En 1794, au plus fort du mouvement de déchristianisation violente amorcé en France par les révolutionnaires, 16 des 19 religieuses du carmel de Compiègne sont guillotinées après un procès à charge pour fanatisme. En 1947, Georges Bernanos écrit à partir de leur histoire "Dialogues des carmélites". Dix ans plus tard, Francis Poulenc en fera l'opéra le plus joué dans le monde. C'est l'histoire du dimanche.
C'est un retour lyrique et romancé à des sources qui n'existent plus que dans les souvenirs. Le samedi 14 décembre, Dialogues des carmélites a été joué au théâtre impérial de Compiègne. Une première depuis sa création en 1957 par Francis Poulenc. Une première d'autant plus émouvante que cet opéra met en scène l'histoire de seize carmélites exécutées pendant la Terreur. Et dont le couvent se situait à Compiègne, à l'emplacement même du théâtre impérial.
"C’est assez incroyable qu’une œuvre colle autant avec le lieu de sa représentation puisqu’une grande partie de cette histoire se passe au carmel de Compiègne, au même endroit mais 250 ans plus tôt, s'enthousiasme Eric Rouchaud, le directeur du théâtre. C’est assez impressionnant de se dire que cette œuvre s’est jouée là où celles qui l’ont inspirée vivaient, priaient et ont commencé à sentir le danger. D’autant que cette histoire est portée par une musique d’une grande force et d’une grande puissance. Certains des artistes connaissaient déjà l’histoire. D’autres l'ont appris peu de temps avant la représentation. Ils ont pris la mesure de l’enjeu. Et ça n'a pas été anodin pour les artistes de chanter cette œuvre-là à Compiègne."
Un couvent en face du château royal
Le livret de l'opéra de Poulenc met en musique un scénario écrit en 1947 par Georges Bernanos et édité l'année suivante à titre posthume. Ce scenario est lui-même tiré de la nouvelle d'une écrivaine allemande, Gertrud von Le Fort. Chacune des œuvres raconte le sacrifice altruiste et l'amour puissant pour l'Homme et pour Dieu des religieuses du carmel de Compiègne.
Le scénario de Georges Bernanos était prévu pour un film qui ne verra le jour qu'en 1960 avec Jeanne Moreau et Madeleine Renaud. Dans la version lyrique de Dialogues des carmélites, l'intensité, la force et la puissance de la musique font écho à leur martyre et à leur don d'elles-mêmes. Le Dialogues des carmélites, "c’est l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la musique lyrique du XXe siècle", avoue Eric Rouchaud. Et l'opéra le plus joué dans le monde.
"Sur le plan spirituel et philosophique, le texte de Dialogues des carmélites de Bernanos est très proche de la réalité, explique Marie Martin, auteur du livre Les carmélites de Compiègne, S'offrir pour la paix. Mais il y a quelques erreurs historiques. Notamment le personnage de Blanche de la Force qu'il reprend de La dernière à l'échafaud de Gertrud von Le Fort et qui n'a pas existé. Il y a quelques autres imprécisions."
C'est de l'ordre de la relation de voisinage. Marie Leszczyńska, l'épouse de Louis XV, qui était très pieuse, venait régulièrement au couvent avec ses enfants. Elle y avait même une chambre.
Marie MartinAuteure de Les carmélites de Compiègne, S'offrir pour la paix
Voici donc l'histoire vraie des seize bienheureuses carmélites de Compiègne.
