EN IMAGES. Dix nouvelles sculptures monumentales complètent les sentiers des Géants du Nideck

Dix nouvelles sculptures monumentales ont trouvé place en forêt près d'Oberhaslach. Elles ont été créées en une vingtaine de jours par des artistes en résidence, dont trois Ukrainiens, lors du 5e symposium de sculpture organisé par l'association des Géants du Nideck.

"Quand on voit les œuvres qui viennent d'être installées en forêt, elles ont déjà pris leur place comme si elles étaient là depuis des années" se réjouit Sylvain Chartier, président de l'association les Géants du Nideck et organisateur de ce cinquième symposium de sculpture à Oberhaslach (Bas-Rhin). Depuis plusieurs jours, il assiste, heureux, à l'aboutissement des trois semaines d'atelier à ciel ouvert dont il est l'initiateur.

Durant cette période de travail en résidence, huit artistes internationaux ont œuvré côte à côte pour donner forme et vie à d'immenses blocs de pierre. L'une après l'autre, leurs créations trouvent désormais leur emplacement définitif sous les frondaisons.  

Une tâche délicate, qui nécessite camions et élévateurs. "Les plus petites pierres pèsent une tonne, et les plus grosses jusqu'à 8 tonnes" précise Sylvain Chartier. "Pour l'un des artistes, on atteint 17 tonnes, si on regroupe l'ensemble des pierres qui forment sa sculpture."

Parmi les œuvres, toutes réalisées en pierres locales, grès de Rothbach ou granit de Senones (Vosges), deux "tours" de grès jumelles ornées de stries, du sculpteur hollandais Rob Schneefel. Issues d'un seul bloc de 12 tonnes qu'il a, selon ses mots, "ouvert en deux, comme une baguette que vous divisez avec un couteau." Plus petite, et tout en rondeur, "Fluid stone", de la Bulgare Agnessa Petrova, affiche ses formes douces.

Trois Ukrainiens parmi les artistes

Sur les huit artistes participants, il y a aussi un Serbe, un Polonais, un Japonais, et trois Ukrainiens. "Depuis vingt ans, on a invité des sculpteurs de tous les horizons" raconte Sylvain Chartier. "Et comme le conflit a débuté au moment où on commençait à préparer ce 5e symposion, il nous a semblé important d'inviter en priorité des artistes ukrainiens, si on arrivait encore à en trouver."

L'un d'eux, Volodymyr Kochmar, mobilisable à tout moment pour aller combattre l'armée russe, a réalisé un centaure. "C'est un thème mythologique" précise-t-il. "Ici, je me sens heureux et libre. Mais je pense tout le temps à l'Ukraine. J'ai des amis qui sont morts, et ma famille vit à 40 km de la frontière."

Lyudmyla Mysko, elle, a trouvé refuge en Pologne avec son mari. Durant leur séjour en Alsace, sous leurs mains, est née une chaîne de pierre, symbole de liberté et de créativité retrouvée. "Je me sens à nouveau artiste" s'exclame-t-elle. "Mille merci aux gens du monde entier qui nous soutiennent. Grâce à cela, nous pouvons continuer notre vie d'artistes."

L'une des dernières œuvres à prendre place en forêt, "Where we go, what we are", (Où nous allons, ce que nous sommes) de l'Ukrainien Vasyl Dzhabraylov, représente un homme sur un bateau. "C'est mon point de vue sur notre nation" explique-t-il. "Toutes les nations sont en mouvement. C'est une métaphore artistique, un homme en mouvement dans le courant."

Relier les quatre sentiers précédents

Le thème de ce 5^e symposium de sculpteurs, "trait d'union" était doublement significatif. "Dans trait d'union, il y a union" détaille Sylvain Chartier. "C'est l'union des peuples, réunis ici pour créer ensemble." Mais il y a aussi l'idée d'un "trait d'union géographique. Parce que là, les sculptures ont été installées à l'intermédiaire des sentiers existants, afin de créer un grand itinéraire."

En effet, trente-deux œuvres nées des symposiums précédents, en 2003, 2005, 2007 et 2010, jalonnaient déjà quatre chemins différents. Pour offrir aux randonneurs, depuis près de vingt ans, une découverte patrimoniale contemporaine autant que sportive. Les emplacements des huit nouvelles sculptures de pierre, complétées par deux œuvres en acier du président des Géants du Nideck, vont désormais les réunir en un circuit unique.

"On voulait que ces 32 sculptures à voir sur quatre sentiers séparés deviennent un ensemble" explique-Sylvain Chartier. Grâce à un partenariat avec le Club vosgien, "un balisage sera fait sur l'ensemble de ce nouvel itinéraire réalisé." Et pour en faire la promotion, "les trois offices de tourisme dont dépendent les sentiers" vont pouvoir se mutualiser. 

Pour admirer l'intégralité de ces 42 géants qui ont à présent élu domicile dans les bois vosgiens, et offrent une nouvelle saveur culturelle au plaisir de la rando, il faudra compter trois jours de marche. Et 62 kilomètres de sentier à parcourir, entre Wangenbourg et le Petit Donon, "via Oberhaslach, le long du GR 53."       

Mais pour les curieux moins sportifs et plus pressés, une marche gourmande est organisée ce dimanche 28 mai, sur un parcours de 7 kilomètres permettant de découvrir les nouvelles œuvres, en présence des artistes. Départ échelonné entre 10h et 12h30 depuis la salle polyvalente d'Oberhaslach.