Grève à la SNCF : "la fin d'année, on la prévoit à l'avance, pour faire tout bien et sans stress. Là, c'est raté !"

Beaucoup de voyageurs de la SNCF sont en quête d'un autre moyen de transport pour le week-end de Noël. Trains annulés à cause de la grève, alternatives difficiles à trouver ou trop chères, frais annexes. Noël 2022 est un casse-tête couteux ou insoluble.

La grève à la SNCF commencera vendredi 23 décembre à 20h et durera jusqu'au lundi 26 décembre. Trois trains sur cinq devraient rouler. La compagnie ferroviaire a annoncé que les voyageurs dont le train sera annulé seront remboursés à hauteur de 200%.

Certains usagers ont déjà reçu un message (mail ou message via l'application SNCF Connect) et ont commencé à chercher des solutions alternatives.

C'est un vrai casse-tête pour celles et ceux qui doivent traverser la France pour rejoindre leur famille pour Noël. Voici quelques témoignages de voyageurs recueillis en gare de Strasbourg jeudi 22 décembre.

Séjour écourté, activités annulées

Renko a reçu un mail mercredi lui expliquant que son TGV du 24 décembre à Chalon-sur-Saône sera supprimé. Son séjour à Strasbourg tourne court. Jeudi 22, il se présente à la gare de Strasbourg pour essayer de trouver un train qui part dans la journée. "Du coup, on a tout annulé, le restaurant, la balade en bateau."

Le jeune homme voyage avec sa mère. "On a écourté notre voyage, au lieu de rester quatre jours à Strasbourg, on sera resté deux jours. Comme on n'a pas beaucoup de moyens, on ne peut pas payer plus cher notre retour en prenant une voiture de location."

"Il faut vraiment qu'on arrive à partir en train aujourd'hui. Et on ne sait pas non plus si on arrivera à se faire rembourser le bateau. C'est pas très sympa de faire grève à cette période, on est déçu. Du coup, pour le 24, on n'a rien prévu."

Location de voiture ? 300 euros l'aller simple

Laurence et Jessie font la queue à la gare de Strasbourg. La mère et la fille espèrent trouver une solution pour rentrer chez elles à Bayonne pour fêter Noël. Elles avaient un billet de train Strasbourg-Paris et Paris-Bayonne le 24 décembre.

Le deuxième TGV est annulé, elles ont reçu un mail laconique. Que faire ? Aller jusqu'à Paris en train puis prendre une voiture de location ? Louer la voiture à Strasbourg ?

Elles ont finalement réservé une voiture pour faire l'aller pour 300 euros, "et il n'y a pas encore le prix de l'essence et des péages, on n'est pas encore sûres de prendre cette voiture".

Et si elles sont à la gare, c'est pour éclaircir un point. En faisant régulièrement des recherches de train, elles se sont rendu compte qu'un autre train circulait au même horaire que leur TGV supprimé. "Pour l'instant, on ne sait pas si on pourra partir en train ou pas. L'organisation à la SNCF est vraiment mauvaise depuis plusieurs années. On a reçu un mail indiquant que notre train est supprimé, mais pas d'autres infos. Et ce deuxième train pile à la même heure qui est complet ? Est-ce que nous sommes comptées dedans ?".

Après un passage au guichet, elles repartent rassurées : a priori leur TGV s'arrête à Bordeaux. Elles pourront donc monter dans le train, après il leur faudra trouver un TER.

À la recherche de la correspondance idéale

Mahmood voyage avec sa fille Baya. Son TER a été annulé quelques minutes avant le départ, du coup, c'est tout son trajet qu'il lui fait changer : Strasbourg-Mulhouse, Mulhouse-Dijon en TGV et Dijon-Nevers en TER.

"Il suffit d'un train qui saute pour que je n'aie plus de correspondance... Avec la grève qui commence demain, j'espère que je vais trouver !" 

Covoiturage ? Il faut être motivé.

Claire a pris son billet de train à l'avance : il y a deux mois, elle achète pour 69 euros une place dans le TGV Strasbourg-Aix-en-Provence du 24 décembre à 9h04. L'annonce de la grève l'a incitée à se renseigner. Sur le site de la SNCF, elle entre le numéro de son train. "Supprimé".

On est lundi 19 décembre, il lui reste quatre jours pour trouver une solution et rejoindre à temps sa famille pour Noël. Et elle n'a pas de voiture cette semaine : profitant de ses congés, elle l'a louée à un particulier pendant les fêtes, pensant ne pas en avoir besoin.

Blablacar, mobicoop, les sites sont nombreux et pris d'assaut depuis quelques jours. Claire passe plusieurs heures à guetter les nouvelles offres de covoiturages. Strasbourg-Marseille, Mulhouse-Aix-en-Provence... beaucoup de voitures sont complètes. Avec les bagages, les cadeaux, certains conducteurs ne prennent que deux passagers.

Au bout de quelques jours, elle aperçoit l'annonce qui la sauve : Simon part de Strasbourg à 7h le 24 décembre, direction Marseille. Pour 45 euros, elle confirme le trajet par téléphone au conducteur, une chance ! Surtout qu'entre temps, le PDG de la SNCF, Christophe Fanichet a annoncé que tous les voyageurs dont le train sera annulé seront remboursés à 200%.

Au lieu d'un trajet de 5 heures en train, elle fera 7 ou 8 heures de voiture. Et les routes risquent d'être chargées samedi. "Et, je me faisais une joie de prendre le train avec des bouquins. La fin d'année, on la prévoit à l'avance, pour faire tout bien et sans stress. Là, c'est raté ! J'ai passé énormément d'heures sur internet à envisager toutes les solutions..."

"On a eu de la chance, alors ?"

Diane, Peter et Sam sont venus passer six semaines en Europe. Cette famille australienne va en profiter pour fêter les 17 ans de Sam à Paris la semaine prochaine. Pas vraiment au courant de la grève, ils quittent jeudi 22 décembre la capitale de Noël pour la capitale française. 

Diane explique à Peter qu'il va y avoir une grève le lendemain. "Again !", réagit le père de famille qui se souvient de la grève du métro parisien, la dernière fois qu'ils étaient en France. "Les gens s'accrochaient aux bus, c'était incroyable de voir ça. Et nous, on avait tout visité à pied dans Paris", se souvient-il.

"On est content de ne pas refaire une expérience similaire alors ! Et après, on repart le 29 décembre à Londres", souligne Diane.