Le carmel de Compiègne est le 53e établi en France selon la règle de sainte Thérèse d'Avila. Fondé en 1641, il est situé rue d'Ulm, juste en face du château où la famille royale vient régulièrement séjourner. "Il n'y a qu'une petite rue qui sépare le carmel du château. Entre les deux, c'est de l'ordre de la relation de voisinage, selon Marie Martin. Marie Leszczyńska, l'épouse de Louis XV, qui était très pieuse, venait régulièrement au couvent avec ses enfants. Elle y avait même une chambre. Ce qui va un peu à l'encontre des règles d'un cloître. Mais la famille royale avait quelques privilèges ! Marie-Antoinette, alors qu'elle était encore dauphine de France, avait payé la dot de la dernière prieure, la mère Thérèse de Saint-Augustin, lors de son entrée au carmel. Elles ne se connaissaient pas : celle qui s'appelait Marie-Claudine Lidoine dans le civil lui avait été recommandée par Madame Louise, la sœur de Louis XV, qui était la prieure du carmel de Saint-Denis. Il y avait des liens affectifs et spirituels forts entre les carmélites et la monarchie. Que les gens de Compiègne aient pu y avoir vu des liens politiques, c'est probable. Mais les religieuses n'avaient aucune considération de cet ordre. Aucune n'aurait comploté contre la République. Elles ne l'ont d'ailleurs pas fait. Elles ne vivaient que pour leur foi."
L'expulsion du carmel et la clandestinité
La vie de celles qui sont alors 21 est en effet entièrement dévolue à la prière. Jusqu'à ce que la Révolution française vienne tout bouleverser. La fin de l'Ancien Régime annonce des heures noires pour l'Église. Le 13 janvier 1790, l'Assemblée nationale vote la suspension des vœux religieux : les novices qui n'ont pas encore prononcé ces vœux ne peuvent donc plus devenir religieuses. C'est le cas de la plus jeune du carmel de Compiègne, soeur Constance de Jésus, âgée alors de 24 ans. Un mois plus tard, les biens de l'Église sont confisqués et remis à la Nation qui autorise néanmoins les religieux à rester dans les couvents et les monastères.
Les hommes de la municipalité de Compiègne sont convaincus qu’elles ont été embrigadées et qu'elles sont là contre leur gré.
Olivier Malcurat, co-auteur de la BD Les carmélites de Compiègne, martyres de la Révolution
En février 1790, tous les ordres religieux contemplatifs sont dissous et les vœux sont déclarés nuls car "contraires à la liberté". En juillet, est votée la constitution civile du clergé qui prévoit que les prêtres et les évêques soient élus par les fidèles.
Les affaires politiques nationales vont doucement rattraper les carmélites de Compiègne. Les 4 et 5 août 1790, des membres du Directoire de Compiègne se présentent au couvent et interrogent séparément toutes les religieuses dont les déclarations sont prises en note par un greffier. "Ils disent aux sœurs ‘les vœux religieux, c’est fini. Vous êtes libres’, explique Olivier Malcurat, co-auteur de la bande dessinée Les carmélites de Compiègne, martyres de la Révolution parue en octobre 2022 aux éditions Plein Vent. lls sont convaincus qu’elles ont été embrigadées, qu'elles sont là contre leur gré et qu’elles ne sont pas libres de leurs décisions. Mais les sœurs refusent de partir, disant qu’elles ont donné leur vie à Dieu en toute liberté, qu’elles n’ont été ni contraintes ni forcées, qu'elles ont fait ce choix de vie en pleine conscience et que leur vie n’est pas ailleurs qu’au carmel."
La municipalité de Compiègne étant plutôt modérée à l'époque, les membres du Directoire quittent le carmel en laissant les religieuses tranquilles. En 1791, l'une des carmélites, sœur Elisabeth de Jésus Maria meurt à l'âge de 75 ans. Le carmel ne compte plus que vingt religieuses.
Mais le mouvement de déchristianisation de la France, entamé avec la fin de la monarchie, s'amplifie avec l'avènement de la Commune qui prend le pouvoir en août 1792. Les autorités votent alors un décret expulsant les religieuses des couvents et les moines des monastères et interdisant le port des habits ecclésiastiques en dehors des fonctions sacerdotales. Le 14 septembre, des hommes de la municipalité de Compiègne se rendent au carmel et donnent aux désormais 19 religieuses (la sœur Pierre de Jésus étant décédée depuis peu) deux jours pour partir, abandonner leurs vêtements religieux et se disperser. "Un médecin, ami du carmel, va s’occuper de leur trouver des habits civils et des logements. Elles vont être réparties dans quatre maisons de la ville. Il y a une plaque commémorative sur ces maisons aujourd’hui, explique Olivier Malcurat. Tous les refuges sont assez proches les uns des autres. Et bien que séparées, elles continuent à vivre leur vie de prière : elles ont un petit oratoire dans leur refuge et devant lequel elles prient chaque jour."
