Un an après avoir fui la guerre en Ukraine, un pâtissier reprend deux boulangeries en Alsace

Poussé par la guerre en Ukraine, l'Alsacien Christophe Roller a dû quitter Kiev précipitamment. Il y était installé avec sa famille depuis une décennie et y avait ouvert une pâtisserie. Un an après son retour en Alsace, il rouvre deux boulangeries, à Bischwiller et à Haguenau.

C'est un nouveau départ pour le boulanger-pâtissier alsacien, originaire de Reichshoffen, Christophe Roller. Ce mardi 11 juillet, il reprend les rênes d'une vénérable institution dans le monde de la boulangerie-pâtisserie, la maison Dorffer, installée à Bischwiller et à Hagueneau, dans le Bas-Rhin. L'ancien propriétaire part à la retraite. Pour Christophe Roller, c'était une occasion de rêve à ne pas louper. "C'est vraiment celle-ci que je voulais parce qu'on est vraiment dans le tout fait main, le fait maison et pour moi c'est vraiment très important", tient-il à souligner. Un peu plus d'un an après avoir fui la guerre en Ukraine, l'histoire du pâtissier bourlingueur reprend un nouveau cours.

Une histoire que nous avions déjà eu l'occasion de raconter en février et mars 2022, alors qu'il fuyait la guerre en Ukraine qui venait de débuter. À Kiev, où il a vécu une dizaine d'années, il avait ouvert avec sa compagne, Ksénia, un salon de thé à la française. Il a dû tout quitter à la hâte, sa famille, ses proches, sa pâtisserie. Après un périple éprouvant, de cinq jours au volant de sa voiture, il rejoint ses parents à Reichshoffen. Loin de se laisser abattre, Christophe ambitionne simplement de retrouver un travail rapidement. Il a alors remis la main à la pâte en tant que salarié en gardant toujours en tête l'objectif de rouvrir un commerce.

Le maintien de la tradition

Il faut croire que son histoire, peu banale, a touché Richard Dorffer, meilleur ouvrier de France et propriétaire de l'Art du Pain. Aujourd'hui, il veut passer la main mais pas à n'importe qui. Il faut dire qu'il est à la tête d'une entreprise d'une vingtaine d'employés depuis quarante ans, qui jouit d'une forte renommée dans le secteur. "Je connais Christophe Roller depuis des années, il a un beau parcours, c'est un très beau pâtissier. Il a une histoire un peu triste, c'est pourquoi je veux lui donner un coup de main pour qu'il refasse sa vie", nous confie Richard Dorffer.

Le temps de la transition, il restera présent auprès de Christophe pour lui transmettre les recettes traditionnelles. Celles que son père, avant lui, confectionnait déjà. Comme le fameux Kougelhopf façon maison que tout le monde connaît ici. Christophe s'est engagé à maintenir le flambeau de la tradition, "celle de nos grands-pères, pour avoir toujours le meilleur produit et comme on l’a connu quand on était enfant. Comme la recette secrète du fameux Kougelhopf de Bischwiller".

Il apportera aussi sa touche personnelle, des recettes gourmandes glanées à travers le monde, "C'est toujours, au cours des voyages, les souvenirs gourmands qui restent". Comme la torte de Kiev, le Kievskye. "On a un biscuit à la noisette amande, avec une crème au beurre pralinée noisette et un petit caramel gourmand, une spécialité de Kiev". Cette spécialité a, semble-t-il, déjà trouvé sa place dans la boulangerie de Bischwiller et dans le cœur de l'Alsacien.