Des chauves-souris d'une espèce protégée empêchent une commune de réaliser les travaux de rénovation de sa crèche

Près de 350 chauves-souris appartenant à une espèce protégée ont élu domicile sous le toit d'une crèche à Hoerdt, dans le Bas-Rhin. Les travaux de rénovation prévus cet été sont donc reportés d'un an, en attendant d'obtenir un accord de l'État.

La commune de Hoerdt, entre Strasbourg et Haguenau dans le Bas-Rhin, est connue pour être la patrie des asperges. Mais depuis peu, le village fait aussi parler de lui pour sa colonie de chauves-souris. Pas loin de 350 pipistrelles communes ont en effet trouvé refuge sous le toit de la crèche des Lutins. Des animaux qui figurent sur une liste de 23 espèces de chauve-souris protégées en Alsace.

Des intrus insolites dont la présence pourrait rester anecdotique. Sauf que la mairie avait envisagé d’entreprendre des travaux de rénovation du bâtiment, comme c’est le cas dans de nombreuses collectivités en cette période estivale. Le hic, c’est qu’il est interdit de toucher à l’habitat de ces petites créatures, d’une envergure de 20 cm.

Sans autorisation de l'État, il est impossible toucher à l'habitat des chauves-souris

Frédéric Fève, naturaliste indépendant

"Sans monter un dossier de dérogation pour obtenir une autorisation de l’État, il est impossible de toucher à l'habitat des chauves-souris", explique Frédéric Fève, le naturaliste qui les a découvertes en juin. Ce dernier avait répondu à un appel d’offres des services municipaux afin de réaliser un inventaire de la faune avant de démarrer le chantier.

Des solutions pour contourner la sédentarité des animaux

La pipistrelle commune est, comme son nom l’indique, une espèce présente en abondance sur tout le territoire français, y compris en Alsace. "Ce sont des animaux discrets mais il doit y en avoir dans chaque village, estime le spécialiste. Ces mammifères sont plutôt sédentaires, elles entrent en hibernation en fin d’année mais elles ne changent pas nécessairement de refuge. Elles sont actuellement en période de reproduction."

Pas touche donc, pour le moment. De son côté, la commune accueille cette péripétie avec philosophie. "Les travaux devaient débuter dans les 15 jours, précise le maire, Denis Riedinger. Les entreprises ont accepté de les reporter d'un an. Nous devions revoir l'isolation, changer les fenêtres, réparer la climatisation. Enfin, le toit n'est plus conforme aux normes, mais il n'y a pas d'urgence", ajoute-t-il.

D'ici à l'été 2025, de quels leviers disposent donc l'édile et ses équipes pour que la crèche de la commune puisse faire peau neuve ? Selon Frédéric Fève, "il faut prouver que cela ne nuira pas aux chauves-souris à moyen terme". Il est nécessaire donc de réfléchir en faisant intervenir des experts.

Des mammifères qui raffolent des moustiques

"On peut imaginer une solution technique, en agissant au bon moment, quand les animaux sont de sortie. On installe un dispositif anti-retour et des nichoirs autour du site, par exemple. Enfin, une fois les travaux finis, il faut leur permettre de revenir." Une réunion de travail entre les services de la ville et Frédéric Fève est prévue cet été. Le coût global de cette phase de réflexion s’élève à près de 5 800 euros pour Hoerdt.

Au-delà de la satisfaction qui émane de la participation à la préservation de la biodiversité, une contrepartie bienvenue découle de la présence des pipistrelles. "Elles sont insectivores, et mangent donc des moustiques. Le soir, elles sortent assez tôt, dès le coucher de soleil. On peut les observer quand le ciel se trouve entre chien et loup."

Une bonne nouvelle pour les soirées d'été des Hoerdtois ? Rien n'est moins sûr. Malgré la gloutonnerie de ces prédatrices nocturnes, la bataille semble perdue d'avance. "Les chauves-souris mangent beaucoup de moustiques mais il y en a toujours énormément", constate Denis Riedinger.

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