Le joli mois de mai n'a jamais aussi mal porté son nom. Pluies et orages se succèdent à un rythme effréné, infligeant de gros dégâts aux différentes cultures et notamment au maraîchage dans le Bas-Rhin. Asperges, fraises, mais aussi salades sont menacés.
"Ça fait 40 ans que je fais de la fraise, je n'ai jamais vu ça ! déplore Jacques Herrmann, producteur à Duntzenheim. Il y a de l'eau partout dans les allées, on doit sans arrêt enlever les fraises pourries, je pense que cette année, on est à 70/80% de perte".
La conséquence, évidemment, des pluies et des orages qui se succèdent en Alsace et notamment sur le Bas-Rhin depuis le début du mois de mai. Jacques Herrmann a même dû fermer la libre cueillette au public en début de semaine. "C'est rare qu'on en vienne là mais les rares jours de beau temps, les gens sont venus en nombre et on n'avait plus rien, c'est ingérable".
La cueillette a rouvert hier mais pour combien de temps ? Les prévisions météorologiques sont loin d'être optimistes pour la fin de la semaine avec de nouvelles pluies annoncées.
Même son de cloche du côté de la ferme Vogt à Bischwiller. Les fraises baignent dans l'eau, impossible d'accéder à la production. "L'eau rentre dans les bottes alors à moins d'avoir un équipement de pêche," tente de sourire Oliver Vogt.
Voilà plus d'un siècle que sa famille produit des fruits et légumes, les caprices du ciel, elle connaît, même si là vraiment "les plantes souffrent, on a déjà eu de la pluie, mais jamais à ce point-là".
C'est tout un secteur qui souffre
Thomas Rosenfelder, lui, est maraîcher à Woerth. Et l'eau a carrément afflué dans les serres qui abritent les salades. Alors même si c'est une plante qui aime l'eau, là c'est trop. "La Sauer coule juste à côté et avec les pluies, elle déborde", ne peut-il que constater.
Idem pour les plants de tomates du maraîcher. "Ils ont dû mal à pousser et flétrissent, il y a beaucoup trop d'humidité. Moralement c'est compliqué, mais y'a pire", tente de relativiser Thomas Rosenfelder, aidé par une clientèle en vente directe qui reste fidèle.
Certains tentent de trouver des astuces pour lutter contre l'humidité. "J'ai remis les bâches côté noir pour tenter de maintenir une certaine chaleur pour mes asperges, explique Paul Heckmann, maraîcher à Duppigheim. Parce que le froid réduit la pousse et les calibres et ils annoncent une baisse des températures dans les jours à venir".
Et de confirmer que pour lui aussi, la récolte des fraises est problématique. "Beaucoup finissent en nectar ou en confiture à cause du pourrissement". Des maraîchers qui souffrent en attendant la clémence du ciel, pas prévue avant le début de la semaine prochaine.