L'association en charge du Four à chaux de Lembach (Bas-Rhin), ouvrage fortifié de la ligne Maginot, propose un escape game depuis début juin. Une façon ludique d'entretenir la mémoire, en plongeant dans une intrigue qui se déroule pendant la Seconde guerre mondiale.
Entretenir la mémoire, la maintenir en vie est un défi quotidien face à l'érosion induite par le temps qui passe. Les bénévoles de l'association "Les amis de la ligne Maginot" de Lembach en savent quelque chose. Encore plus parce que l'ouvrage fortifié dont ils ont la charge, à l'image de la ceinture à laquelle il appartient, est souvent raillé pour n'avoir "servi à rien" lorsque l'Allemagne envahi la France au printemps 1940.
Ce cliché un poil réducteur n'entame pas la passion de cette dizaine de bricoleurs et d'amoureux d'histoire, devenus amis et qui se retrouvent chaque mardi d'hiver pour mener des travaux d'entretien. C'est que le fort, construit dans les années 30, est un vieux monsieur menacé par l'humidité, dont la peinture s'écaille et les pièces d'artillerie grincent. Sous terre, "c'est un petit labyrinthe, avec pas moins 4,5 kilomètres de galeries, qui pouvait accueillir jusqu'à 600 soldats", indique Joseph Haensli, président de l'association et guide.
Aborder la mémoire de façon ludique pour attirer les jeunes
Aujourd'hui, l'endroit est idéal, sous terre, pour rester au frais l'été. C'est l'occasion surtout de visiter un musée où armes, uniformes et affiches de propagande se côtoient. On y trouve également un poste de commandement regroupant des mannequins fidèles au poste, cartes et téléphone en main et il est possible de rejoindre une tourelle et de la déployer en actionnant une manivelle. Grâce aux courageux bénévoles, tout est impeccable.
Les touristes et les visiteurs étrangers, Allemands, Américains et Italiens pour la plupart, viennent en nombre, environ 20 000 par an. Mais pour intéresser les adolescents, voire les enfants, il faut rester dans l'air du temps. C'est dans cet esprit qu'un escape game a vu le jour depuis début juin dans les galeries tamisées du fort.
"Le but, c'est attirer plus de familles et plus de jeunes, ces derniers ne s'intéressent plus forcément à l'histoire, estime Joseph Haensli. Grâce à ce jeu, on s'éloigne d'une logique uniquement mémorielle et patrimoniale avec une approche plus ludique. L’objectif étant que les familles visitent le fort une fois le jeu terminé."
Un scénario entre guerre et science-fiction
Pour coller à l'histoire des lieux, le scénario nous plonge bien entendu dans l'univers de la guerre de 39-45, "période sombre et tourmentée", peut-on lire sur le site du jeu. Les participants doivent faire face à une arme tout sauf conventionnelle... une arme botanique appelée "Phlox Rhizome". L'entreprise Myrtille Récréation, spécialisée dans les jeux pour enfants et la création, a aidé l'association à peaufiner le récit.
Un certain "professeur Steinman, un chimiste allemand aux idées folles" a ainsi créé, au sein de son laboratoire installé au cœur du Four à chaux, une plante invasive très virulente par le biais de laquelle il menace de tout détruire. Votre mission ? L'en empêcher et sortir sain et sauf de cette aventure digne d'un film de science-fiction. Certaines parois ont tapissées par de la végétation artificielle pour s'immerger au maximum. Bref, on s'y croirait.
Côté pratique, la partie se joue en équipe de deux à huit joueurs, pendant un peu moins d'une heure, et coûte 8 euros par personne. Les réservations se font du vendredi au dimanche uniquement en ligne via ce lien. Une fois l'été passé, il sera toujours possible de s'inscrire les week-ends, y compris cet hiver.