Les bébés busards cendrés sont des oiseaux en danger de mort en Lorraine et plus généralement en France. Les nids sont installés dans les champs de céréales. Mais avec le changement climatique, les moissons se font désormais avec plus de deux semaines d’avance. Les associations de défense de la nature avec les agriculteurs tentent de repérer les oisillons pour les protéger.
En France, la période des moissons est de plus en plus tôt en raison du réchauffement climatique. Cela pose un problème à la fois pour les agriculteurs et pour les associations de défense de la nature. Les nids des busards cendrés, situés au sol et souvent camouflés dans les champs, ne sont pas visibles par les agriculteurs depuis leur moissonneuse-batteuse. Des bénévoles, qu’ils appartiennent à une association ou non, se mobilisent sur le terrain pour signaler les nids aux agriculteurs.
Dans le secteur de Bayon en Meurthe-et-Moselle, nous avons accompagné, Alain, Didier, Muriel et Maxime, quatre sauveteurs bénévoles sur le terrain. Quelques jours auparavant, à l’aide d’un drone, ils ont localisé trois nids dans un champ d'orges. Après avoir contacté l’agriculteur, qui a donné son accord, l’équipe est retournée sur place pour poser des cages à ciel ouvert. Cela permet à la petite famille de poursuivre sa vie et à l’agriculteur d’éviter le nid.
Didier Bracart, bénévole et photographe animalier, raconte : "nous avons trois couples sur cette parcelle, un champ d’orge. C'est exceptionnel. Il est assez rare de trouver autant de nids sur une aussi petite zone. L’agriculteur nous a informés que la moisson est prévue dans quelques jours. Il nous autorise à intervenir. Certains œufs ont déjà éclos, d’autres pas encore."
Un sauvetage délicat
L’intervention se déroule en silence et ne doit prendre que quelques minutes. L’équipe s’approche doucement du nid. Le champ d’orge est à maturité, avec des tiges très hautes. Au son des pas, la femelle, qui est en train de couver, s’envole. À partir de ce moment, elle est stressée et survole le nid pour alerter sur notre présence et surveiller ses petits. Les oisillons sont également stressés. Dans l’équipe, chacun sait ce qu’il a à faire. En quelques secondes, la cage à ciel ouvert est posée autour du nid. Il faut aussi planter des piquets pour éviter les renards.
"Le risque, nous explique Didier Bracart, est que la femelle refuse la protection. Si elle ne revient pas au nid dans quelques minutes, nous devrons enlever la cage. Les petits et les œufs ne peuvent pas rester trop longtemps seuls."
D’ailleurs, depuis la veille, il y a un nouvel oisillon dans le nid, une heureuse naissance qui donne le sourire aux bénévoles.
L’équipe s’éloigne. La femelle tourne et observe. Elle fait de grands tours dans le ciel, nous surveillant attentivement. Elle veut savoir si on lui a enlevé ses petits. Les tours dans le ciel se resserrent.
Elle veut aussi s’assurer que la cage n’est pas un piège. Après plusieurs passages de plus en plus rapprochés, la femelle plonge et retourne couver ses petits. "C’est gagné !" Les bénévoles sont heureux. "Mission accomplie" : la famille de busards cendrés est sauvée.
Recherche de bénévoles
Si ces nids ont pu être sauvés, ce n’est malheureusement pas le cas pour beaucoup d’autres. Les associations de protection de la nature cherchent des bénévoles pour repérer les nids au printemps. "Nous manquons cruellement de personnes pour observer au-dessus des champs et vérifier si des couples se sont installés pendant la période des amours et si le nid est au milieu des champs. Il est essentiel d’informer les gens de contacter la LPO ou n’importe quelle autre association de protection de la nature. Là où il y a un champ de céréales, il y a potentiellement un nid."
Sur le site de la LPO, on peut lire : "en France, près du tiers des 21.000 jeunes qui se sont envolés entre 1984 et 2000, ont été sauvés grâce à l’intervention des bénévoles pendant les moissons."
Un migrateur fidèle
Didier Bracart, photographe animalier, a transmis sa passion à son fils. Il sait presque tout du busard cendré. "C’est un oiseau migrateur qui revient sous nos latitudes au printemps. Le mâle a un plumage gris avec les pointes des ailes noires. La femelle est brune dessus, chamois rayé dessous. Il se nourrit de micromammifères tels que les rongeurs, ce qui arrange les agriculteurs".
Le couple est en principe fidèle pour la vie et revient nicher dans le même secteur. Mâles et femelles, s’entraident pour le nourrissage des petits. On peut assister à de véritables ballets en vol entre les deux. Le mâle va chercher la nourriture et la transmet à la femelle qui reste à proximité du nid.
D’ailleurs, Didier Bracart a de magnifiques photos de ces couples. La ponte a lieu de mi-mai à mi-juin. Il faut environ 28 jours pour que la femelle couve les œufs, puis encore environ 25 jours pour que les poussins deviennent indépendants.