Elle a brillé comme une étoile; le jury l’a récompensée : Juliette Baud, originaire de Haguenau, s’est distinguée dans l’émission "Prodiges" ce mardi 8 décembre. La jeune fille a séduit le jury avec "Casse-Noisette" et a remporté la compétition en catégorie danse classique.
C’est une jeune fille déterminée qui s’est distinguée ce mardi 8 décembre dans la saison 7 de l’émission "Prodiges" sur France 2. Juliette Baud a grandi à Haguenau (Bas-Rhin) et choisi très tôt son destin : la danse classique. Elle l'étudie depuis 18 mois à Toulouse (Haute-Garonne) au VM Ballet. A 13 ans, elle prend son destin en main avec détermination et un goût certain pour la compétition. C’est en tout cas ce que racontent ses parents avec beaucoup d’humour.
"Elle a commencé la danse tout en douceur à 6 ans, une heure par semaine. C’était de l’initiation. Mais dès ses 7 ans elle faisait aussi huit heures de gym. Elle voulait faire comme son grand frère et gagner des médailles", raconte Elisabeth, la maman. "Elle avait déjà un emploi du temps de ministre. Et toujours la patate. Très vite la danse a pris plus de place dans sa vie. A la gym ce qui lui plaisait le plus c’était le sol. La poutre lui faisait peur," explique Nicolas, le papa.
Il paraît qu’elle sait ce qu’elle veut Juliette. "En sixième, elle nous a expliqué qu’elle voulait passer des auditions dans de grandes écoles de ballet. Tout en nous disant qu’elle nous aimait beaucoup mais qu’elle partirait s’il le fallait", se souvient Elisabeth. Et Juliette est partie. A Toulouse.
Mais elle aussi était reçue à Bâle, à Hambourg… Ses parents ont compris à ce moment-là le potentiel de leur fille. Des parents qui avouent ne rien connaître au monde de la danse classique jusque-là. "On est parti avec elle pour passer les auditions. On a découvert le monde impitoyable des sélections, la pression exercée par certains parents sur leurs enfants, la partie médicale aussi… Et on voyait qu’elle adorait ça. Elle avait le mental qu’il fallait pour tenir. Alors on lui a fait confiance."
Depuis 18 mois Juliette vit à 1.000 kilomètres de chez elle. Elle suit les cours de quatrième par le Centre national d'enseignement à distance (Cned). Et voit très peu sa famille pour cause de crise sanitaire. Alors Nicolas, Elisabeth, Charles (le grand-frère), et Edouard (le petit dernier) ont découvert les chorégraphies de Juliette en même temps que le public de l’émission.J’ai senti la présence du public. J’ai vu le jury qui me fixait. Et la musique a démarré.
Elisabeth se souvient: "Quand je l’ai vue sur scène à "Prodiges" j’ai compris qu’elle était à sa place, heureuse. Elle m’a rassurée et je me suis laissée porter." Même impression pour Nicolas. "Quand Juliette a été éclairée par le spot on a vu qu’elle était détendue, naturelle, qu’elle profitait du moment. Sur les premiers pas elle était bien. Alors je me suis dit : allez go. On a profité du spectacle comme si ce n’était plus notre fille." Du haut de ses 7 ans, Édouard a pleuré d'émotion pendant dix minutes après la prestation de sa grande sœur.
Des moments intenses que Juliette a vécus elle aussi mais de l’autre côté du rideau. "Lors de la demi-finale, c’était incroyable. Je devais descendre des escaliers (voir la dessus ci-dessous). En coulisse je me positionnée pour entrer sur scène. Il y avait un projecteur blanc sur moi. J’ai regardé la cheffe d'orchestre. Elle m’a souri légèrement. Alors je me suis placée. J’ai senti la présence du public. J’ai vu le jury qui me fixait. Et la musique a démarré."
Pour enregistrer les émissions, les candidats ont été réunis à Marseille durant toute une semaine fin août 2020. "Une organisation incroyable", d’après les parents de Juliette. "Un enchaînement de répétitions, d’enregistrements, de séances de maquillage, d’interviews. Beaucoup de temps d’attente aussi, et beaucoup de bienveillance envers les enfants."
Là encore la jeune danseuse était dans son élément: "Elle était toujours joyeuse, y’avait pas d’angoisse. Pas de problèmes métaphysiques", selon Nicolas. "Vous savez ça reste une enfant qui s’est émerveillée pour les bonbons qui étaient à disposition en coulisses", complète Elisabeth qui avoue avoir eu du mal à dormir les deux mois précédant la compétition.
Juliette a pu découvrir le travail avec l’orchestre philarmonique de Marseille (Bouches-du-Rhône) et le ballet du Palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg. "Au début c’était très bizarre. J’avais travaillé sur un enregistrement pendant des semaines. Et là j’ai dansé avec un orchestre qui s’est adapté à moi. J’ai pu échanger avec la cheffe, expliquer qu’à tel passage c’était trop rapide. Et ils ont ralenti pour moi. C’était super."
Juliette a dû garder le secret de sa participation à "Prodiges" pendant de longs mois. Jusqu’à trois semaines avant la demi-finale. Et entre-temps la vie a repris un cours normal. Un retour à la réalité qui s’est fait de manière assez brutale début septembre. "Ça fait un choc. La finale a été enregistrée le 30 août, la veille de la rentrée des classes. J’étais sous les projecteurs et dès le lendemain je me retrouvais dans un autre monde."Mon but, c’est de devenir danseuse étoile.
Celui du quotidien en classe de danse à Toulouse. Avec 20 heures de barre et d’entraînement par semaine. Mais Juliette a gardé contact avec les quinze jeunes de la demi-finale via les réseaux sociaux. Ils ont vécu la compétition comme un moment de partage d’après la danseuse qui a aussi vu son compte Instagram s’envoler.
Et plus tard ? A quoi rêve Juliette ? "Rejoindre un corps de ballet, devenir danseuse professionnelle, ce serait déjà bien. Mais mon but, c’est de devenir danseuse étoile." Le chemin est encore long mais Juliette Baud a prouvé que les projecteurs ne lui font pas peur et qu’elle sait briller sur scène. Pour rejoindre le firmament, c’est déjà un bon début.