L'histoire du dimanche - Nicolas de Condorcet ou "l'intellectuel en politique", député de l'Aisne sous la Terreur et contre la peine de mort

Desmoulins, Condorcet, Saint-Just : trois grandes figures picardes de la Révolution française, des vies brèves à l'empreinte définitive sur l’histoire de France. Leur point commun : tous les trois sont nés ou ont grandi dans le même département, l'Aisne.

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Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat de Condorcet naît à Ribemont, dans l'Aisne, le 17 septembre 1743. Celui dont on dit qu’il est le dernier philosophe des Lumières, perd son père très jeune, et jusqu'à ses 9 ans, sa mère l’habillera en fille avant de confier son éducation à un précepteur jésuite, à leur domicile. Une maison natale qui existe toujours ; elle bénéficie du label "Maisons des Illustres" et abrite désormais un musée, consacré à l’œuvre de Nicolas de Condorcet.

Un lieu ouvert au public et animé par l'Association Condorcet dont la présidente, Michelle Tasserit, insiste "sur la personnalité particulièrement brillante" de son glorieux occupant.

Condorcet, le mathématicien d'exception

"Le jeune Nicolas fait ses études chez les jésuites de Reims et Paris. Il soutient sa thèse de mathématiques à l'âge de 16 ans devant d'Alembert, illustre scientifique, une célébrité à l'époque", nous explique Michelle Tasserit. D’Alembert, qui deviendra son tuteur puis son ami. "À 27 ans, Nicolas de Condorcet est élu membre à l'Académie de Sciences et en 1782, il entre à l'Académie Française", ajoute encore la présidente du musée Condorcet. Bref, un esprit à l'intelligence hors normes, qui reste célèbre aujourd'hui pour ses travaux sur les statistiques et la probabilité.

Un noble au service du peuple

Malgré ses origines, car Condorcet est marquis, le scientifique s'intéresse au plus haut point aux idées révolutionnaires. Il vit désormais à Paris. Même s'il réside chaque été à Ribemont. La capitale, où sa femme et lui fréquentent la fine fleur de l'intelligentsia du 18e siècle, dont Voltaire, son mentor et ami, mais aussi Thomas Jefferson et Benjamin Franklin, rédacteurs de la Déclaration d'indépendance des États-Unis.

"Des savants, des écrivains, des philosophes, qui échangent sur les grandes idées de liberté de pensée et de religion, d'égalité des races" nous explique Michelle Tasserit. "Nicolas de Condorcet est un homme foncièrement bon, un humaniste. Il milite pour le suffrage universel, la séparation de l’Église et de l’État, l'abolition de la peine de mort et de l'esclavage".

Un visionnaire en politique

Celui qui prône "l'éducation permanente" et milite en faveur des droits des minorités, les femmes, les noirs et les juifs, devient député de l'Aisne à la Convention nationale (le régime politique qui gouverne la France pendant la période révolutionnaire) en 1792. En tant que girondin, et opposé à la peine de  mort, Condorcet vote contre l'exécution du roi Louis XVI. Il préfère une condamnation aux galères à vie. Il se démarque également de la nouvelle Constitution qui vient d'être adoptée. Ce qui lui vaut une condamnation pour trahison.

La longue cavale et une mort mystérieuse

Nicolas de Condorcet est contraint de fuir. Celui qui dénonce le régime de la Terreur, va le subir de plein fouet. "il se terre pendant 9 mois chez Rose Marie Bouchet, veuve Vernet, à Paris. C'est durant ce laps de temps qu'il rédige son œuvre majeure : 'Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain', un acte de foi en l'intelligence humaine" estime Michelle Tasserit.

Pour ne pas mettre en péril sa généreuse bienfaitrice, il quitte sa cachette, erre et se retrouve à Bourg-la-Reine, appelée à l'époque, Bourg-de-l'Égalité. Son état éveille la suspicion dans une auberge où il s'est arrêté pour prendre un repas. Il est arrêté et donne un faux nom lors de son interpellation : Pierre Simon. Deux jours plus tard, le 29 mars 1794, on le retrouve mort dans sa cellule. Il a 51 ans. "Suicide ? Meurtre ? Accident vasculaire cérébral ? On ne l'a jamais su et son cadavre a été jeté dans une fosse commune. On n'a jamais retrouvé son corps" conclut pour nous Michelle Tasserit.

L'hommage de la Nation deux siècles plus tard

L'héritage moral, humaniste, politique et scientifique de Nicolas de Condorcet est immense. En 1989, à l'occasion du bicentenaire de la Révolution, François Mitterrand fait transférer ses cendres, toutes symboliques, au Panthéon. Enfin, en hommage à celui qui militait en faveur "d'une instruction publique commune à tous les citoyens", de nombreuses rues et établissements scolaires portent son nom en France. Dont bien sûr, le collège Antoine Nicolas de Condorcet à Ribemont, la ville qui le vit naître.

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