Celui qui serait désormais le principal suspect dans l'affaire Lina vivait à Besançon, où il s'est donné la mort début juillet. Des voisins révèlent qu'il aurait, neuf mois après la disparition de Lina, tenté de séquestrer une femme à son domicile.
Les escaliers, en bois, sont propres, la peinture grise des rambardes semble presque récente. Si la façade de cette maison du paisible quartier excentré des Prés-de-Vaux ne paie pas de mine, ses parties communes sont visiblement soigneusement entretenues. L'habitation a été séparée en plusieurs appartements. Sur la porte blindée de l'un d'entre eux, aux derniers étages, le rouge vif des scellés tranche avec le reste des lieux. "Nature de l'infraction : enlèvement, séquestration" peut-on lire.
C'est dans cet appartement, que vivait depuis plusieurs mois Samuel G., désormais désigné comme étant le principal suspect dans l'affaire Lina, disparue depuis le 23 septembre 2023. L'homme de 43 ans, résident de Besançon (Doubs), s'y est donné la mort, le 10 juillet dernier.
Une femme se serait enfuie de son appartement en juin
L'un de ses voisins se souvient très bien de cette journée. Les sapeurs-pompiers ont dû déployer une échelle pour accéder à l'appartement : "son père venait le voir tous les jours, mais comme le fils avait paumé les doubles des clés, il ne pouvait pas rentrer", raconte-t-il. "Il avait trouvé un mot, il était tout affolé". Dans l'appartement sous les toits, Samuel G. s'était pendu.
L'homme, discret, ne parlait guère avec ses voisins. "Je le voyais de temps en temps, rentrer, sortir, il était en vélo". Mais quelques semaines auparavant, il avait déjà troublé le calme de ce quartier : "c'était en juin", "les policiers sont venus le chercher" rapporte son voisin.
"Il avait séquestré une dame !", n'en revient toujours pas le retraité. "Ça faisait quatre, cinq, jours qu'elle était séquestrée au-dessus, et elle a réussi à se sauver et à demander de l'aide à un artisan qui travaillait en bas". Placé en garde à vue, il avait retrouvé son logement deux jours plus tard.
Selon nos informations, l'enquête a cependant été classée sans suite. Les éléments matériels auraient été trop peu nombreux.
Le 22 juillet, Samuel G. devait comparaître devant le tribunal correctionnel de Besançon. Il était accusé d'avoir violemment agressé une nonagénaire, et braqué une supérette, menaçant de "planter" la caissière avec un couteau en août 2023. Des actes de violence qui tranchent avec les premiers souvenirs que le voisinage garde du quarantenaire.
"Il avait changé"
Bien avant de retrouver cette maison au début de l'année 2024, il avait déjà vécu dans ce logement, "il y a longtemps, quinze ans peut-être", se souvient son voisin. "Il retapait la maison avec son oncle", explique-t-il. "Quand l'appart a été refait, il a habité en bas et il avait des petits gamins". "Il les amenait faire du vélo, il s'occupait de ses gamins, c'était un bon papa" affirme le retraité, qui évoque une séparation conjugale et une garde alternée, avant son déménagement pour une autre adresse.
"Il était sympa, et après, quand il est revenu, on a vu qu'il avait changé", poursuit le retraité. "Il n'avait plus envie de causer".
Nos confrères de l'Est Républicain évoquent un profil "violent et instable sur le plan psychiatrique", plusieurs fois interné.
Les ADN de Lina et du suspect retrouvés dans une même voiture
Son suicide, le 10 juillet, coïncide avec une accélération de l'enquête autour de la disparition de Lina. L'adolescente de 15 ans n'a plus donné de signe de vie depuis le 23 septembre 2023. Ce jour-là, elle avait quitté la maison familiale à Plaine (Bas-Rhin) et se rendait à pied à la gare de Saint-Blaise-la-Roche à trois kilomètres de là, pour rejoindre son petit ami à Strasbourg. Son téléphone a cessé d'émettre à 11h22.
Le parquet de Strasbourg a annoncé, ce vendredi 26 juillet, que le "profil génétique" de Lina avait été découvert dans une voiture volée, retrouvée dans le sud de la France. Selon plusieurs médias, qui citent des sources "proches du dossier", Samuel G. aurait conduit cette voiture. Son ADN aurait été lui aussi identifié sur le volant du véhicule, dont les données de géolocalisation ont permis aux enquêteurs de confirmer qu'il avait été présent dans la zone de la disparition de Lina, au moment où elle s'est volatilisée.