Crise énergétique : "La situation va devenir intenable", alertent les artisans

En Alsace comme ailleurs, les artisans sont touchés de plein fouet par la crise énergétique. Il est désormais courant que les factures soient multipliées par trois ou quatre. De quoi inquiéter une profession qui n'a pas été épargnée par la crise sanitaire.

Christophe Kupferschlaeger est concessionnaire à Haguenau depuis 2014. Il vend des motos. Jamais il n'a connu une telle situation de crise. "Mon contrat avec ES (Electricité de Strasbourg) se termine fin octobre. Je viens de recevoir leur nouvelle offre. Elle m'indique que les heures d'hiver pleines, celles que l'on utilise évidemment le plus, sont passées de 8 centimes d'euro par kilowatt/heure, à... 56 centimes d'euro! Soit une hausse de 680%. Finalement, je suis parvenu à renégocier un tarif de 54 centimes d'euro. Cela représente tout de même une hausse de 650%!"

Le concessionnaire précise qu'il n'a pour l'instant aucune solution alternative. Les offres d'autres fournisseurs ne sont pas meilleures, ou bien carrément suspendues. Résultat: la facture d'électricité de Christophe Kupferschlaeger va passer de 20.000 à... 80.000 euros pour cette année.

"Nous sommes déjà passés aux ampoules Led, donc nous ne pouvons plus faire d'économies à ce niveau-là, explique-t-il. Et la surface de notre local est de 2000 m2. On peut baisser un peu la température, mais l'on ne peut évidemment pas se permettre de ne plus chauffer. Je pense peut-être me tourner vers un projet photovoltaïque mais cela va prendre du temps"

46.000 entreprises artisanales sans aucune visibilité 

Jean-Luc Hoffmann, président de la chambre des métiers d'Alsace, tire la sonnette d'alarme. "La situation va vite devenir intenable pour les artisans. Coût des transports, des matières premières, hausse vertigineuse de l'électricité... Tout ça mis bout à bout, comment voulez-vous que les gens s'en sortent? C'est tout simplement impossible. Certains vont être obligés de mettre la clé sous la porte."

Selon lui, les 46.000 entreprises artisanales alsaciennes n'ont plus aucune visibilité. "Le bouclier énergétique tarifaire mis en place au début de l'été par le gouvernement concerne surtout l'industrie, et finalement très peu les artisans, indique-t-il. Je demande à ce qu'il soit étendu à tous les artisans, c'est urgent."

"Il faut bien sûr que les entreprises consomment moins, poursuit-il. La pose de panneaux photovoltaïques et l'utilisation de Led sont des solutions, mais elles ne suffiront pas. Ce serait dommage que celles qui ont réussi à traverser la crise sanitaire s'écroulent maintenant. Et c'est un risque important, que l'on ne doit absolument pas minimiser."

La crainte d'un dépôt de bilan

L'impossibilité de payer ses factures, pour certaines entreprises, ce n'est plus une crainte mais une réalité. A Erstein, au sein de la boucherie Fischer Kientzi et Fils, qui emploie 18 salariés, l'heure est grave. La facture d'électricité mensuelle est passée de 2000 à 14 000 euros.

En juin dernier, l'entreprise a déménagé et investi dans de nouveaux bâtiments. "On ne peut évidemment pas couper la chambre froide, explique Julien Fischer, co-gérant. Alors comment faire? Je ne sais pas. On nous annonce une note d'électricité de 26.000 euros pour novembre. Nous ne pourrons pas la payer. Nous accumulons les arriérés. On ne peut pas faire autrement." Il n'a jamais autant redouté le dépôt de bilan.

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