Dans cet ancien camp nazi méconnu, la population locale était détenue pour être "reprogrammée idéologiquement"

Cet été, le mémorial d'Alsace-Moselle propose une thématique de randonnée inédite. Elle permet de découvrir l'histoire d'un ancien camp nazi, où la population locale était "reprogrammée".

Aujourd'hui c'est un paisible lotissement. Il ne reste presque plus rien du passé, mais des traces existent. Elles permettent de raconter l'histoire de ce lieu et des hommes et des femmes qui y ont été détenus. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi y avait construit le camp de sûreté de Vorbruck Schirmeck, à quelques kilomètres du camp de Natzwiller.

Quatre-vingts ans plus tard, Clarisse, Laurence et Denis Barbier, frères et sœurs, découvrent l'endroit avec leur guide, Guillaume Pellenard, responsable du service pédagogique du mémorial.

"Mes grands-parents avaient été internés ici, suite au départ de mon père, parti en Suisse pour ne pas être incorporé de force", explique Clarisse.

Quinze mille personnes ont été internées dans ce camp de "rééducation" entre 1940 à 1944. "L'objectif de ce camp, et ce qui le différencie du camp du Struthof" souligne Guillaume Pellenard, "c'est qu'il était principalement destiné à la population locale. L'objectif final était de reprogrammer idéologiquement les personnes opposées au régime nazi et une fois qu'elles étaient estimées "reprogrammées", elles pouvaient ressortir du camp et se réinsérer dans le système mis en place par les nazis."

"J’en ai mal au ventre de fouler les endroits où les grands-parents sont passés, je ne pensais pas que ce camp était aussi dur que ça", reconnaît Laurence.

À Schirmeck, dans l'actuel lotissement, le visiteur découvre une plaque commémorative sur le bâtiment dans lequel se trouvait l'ancienne Kommandatur, ou poste de commandement du camp de rééducation nazie. 

La rééducation des prisonniers passait par le travail forcé, dans des carrières, des usines alentour, dans la construction de routes. Une vie dure, de privations, punitions et expérimentations humaines. L'endroit aussi servi de lieu de transit vers d'autres camps de Silésie en Pologne.

"On peut aussi se dire que quelque part dans le monde, des gens vivent encore ces moments-là. En 2024, c'est quand même pesant. On se dit que finalement l'humain n'évolue pas tant que ça", se désole Denis Barbier.

Les visites de ce lieu de commémoration sont à réserver auprès du Centre de commémoration Alsace-Moselle. Les nazis ont évacué le camp en 1944, juste avant l'arrivée des troupes américaines. Il a servi ensuite de prison politique jusqu'en 1949 avant d'être rasé en 1953.

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