Le vœu de consécration : donner sa vie pour la paix
Chaque jour, elles se rendent par une porte dérobée à l'église Saint-Antoine voisine de leurs logements où l'aumônier du carmel leur célèbre la messe clandestinement. C’est dans cette église qu’elles vont prononcer l’offrande d’elles-mêmes en faisant acte de consécration.
La prieure leur fait cette proposition en leur laissant le choix de décider. Ça n'est en aucun cas une décision suicidaire. Elle se dit simplement que si tel est leur sort, alors elles doivent l'accepter. Il ne s'agit pas de provoquer le martyre.
Marie Martin
Car la prieure, la mère Thérèse de Saint-Augustin, comprend que la situation ne va pas s'améliorer pour l'Église en général et pour le carmel de Compiègne en particulier. Elle se rend compte que toutes les conditions du martyre, au sens chrétien du terme, sont réunies. Et cela d'autant plus, qu'au XVIIe siècle, une carmélite de la communauté avait fait un rêve figurant la mort toutes les sœurs de Compiègne, excepté deux ou trois. Toutes, au moment de leur mort, tiennent une palme à la main, symbole du martyre dans le christianisme. À Pâques, la prieure propose donc à ses filles de faire acte de consécration : faire le vœu d’offrir leur vie pour le retour de la paix en France, "pour apaiser la colère de Dieu et que la paix, cette divine paix que son cher Fils était venu apporter au monde, fut rendue à l’Église et à l’État."
"La prieure leur fait cette proposition en leur laissant le choix de décider. D'ailleurs, les deux religieuses les plus anciennes sont d'abord réticentes à l'idée de ce sacrifice. Et si toutes acceptent finalement, ça n'est en aucun cas une décision suicidaire, met au point Marie Martin. Le rêve de la sœur Elisabeth-Baptiste ne pousse pas la prieure à proposer cet acte de consécration. Elle se dit simplement que si tel est leur sort, alors elles doivent l'accepter. Il ne s'agit pas de provoquer le martyre. Elles ne feront d'ailleurs rien dans ce sens. Il s'agit de l'accepter s'il se présente. Et finalement toutes acceptent que leur petite existence soit sacrifiée pour quelque chose de plus grand si c'est ce que Dieu veut."
Elles vont renouveler ce vœu de consécration chaque jour pendant les deux ans de vie clandestine qu'elles vont ainsi mener. Car les choses vont aller de mal en pis : en 1793, alors que Marie-Antoinette est décapitée et que la Terreur s'installe à la tête de l'État avec Robespierre, la déchristianisation est à son comble. Les messes sont interdites tout comme les obsèques religieuses. Les arrestations de prêtres et de religieux se multiplient quand d'autres entrent en clandestinité.
Au printemps 1794, tout s'accélère. "La municipalité révolutionnaire de Compiègne est jugée tiède par Paris, selon Marie Martin. Elle a donc certainement voulu donner des gages se penchant à nouveau sur le cas des carmélites." Le 21 juin, des perquisitions sont menées dans les logements qu'elles occupent : des objets et des images religieuses sont découverts ainsi que des présents faits par les reines de France :
Un procès à charge pour fanatisme
Ce qui suffit aux autorités pour arrêter le lendemain les seize religieuses présentes. Deux sont en effet parties en mars à Rosières-en-Santerre dans la Somme pour aider le frère veuf de l'une d'elles. Une dernière, la sœur Marie de l'Incarnation, est à Paris pour y régler une affaire de succession importante : elle est en effet la fille illégitime de Louis-François Bourbon de Conti, prince de sang car cousin de Louis XV. "Les révolutionnaires savaient où elles vivaient", avance Olivier Malcurat. Ce que confirme Marie Martin : "à l'époque, Compiègne n'est déjà pas une grande ville. Y vivre en totale clandestinité était quasiment impossible. D'autant que les logements de religieuses étaient tous dans un petit périmètre autour de l'église Saint-Antoine."
