé une source proche de l'enquête. De nombreux messages cryptés envoyés des zones du jihad à des membres du réseau ont été interceptés. Cette opération est l'aboutissement d'une enquête ouverte en février 2016 qui avait conduit à une première série d'interpellations le 14 juin, en plein Euro de football. Deux hommes avaient alors été mis en examen et écroués. Soupçonnés d'avoir contracté des crédits à la consommation pour financer des activités terroristes, "ils étaient en contact avec une personne établie en Syrie elle-même surveillée par les services de renseignement français", d'après la source.
La DGSI décide alors de tendre un appât, en mettant en place une cache d'armes dans le Val-d'Oise, surveillée 24 heures sur 24 pendant plusieurs mois, pour tenter d'attirer les autres membres du réseau susceptibles de passer à l'attaque.
Le ministre évoque "une opération terroriste envisagée de longue date sur notre sol". Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si les réseaux strasbourgeois et marseillais sont liés, s'il s'agit d'une attaque coordonnée visant à frapper en même temps plusieurs sites sur le territoire. Bernard Cazeneuve n'a pas donné de précisions sur les éventuels sites ciblés.
Le ministre de l'Intérieur a précisé que depuis le début de l'année 2016, 418 personnes ont été interpellées. Avec 143 interpellations depuis le 1er septembre, et 43 rien que pour ce mois de novembre. Sur ces 43 personnes, 28 ont été déférées.
Remise en question du marché de Noël ?
Le préfet d'Alsace, Stéphane Fratacci, a d'ailleurs précisé récemment qu'"en cas d'informations précises et circonstanciées" sur des menaces terroristes, le marché de Noël pourrait être "suspendu ou annulé".Mais lors d'une conférence de presse donnée lundi 21 novembre, le maire de Strasbourg Roland Ries a annoncé que l'événement serait maintenu, avec des conditions de sécurité renforcée par rapport à l'an dernier.
En 2000, le marché de Noël de Strasbourg avait d'ailleurs fait l'objet d'un projet d'attentat à la bombe, qui aurait visé notamment la cathédrale.
En mai 2014, une filière jihadiste avait été démantelée, avec l'interpellation de sept Alsaciens, qui s'étaient rendus en Syrie entre décembre 2013 et avril 2014. Ils ont été condamnés en juillet à Paris à des peines de six à neuf ans de prison ferme. La peine la plus lourde a été prononcée contre Karim Mohamed-Aggad dont le frère Foued, qui était du voyage en Syrie, a été identifié comme l'un des kamikazes du Bataclan lors des attentats du 13 novembre 2015.
La France est confrontée depuis près de deux ans à une menace terroriste jihadiste sans précédent, qui s'est notamment concrétisée par des attentats en novembre 2015 à Paris et Saint-Denis (130 morts au Bataclan, dans des terrasses de café et devant le Stade de France) et en juillet 2016 à Nice (86 morts).
Pour la seule année 2016, près de vingt attentats et projets ont été déjoués en France, selon une source proche du dossier.
Début septembre, la police a notamment arrêté un commando de femmes jihadistes à l'origine d'un attentat avorté à la voiture piégée, retrouvée le 4 septembre non loin de Notre-Dame-de-Paris bourrée de bonbonnes de gaz, et qui préparaient d'après les enquêteurs une autre attaque "imminente" contre une gare parisienne ou de l'Essonne
"La menace est là"
"Le terrorisme est là. Et la menace est lourde, je n'ose même pas dire, elle est encore davantage plus lourde aujourd'hui", a affirmé vendredi le Premier ministre Manuel Valls, à l'occasion d'une question sur l'état d'urgence, en vigueur depuis les attentats de novembre 2015. "Il y a une campagne présidentielle, avec des réunions publiques", et "les batailles décisives" engagées contre l'organisation Etat islamique dans ses fiefs de Mossoul en Irak et de Raqqa en Syrie, auxquelles la France participe au sein de la coalition, a-t-il expliqué pour justifier une prolongations de l'état d'urgence. Enfin, "la menace est là, elle vient de là-bas, de Syrie, d'Irak, mais elle est évidemment dirigée vers nous", a souligné M. Valls, rappelant notamment le nombre d'attentats déjoués et d'interpellations dans les réseaux jihadistes.François Hollande a affirmé le 15 novembre vouloir prolonger l'état d'urgence jusqu'à l'élection présidentielle d'avril-mai 2017.