"Il y a un problème de management" : les conditions d'accueil d'une crèche de Strasbourg dénoncées par les parents

Des parents de la crèche de la Montagne Verte manifestent ce mercredi 17 avril "pour défendre les conditions de travail des professionnelles et la qualité d'accueil des enfants" de la structure. La direction reconnaît un environnement de travail difficile, mais seulement dû au contexte de pénurie des personnels dans le secteur.

Des parents dans la rue pour montrer leur mécontentement à l'égard l'accueil de leur(s) enfant(s) par un établissement scolaire. La scène se répète quasiment toutes les semaines, en Alsace comme ailleurs en France. Cette fois, ce sont les parents de la crèche de la Montagne Verte qui ont déambulé dans les rues de Strasbourg (Bas-Rhin) ce mercredi 17 avril "pour défendre les conditions de travail des professionnelles et de la qualité d'accueil de leurs enfants". Une trentaine de manifestants étaient présents, selon les organisateurs. 

"On est très satisfaits, car on a été rejoints par une dizaine de membres du personnel en grève aujourd'hui, se félicite Cécile Tindon, représentante des parents d'élève. En plus il pleuvait au départ, on avait peur que ça fasse un flop, mais non, il y a eu une vraie mobilisation et on se sent soutenus." Le cortège s'est élancé de la crèche, dans le quartier de Montagne Verte, pour rallier le bâtiment de la Direction de l'enfance et de l'Eurométropole de Strasbourg, route de l'Hôpital. 

Le communiqué de presse des parents évoque notamment une "détérioration des conditions d'accueil et de travail", citant par exemple les démissions d'un "grand nombre" d'aides maternelles et auxiliaires de puériculture ou un "poste de directrice adjointe vacant depuis un an et demi". La directrice actuelle n'est pas à temps plein sur son poste.

Difficultés de recrutement, démissions en série

En mars 2023, déjà, l'établissement connaissait des difficultés. Un mail d'alerte avait alors été envoyé à la Ville de Strasbourg, qui avait évoqué les "difficultés de recrutement de la petite enfance" à l'échelle nationale. La problématique concerne effectivement tous les territoires de France métropolitaine, comme le démontre la dernière enquête (PDF) réalisée par la Caisse nationale d'allocations familiales (CAF) en juillet 2022 : 48,6% des crèches déclaraient, déjà à l'époque, un manque de personnel, et près de 9 000 postes vacants ou non remplacés, soit entre 6,5% et 8,6% de l'effectif total de professionnel auprès d'enfants. 

L'Association de gestion des établissements sociaux (AGES), qui gère la structure strasbourgeoise, a fait parvenir un courrier en réponse aux parents, et à la suite des articles de presse déjà parus sur la situation. Le document revient précisément sur ces problèmes de turn-over, notamment au niveau de la direction : plusieurs directrices ont quitté leur poste depuis 2021, dont la dernière qui a démissionné le 8 mars. Le document rappelle également cette conjoncture défavorable dans le secteur de la petite enfance, évoquant la "centaine de postes (...) ouverts sur les plateformes d’offres d’emploi uniquement à Strasbourg".  Il énonce ensuite l'ensemble des mesures prises pour trouver des remplacements. 

La directrice doit gérer 70 enfants, c'est beaucoup. Peut-être que certains départs sont dus à cette pression

Philippe Kempf, vice-président de l'association qui gère la crèche

Mais selon les parents, la problématique va au-delà de ce contexte de pénurie indéniable. "On est tout à fait conscient que c'est un secteur en tension, mais il y a un contexte local qui aggrave la situation, confie Cécile Tindon. On comprend que le recrutement soit difficile, mais pourquoi y a-t-il autant de départs à la base ? On a discuté avec plusieurs membres du personnel qui ont quitté la structure, ou certaines qui y sont encore : tous disent qu'il y a un problème avec le management général de l'association".  

Du côté de l'association, on écarte les accusations de mauvaise gestion des ressources humaines. "Nous avons conscience qu'il s'agit d'un poste difficile à gérer, avec des responsabilités conséquentes, dit Philippe Kempf, vice-président de l'AGES. La directrice doit gérer 70 enfants, c'est beaucoup. Peut-être que certains départs sont dus à cette pression." 

Sur les nombreuses démissions survenues sur l'année passée, Philippe Kempf estime que "quand il n'y a pas de capitaine à bord du bateau, ça devient compliqué", avant de rappeler qu'à l'origine de tous ces dysfonctionnements, il y aurait, à son avis, "toujours le problème de pénurie des personnels dans le secteur".

L'horizon pourrait cependant s'éclaircir un peu pour les parents, avec l'annonce du recrutement d'une nouvelle assistante maternelle et d'une troisième coordinatrice aux alentours du 1er juin. À moins que l'épisode de grogne actuel ne débouche sur de nouvelles démissions chez le personnel, d'autant plus si le dialogue avec la direction de l'association se tend. Une réunion est prévue dans les prochains jours. 

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