Pourquoi le tribunal révolutionnaire s'intéresse aux carmélites de Compiègne ? Je pense qu'il fallait faire un exemple.
Marie Martin
Arrêtées alors qu'elles lavaient leurs vêtements civils, elles sont emprisonnées en habits de religieuses dans l'ancien couvent de la Visitation devenue la prison de la ville. Avec elles, 17 bénédictines britanniques d'un couvent de Cambrai. Elles y resteront trois semaines. L'affaire aurait pu rester locale si le Comité de sûreté générale, la police politique et la justice révolutionnaire du régime, n'avait demandé leur transfèrement à Paris. "Pourquoi elles ? Des religieuses ont été arrêtées et guillotinées à Arras. D'autres à Orange, constate Marie Martin. Les bénédictines britanniques n'ont pas été plus inquiétées et ont fini par repartir en Angleterre. Donc pourquoi le tribunal révolutionnaire s'intéresse aux carmélites de Compiègne ? Je pense qu'il fallait faire un exemple."
Le 10 juillet 1794, à la demande de Paris, les carmélites de Compiègne sont transférées à la Conciergerie. Elles sont emmenées dans des charrettes jusqu'à la capitale. Elles portent toujours leurs habits de religieuses, laissant dans leurs cellules de Compiègne leurs habits civils. Des habits que les bénédictines britanniques vont récupérer et garder précieusement comme les reliques qu'ils deviendront des années plus tard.
Le 13 juillet, elles arrivent à la Conciergerie que tout le monde sait être l'antichambre de la guillotine. Entassées dans deux cellules, les religieuses, selon des témoins, acceptent leur sort avec une joie et une sérénité confondantes. Elles prient avec ferveur et entonnent des chants liturgiques qui donnent à ce lieu morbide une atmosphère plus qu'inattendue. Les carmélites savent en effet que leur martyre va s'accomplir. C'est dans cet état d'esprit que, le 14 juillet, sœur Julie-Louise de Jésus, la musicienne du carmel, écrit un testament spirituel sur l'air de la Marseillaise :
Quatre jours plus tard s'ouvre leur procès, mené par Antoine Fouquier-Tinville, terrible accusateur public.
Les révolutionnaires étaient très décidés et voulaient les exécuter.
Olivier Malcurat
L'acte d'accusation reprend le rapport d'enquête transmis par le comité révolutionnaire de Compiègne : elles "formaient des rassemblements et des conciliabules de contre-Révolution entre elles. D'autres conspiraient contre la République (...) Elles avaient des correspondances avec les ennemis extérieurs de la France. Elles sont une réunion, un rassemblement de rebelles, de séditieuses qui nourrissent dans leur cœur le désir et l'espoir criminel de voir le peuple français remis aux fers par ses tyrans". Accusées de fanatisme, l'une d'elles demande en quoi elles sont fanatiques. Fouquier-Tinville répond : "j'entends votre attachement à des croyances puériles, vos sottes pratiques de religion."
"On leur reproche d'avoir détenu des images pieuses, d’avoir caché des armes au carmel - la prieure brandira son crucifix en disant que c'est la seule rame qu'elles possèdent - et d’avoir 'recélé des hommes pour les immigrer', précise Olivier Malcurat. De toute façon, les révolutionnaires étaient très décidés et voulaient les exécuter."
"Le catholicisme est considéré comme l'ennemi de la Révolution. Donc le problème des carmélites de Compiègne, ça n'est pas tant qu'elles sont religieuses, c'est qu'elles sont catholiques, précise Marie Martin. Pour les Révolutionnaires, fanatisme et catholicisme sont une seule et même chose."
