La ville de Schiltigheim a inauguré ce mardi 19 septembre une forêt sanctuaire dans son cimetière Ouest. Les habitants pourront désormais choisir d'inhumer leur urne funéraire au pied de l'un des 55 arbres plantés.
La "forêt sanctuaire" n'en est pas vraiment une pour l'instant car les arbres ont tout juste été plantés. Ce sont pour l'instant des tuteurs en bois qui assurent le maintien des différentes boutures, et qui signalent au visiteur l'endroit des futures sépultures. Mais l'idée est là : des concessions seront désormais disponibles aux habitants de Schiltigheim pour inhumer leur urne funéraire au pied d'un tilleul, d'un merisier ou d'un érable.
"Il faut savoir qu'il y a de moins en moins d'espaces pour entreposer les urnes et que c'est une volonté des citoyens de se faire incinérer, explique Bernard Jenaste, adjoint au maire de Schiltigheim au service de l'Etat civil. Il faut donc trouver de la place, et la forêt peut être une solution à la fois réaliste et écologique". La parcelle concernée fait 5 000m2, soit l'équivalent d'environ quatre piscines olympiques.
Concrètement, il y a huit concessions autour de chaque arbre, chacune d'entre elles signalée par une dalle et un médaillon. "Chaque concession peut accueillir quatre membres d'une même famille, informe Bernard Jenaste. Le coût varie en fonction de la durée de la concession, entre 500 et 2000 euros." Les urnes sont en matière biodégradable et sont prévues pour alimenter l'écosystème de la forêt.
Une tendance qui pourrait se généraliser ?
Si l'Alsace fait partie des pionniers de la forêt cinéraire en France - la commune de Muttersholtz en a récemment ouvert une -, ce concept n'est pas encore très répandu chez nous contrairement à ce qui se fait en Allemagne. "Ils ont pris conscience de l'importance des forêts après la tempête de 1999, et comme il y avait à l'époque la problématique du vieillissement de la population et que la dispersion des cendres n'est pas autorisée en Allemagne, les forêts cinéraires ont été développées", explique Denise Heilbronn, présidente de l'association Au-delà des racines, qui a collaboré avec la ville de Schiltigheim pour créer la forêt sanctuaire.
La société Friedwald, spécialisée dans les enterrements en forêt outre-Rhin, revendique ainsi 161 000 personnes inhumées au pied d'un arbre ces vingt dernières années et 500 000 autres ayant déjà réservé leur concession. La France s'apprête-t-elle à opérer un virage ?
La demande était bien là à Schiltigheim, d'après l'adjoint au maire Bernard Jelaste. "Ce sont les habitants qui ont fait remonter cette envie d'être enterré dans la nature, près d'un arbre. Notre rôle était de répondre à ce besoin". Les arbres seront en tout cas là pour longtemps, car les espèces ont été choisies entre autres pour leur longévité (elles sont toutes pluricentenaires) et leur résistance au changement climatique.