Un chemin mémoriel a été inauguré jeudi 4 juillet à Ballersdorf (Haut-Rhin) en hommage à 18 jeunes réfractaires alsaciens. Ils ont été fusillés par les nazis en 1943 pour avoir tenté de fuir l’incorporation de force dans l’armée allemande. À chaque étape du parcours imaginé par des collégiens, des sculptures de l’artiste Zed "redonnent vie" aux jeunes disparus.
Trois silhouettes colorées en route vers l’inconnu. Ces sculptures à taille humaine, conçues par l’artiste mulhousien Zed, constituent la première étape du chemin mémoriel inauguré à Ballersdorf (Haut-Rhin) ce jeudi 4 juillet 2024 pour rendre hommage à 18 réfractaires du secteur assassinés par les nazis.
Trois autres étapes complètent ce parcours à Altenach, Hindlingen et Seppois-le-Bas, retraçant le chemin vers la Suisse emprunté la nuit du 12 février 1943 par les jeunes alsaciens fuyants l’incorporation de force dans l’armée allemande.
Un travail de mémoire réalisé par des élèves du collège de la Largue à Seppois-le-Bas. Encadrés par leurs professeurs et l’artiste Zed, ils ont se sont plongés dans les archives pour comprendre cette histoire. "Ils avaient nos âges, raconte Charlotte Saturni, élève en 3ème, c’est ce qui nous touche le plus et le fait qu’ils se soient fait fusiller ».
Les réfractaires étaient âgés de 17 à 33 ans et leur destin tragique renvoie aux pages les plus sombres de l'histoire alsacienne, à l'époque où la région était annexée au IIIᵉ Reich.
Dans sa fuite nocturne, le groupe est intercepté par des gardes-frontière. Un échange de tirs provoque la mort d’un Allemand et de l’un des jeunes. Deux autres réfractaires sont capturés et tués sur-le-champ. Les autres parviennent à s’échapper et à rentrer chez eux, mais tous, à l’exception d'un seul, sont arrêtés dès le lendemain. Condamnés à mort, ils seront fusillés et leurs familles déportées en Allemagne.
"On voulait vraiment redonner vie à ces jeunes réfractaires, explique Rachel Vachet-Valaz, professeur d'histoire-géographie. L’idée était de reconstituer leur chemin par des œuvres d’art".
Rendre hommage autrement que par des stèles grises et tristes. La mission est réussie. Les fameux Flexo de l’artiste Zed avec leur esthétique pop, leur silhouette épurée et universelle, parviennent à restituer toute une palette de situations et d’émotions.
"On voit celui qui est un peu apeuré, qui est attentif, celui qui pousse un peu tout le monde, qui dit : « on y va ! » et celui qui a un peu plus peur, comme on peut l’être dans la vie finalement", confie l'artiste Zed, -David Zeller de son vrai nom-, très touché par ce projet.
L'année prochaine, deux autres étapes compléteront ce parcours à Schirmeck et au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, là où ont été exécutés les réfractaires capturés.