Alsace : le site Alstom de Reichshoffen attend son repreneur et préoccupe les élus

Vendredi 31 juillet, la Commission européenne a donné son feu vert au rachat de la branche ferroviaire du Canadien Bombardier Transport par le constructeur français Alstom. Une décision qui a pour conséquence la cession de l'usine située à Reichshoffen, de quoi inquiéter les élus.   

C'était l'une des conditions imposées par la réglementation européenne : pour racheter le secteur ferroviaire du Canadien Bombardier Transport, le groupe français Alstom devait sacrifier son usine de Reichshoffen (Bas-Rhin) qui compte près de 800 salariés. Le 31 juillet 2020, la Commission européenne a donné son feu vert à Alstom, dont la proposition remonte au mois de juin. La cession répond aux problèmes de concurrence dans le secteur des trains régionaux, un monopole non-envisageable dont Siemens avait fait les frais en 2019 avec sa proposition de rachat d'Alstom.

Pour le site alsacien, rien n'est encore sûr. L'avenir inquiète d'ailleurs les élus et les syndicats, tous dans l'attente d'un repreneur digne de ce nom. Lors d'un entretien sur France Inter le 31 juillet, le patron d'Alstom, Henri Poupar-Lafarge, se voulait rassurant : "Quelqu'un qui va racheter le site de Reichshoffen, c'est pour en faire sa porte d'entrée pour le marché français et autour, ce n'est pas pour le détruire." Le communiqué de presse relatif à la décision européenne a été publié sur Twitter :

Négociations ouvertes

Qui sera le repreneur ? C'est la question qui préoccupe le plus le député LR de la 8ème circonscription du Bas-Rhin, Frédéric Reiss, qui connaît l'usine depuis des décennies. "On est sur le même site depuis 250 ans, mon père et mon grand-père ont travaillé là-bas, on a un savoir-faire extraordinaire", lance-t-il. Si les négociations ont débuté, les élus affirment n'avoir que des échos. Alors que Frédéric Reiss parle "d'acheteurs sérieux", comme le Russe Transmashholding (TMH) ou l'Espagnol CAF, le maire de Reichshoffen, Hubert Walter, indique même des "visites" de site organisées par Alstom. "On n’est pas dans le secret des dieux, on sait par rumeur qu’il y a eu des visites, mais ils ne s’intéressent pas à nous en tant qu'élu. Ce qui peut nous intéresser, c’est un groupe européen qui peut être compétitif sur l’ensemble de l’Europe", déclare-t-il. Henri Poupar-Lafarge a déjà fait savoir que le repreneur ne serait pas chinois, étant donné que le rachat de Bombardier par Alstom fait de lui le numéro deux mondial du rail derrière CRRC... un groupe chinois. Ce point inquiète d'ailleurs le porte-parole de l'intersyndicale d'Alstom, Daniel Dreger, pour qui Alstom ne choisira pas "le meilleur acquéreur pour le site" en raison de la future concurrence entre les deux industriels. 

"Eviter la casse sociale" 

Député comme maire espèrent avant tout que le repreneur garantisse un maximum d'emplois dans l'usine spécialiste des trains régionaux Régiolis. Frédéric Reiss prend comme comparatif la période du coronavirus : "Il y a 300 intérimaires en temps normal, pendant la crise, il n'y en avait plus que 70 en raison des commandes au ralenti. Et il faut aussi penser au 120-130 sous-traitants en place." Même s'il ne fait pas partie des négociations, Hubert Walter compte bien avoir son mot à dire, "l'idée c'est de rassurer les salariés avec le réseau d’élus que nous sommes. On essaiera d’être vigilant même si on n’a pas accès à la négociation mais on a le droit de dire ce que nous souhaitons pour l’avenir du site." Pour "éviter la casse sociale", le patron d'Alstom a déclaré que la cession se fera dans le respect des "processus sociaux en vigueur." Ces promesses n'empêchent pas Daniel Dreger de craindre la non-reconduction des accords et des garanties acquis, "il faudra batailler."

 

L'idée c'est de rassurer les salariés avec le réseau d’élus que nous sommes.

Hubert Walter

Une concurrence discutée

Si la décision finale était attendue, ce sont les règles européennes liées à la concurrence qui posent problème au député bas-rhinois. "Tôt ou tard, il faudra revenir sur ces règles européennes qui, aujourd'hui, ne sont plus d’actualité dans une concurrence mondiale. L'actionnaire principal de Bombardier est la Caisse de dépôt et placement du Québec, mais demain, avec un actionnaire principal non-européen, je ne sais pas ce que ça va donner", s'interroge Frédéric Reiss. Alors que la France a une position dominante dans la construction de trains régionaux et l'usine bas-rhinoise des commandes jusqu'en 2024, Daniel Dreger estime que le site aurait dû être sauvé, "pour nous, le plus plausible aurait été de donner la technologie du Régiolis." Le nouvel acquéreur devrait quant à lui être connu à la mi-septembre avec un changement effectif au premier semestre 2021.
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