Ce jeudi 1ᵉʳ août, les recherches, entamées mardi, se poursuivent dans la forêt communale d'Anould (88) pour retrouver le corps de la jeune Lina, disparue le 23 septembre 2023 en Alsace. Le profil du suspect se précise.
L'opération de fouilles lancée par la gendarmerie, mardi, se poursuit aujourd'hui, jeudi 1ᵉʳ août, dans le département des Vosges. Comme les jours précédents, plus de 80 gendarmes sont déployés. Ils sont appuyés ce jeudi par une unité de fouilles opérationnelles spécialisée (FOS), a précisé la gendarmerie. Il s'agit d'une unité du génie de l'Armée de terre, qui peut être sollicitée pour rechercher des corps enfouis ou enterrés.
Les recherches se concentrent en forêt communale d'Anould, à une quarantaine de kilomètres au sud du lieu où l'adolescente a disparu.
Ces recherches interviennent quelques jours seulement après la découverte d'un élément qualifié "d'avancée majeure" par la procureure de la République de Strasbourg. Cet indice, c'est le profil génétique de la jeune fille, décelé dans une voiture volée, retrouvée dans le sud de la France, à Sigean (Aude).
Voiture volée en Allemagne
Selon nos confrères du Midi Libre et de Franceinfo, Samuel G., y a été arrêté, début janvier 2024 pour avoir refusé un contrôle douanier, au volant d'une Ford Puma, volée en Allemagne. Il aurait été en possession d'une forte somme d'argent.
La voiture a été conservée à la fourrière de Narbonne jusqu'à ce que les gendarmes de la section de recherche de Strasbourg ne découvrent, en juin, que ce véhicule, figurait sur la liste des voitures ayant été géolocalisées sur le secteur de Plaine (Bas-Rhin), le jour du rapt.
Des prélèvements ont alors été effectués par les gendarmes de Narbonne qui ont établi que l'adolescente était montée dans cette voiture. Impossible de n'y voir qu'une coïncidence. Le véhicule a ensuite été remis à l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie pour de plus amples investigations.
Samuel G. avait été condamné en comparution immédiate, après une brève incarcération, à une peine de 15 mois de prison avec sursis probatoire. Il avait ensuite été remis en liberté.
Un homme "limite" psychologiquement
On en sait plus désormais sur Samuel G., retrouvé pendu à son domicile de Besançon (Doubs), le 10 juillet dernier.
Il a été poursuivi pour deux vols avec violence à Besançon, commis le 25 août 2023, et n'avait aucun antécédent judiciaire au moment de ces faits, a précisé mercredi le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.
À Besançon, cet homme, avait été poursuivi pour deux vols commis le même jour d'août 2023. Il lui était reproché d'avoir dérobé le sac d'une femme âgée de 90 ans, la faisant chuter au sol et la blessant sérieusement puisqu'elle avait eu 42 jours d'incapacité temporaire totale de travail (ITT), puis d'avoir soutiré 400 euros d'un tiroir-caisse sous la menace d'un couteau. Les images de vidéosurveillance ont permis d'effectuer rapidement un rapprochement entre les deux larcins, mais le suspect n'a été interpellé que le mois dernier. "L'enquête ne va pas progresser dans un premier temps puisque son visage est totalement inconnu des enquêteurs", explique le procureur de Besançon.
Le 12 juin, le dossier connaît cependant une "avancée inattendue" quand le quadragénaire est placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour séquestration. "Une femme toxicomane dépose plainte contre lui pour séquestration, mais les investigations démontrent rapidement que les affirmations de la plaignante -au travers des analyses de sa téléphonie notamment- sont erronées, et la garde à vue de cet individu va être levée", poursuit M. Manteaux.
Cependant, un enquêteur le voit dans les locaux du commissariat, et reconnaît en lui le voleur filmé le 25 août 2023. Samuel G. est donc de nouveau interpellé le 17 juin et reconnaît les vols qui lui sont reprochés.
Il est déféré le lendemain au parquet de Besançon qui opte, compte tenu du fait qu'il apparaît "extrêmement dépressif", pour une comparution différée, le temps d'effectuer une analyse psychiatrique.
Le quadragénaire est placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de sa comparution prévue le 22 juillet.
Le 25 juin, il s'entretient avec un expert psychiatre qui diagnostique un trouble de la personnalité de type "état limite", c'est-à-dire à la limite d'une maladie psychiatrique vraiment installée, avec des symptômes dépressifs importants.
Séjours en hôpital psychiatrique
Le suspect lui déclare avoir été hospitalisé au moins trois fois en milieu psychiatrique ces dernières années et avoir commis des tentatives de suicide.
Il lui dit avoir "disjoncté" à partir de 2023, date à laquelle il cesse de travailler alors qu'il avait auparavant exercé les métiers de menuisier, enseignant en menuiserie dans un lycée professionnel et commercial.
"Je dégringole de plus en plus bas chaque fois", lui déclare-t-il aussi.
L'expert relève qu'il consomme beaucoup de produits toxiques : alcool, cannabis et cocaïne. Dans son rapport, il fait état de sa "dangerosité". Peu de temps après, Samuel G. se suicide, le 10 juillet, laissant à ses deux fils (il est séparé de leur mère) une lettre d'excuse et des courriers.
"J'ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité, je dois partir. Je ne sais pas me contrôler, ça va trop vite. Je souffre trop, c'est mieux ainsi", écrit-il dans ces derniers mots.
Suite à son décès, le tribunal correctionnel de Besançon a constaté le 22 juillet 2024 l'extinction de l'action publique. Figurait par ailleurs à son casier judiciaire une condamnation par le tribunal correctionnel de Narbonne, le 22 janvier 2024, pour une infraction routière (V.plus haut).
L'enquête sur cette disparition est menée par le parquet de Strasbourg, lequel n'a pas souhaité communiquer mercredi.