Guillotinées et jetées en fosse commune
Les seize carmélites de Compiègne sont reconnues coupables le jour même "de rassemblements et conciliabules contre-révolutionnaires (...), de correspondances fanatiques et d'écrits liberticides". Et condamnées à mort. Quelques heures après la sentence prononcée, elles sont emmenées sur la place du Trône-Renversé, aujourd'hui la place de la Nation, où est installée la guillotine. Sur le trajet, elles entament des cantiques. Ce cortège de religieuses en habits, qui chantent des chants liturgiques et qui ne semblent éprouver aucune peur à l'idée de mourir impressionne les gens amassés sur le parcours.
Elles sont exécutées les unes après les autres, en commençant par la plus jeune, sœur Constance de Jésus. Chacune, avant de monter à l'échafaud, s'agenouille devant la prieure pour lui demander l'autorisation de mourir tandis que les autres continuent de chanter en chœur. Plusieurs témoins diront qu'elles ont, chacune, embrasser les mains de leur supérieure. Mais ce ne sont pas les mains de la mère Thérèse de Saint-Augustin que les carmélites embrassent : c'est une minuscule statue de la Vierge que la prieure avait pu cacher.
Au fur et à mesure que les religieuses sont exécutées, la puissance des chants s'amenuise. La dernière voix audible sera celle de la mère Thérèse de Saint-Augustin : elle avait demandé à être guillotinée la dernière pour ne pas laisser ses filles seules face au martyre.
Leurs corps sont jetés dans l'une des trois fosses communes creusées dans le jardin d'un ancien couvent, aujourd'hui le cimetière Picpus. 1 002 corps sont enterrés dans la première, 304 dans la seconde et aucun dans la troisième. Le nom des 1 306 personnes guillotinées est gravé sur une plaque apposée dans la chapelle du couvent. Parmi elles, 23 religieuses dont les 16 martyres de Compiègne.
Dix jours plus tard, le 27 juillet 1794, Robespierre est guillotiné. Une exécution qui met fin au régime d'exception de la Terreur. Certains y verront l'accomplissement du sacrifice des carmélites de Compiègne.
Sœur Marie de l'Incarnation, la survivante passeuse de mémoire
Le couvent de la rue d'Ulm est vendu en 1795. Il abritera un temps une école militaire puis l'emplacement sera choisi par Napoléon III pour y construire le théâtre impérial qui ne sera jamais achevé. Une plaque commémorative y est apposée en 1994.
Elle va rassembler ses souvenirs des évènements, retrouver des témoins, notamment ceux qui ont été emprisonnés avec les sœurs. Et elle va écrire l'histoire des seize carmélites.
Marie Martin
Le souvenir des carmélites de Compiègne va, lui, perdurer grâce à sœur Marie de l'Incarnation, l'une des trois religieuses à ne pas avoir été arrêtée en juin 1794. "Sœur Marie de l'Incarnation ne retournera jamais dans un carmel, nous apprend Marie Martin. Elle va dédier le reste de sa vie à raconter le martyre de ses sœurs. Elle va rassembler ses souvenirs des évènements, retrouver des témoins, notamment ceux qui ont été emprisonnés avec les sœurs. Elle va rencontrer les bénédictines britanniques. Et elle va écrire l'histoire des seize carmélites."
C'est donc à l'une des trois survivantes que l'on doit la véritable histoire des martyres de Compiègne. Une histoire perpétuée également par les reliques, notamment les habits civils et quelques objets personnels que les religieuses portaient au moment de leur arrestation. Certaines pièces, dont des crucifix et des chapelets, sont aujourd'hui conservées dans le sanctuaire dédié aux religieuses guillotinées au carmel de Jonquière, successeur de celui de Compiègne.
Dans l'une des vitrines, la statuette en terre cuite de la Vierge Marie que les religieuses ont embrassée avant d'être exécutées : avant de mourir, la prieure avait réussi à la donner discrètement à une femme qui se tenait non loin d'elle.
En mai 1906, les seize martyres sont béatifiées par le pape Pie X après neuf ans de procédure. En janvier 2022, le Pape François donne son autorisation pour d'un procès en "canonisation sans nécessité de miracles". Les bienheureuses de Compiègne pourraient donc être bientôt élevées au rang de saintes.